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SANCTI THOME AQUINATIS

DOCTORIS ANGELICI

ORDINIS PRÆDICATORUM

DE VERITATE CATHOLICÆ FIDEI

CONTRA GENTILES

LIBRI QUATUOR

EDITIO SECUNDA

AD FIDEM OPTIMARUM ACCURATISSIME EXPRESSA

LUXEMBURGI

PETRUS BRÜCK, TYPOGRAPHUS EPISCOPATUS

1881

BURDACH

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La Somme contre les Gentils est un des premiers ouvrages qu'ait écrits saint Thomas. Il l'entreprit à la prière de saint Raymond de Pennafort. Le Docteur angélique se proposait de réfuter, en même temps, le Judaïsme, le Manichéisme et le Mabométisme. Son livre eut un si grand succès, qu'on le traduisit presque aussitôt en hébreu, en grec et en syriaque. Les missionnaires ne se rendaient jamais auprès des infidèles sans en emporter un exemplaire avec eux. Ils considéraient l'œuvre du jeune et savant Docteur comme un arsenal où l'on trouvait réunies en faisceau toutes les armes dont le prêtre a besoin pour la défense de la foi.

La Somme contre les Gentils n'a rien perdu de son actualité. Les trois grandes erreurs que saint Thomas avait en vue, quand il l'écrivit, continuent à s'étaler, sous des formes diverses, dans une foule de publications modernes. L'existence de Dieu et ses attributs, la spiritualité de l'âme, les rapports de la créature avec le Créateur, la divinité de Jésus-Christ et de son Eglise, etc., sont attaqués avec une obstination inouïe.

Les écrivains catholiques soutiennent courageusement la tutte; mais leur polémique, souvent superficielle, n'opère pas toujours dans l'esprit du lecteur qui cherche la vérité cette ferme conviction contre laquelle ne peuvent rien les sophismes de l'impiété. Il n'en serait pas de même s'ils avaient soin de remonter aux sources et de puiser leurs arguments dans les écrits des docteurs et, en particulier, dans ceux de saint Thomas.

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Aussi le Concile du Vatican recommande-t-il au clergé l'étude assidue de ces œuvres, persuadé qu'aujourd'hui, comme àu XIII° siècle, le prêtre, qui est le défenseur-né de la foi, y trouvera les lumières dont il a besoin pour combattre le bon combat.

Luther et ses disciples s'efforcèrent d'amoindrir l'autorité de l'Ange de l'école, en ridiculisant la théologie scolastique. Ne pouvant triompher de sa doctrine, ils voulaient, tout au moins, déprécier sa méthode.

La scolastique a rendu les plus grands services à l'esprit humain.

« Définir et expliquer les termes, poser des principes desquels tout le monde convient, en tirer les conséquences, prouver une proposition, résoudre les objections, c'est la marche des géomètres », dit l'abbé Bergier. « Elle est lente, mais elle est sûre; elle amortit le feu de l'imagination, mais elle en prévient les écarts; elle déplaît à un génie bouillant, mais elle satisfait un esprit juste; les hérétiques et les incrédules la détestent, parce qu'ils veulent déraisonner en liberté, séduire et non persuader ».

Il serait difficile de démontrer d'une manière plus saisissante l'utilité de la méthode adoptée par saint Thomas et son école. Peut-on faire l'analyse d'un discours ou d'un livre sans recourir à la scolastique ? Est-il possible de composer un livre, si on ne s'attache pas tout d'abord à en tracer le canevas? Or un canevas n'est que l'argument plus ou moins développé dans lequel se résume une œuvre quelconque.

Leibnitz, dont personne ne contestera la compétence dans le sujet qui nous occupe, a écrit les lignes suivantes :

« J'ose dire que les plus anciens scolastiques sont fort audessus de quelques modernes en pénétration, en solidité, en modestie, et agitent beaucoup moins de questions inutiles ». Puis il ajoute : « Les scolastiques ont tâché d'employer utilement pour le christianisme ce qu'il y avait de passable dans la philosophie des païens. J'ai dit souvent qu'il y a de l'or caché dans la boue

de la barbarie scolastique, et je souhaiterais que quelque habile homme versé dans cette philosophie eût l'inclination et la capacité d'en tirer ce qu'il y a de bon; je suis sûr qu'il trouverait sa peine payée par de belles et importantes vérités ». (Esprit de Leibnitz.)

Cet aveu, bien qu'amoindri par certaines restrictions qu'il serait difficile de justifier, a une importance d'autant plus grande que Leibnitz était protestant.

Saint Jean Damascène, convaincu de l'excellence de la forme syllogistique pour la défense de la vérité, n'hésita pas à écrire un traité de logique, afin d'apprendre aux théologiens à démêler facilement les sophismes de l'hérésie.

« Ce qu'il y a à considérer dans les scolastiques et dans saint Thomas », dit Bossuet, « est ou le fond ou la méthode. Le fond, qui sont les décrets, les dogmes, les maximes constantes de l'école, n'est autre chose que le pur esprit de la tradition des Pères; la méthode, qui consiste dans cette manière contentieuse et dialectique de traiter les questions, aura son utilité, pourvu qu'on la donne non comme le but de la science, mais comme un moyen pour y avancer ceux qui commencent; ce qui est aussi le dessein de saint Thomas, dès le commencement de sa Somme, et ce qui doit être celui de ceux qui suivent sa méthode. On voit aussi par expérience que ceux qui n'ont pas commencé par là, et qui ont mis tout leur fort dans la critique, sont sujets à s'égarer beaucoup, lorsqu'ils se jettent sur les matières de la théologie. Les Pères grecs et latins, loin d'avoir méprisé la dialectique, se sont servis souvent et utilement de ses définitions, de ses divisions, de ses syllogismes, et, pour tout dire en un mot, de sa méthode, qui n'est dans le fond que la scolastique ». (Défense de la Tradition et des saints Pères.)

On a publié, depuis quelques années, plusieurs éditions de la Somme contre les Gentils. Les unes sont d'un prix relativement élevé, et les autres nous ont paru défectueuses. Les notes qui

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