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trie; les auditeurs pourraient bien se raviser et se dire avec beaucoup de raison: Si vous êtes forcés de rendre aux catholiques cette justice tardive sur un point si important, il est fort à présumer que les autres imputations faites par nos pères ne sont pas mieux fondées, et en examinant cette fois avec les lumières du bon sens, un grand nombre peut-être auraient le bonheur de découvrir la vérité, et de l'embrasser. Ainsi c'est un parti pris, un systême à suivre, les ministres continueront de nous signaler comme d'abominables idolâtres (1).

Vous vous rappelez ce que nous avons dit dernièrement de l'adoration; c'est un terme vague, indéfini,employé dans les livres saints, tantôt pour exprimer le culte souverain rendu à Dieu seul,

(1) J'éprouve une grande joie en citant les lignes suivantes de M. Muller, ministre protestant. Qu'il juge les catholiques avec la même justice sur les autres points qui séparent les protestants de notre communion; qu'il ait beaucoup d'imitateurs de son impartialité, et bientôt nous n'aurons plus à déplorer l'égarement de nos frères !

» Dans le livre de l'Exode, Dieu dit à Moïse : « Tu feras deux chérubins d'or; tu les feras d'ouvrage fait au marteau, aux deux bouts du Propitiatoire. » La défense faite aux Juifs d'avoir des images taillées n'est donc pas absolue, elle ne s'applique donc qu'aux images faites pour être mises à la place de Dieu... Les catholiques n'adorent pas plus les images, même en se mettant à genoux devant elles pour prier, que nous n'adorons le volume que nous tenons dans nos mains en priant, ou les images chéries de nos parents, de nos amis, que dans un moment d'attendrissement nous portons souvent à nos lèvres....

»Nier l'utilité de ces choses en matière de morale, c'est nier l'empire des choses sensibles sur des êtres qui ne sont pas de purs esprits. Ce n'est pas Dieu qui a besoin de cet extérieur, c'est nous. »

tantôt pour signifier la vénération témoignée à un personnage distingué par sa position ou ses vertus. Ainsi, nous servirions-nous de cette expression dans le culte des saints, nous ne donnerions aucun sujet d'être assimilés à des idolâtres, puisque nous n'avons jamais eu l'intention d'offrir à la créature le culte suprême réservé à Dieu seul. Cependant, nous n'employons même pas le mot adorer en honorant nos saints; on y consacre les termes de vénération, d'honneur, de respect, d'invocation; et afin de distinguer leur culte de celui de Dieu, et pour ne laisser aucune équivoque dans le sens de cette expression, nous appelons ce dernier culte de latrie, tandis que les honneurs rendus aux saints nous les désignons par culte de dulie, et hyperdulie, s'il s'agit de la trèssainte Vierge, que nous honorons d'une vénération particulière, à cause de sa qualité de mère de Dieu, mais sans sortir du culte de dulie; c'est le même pour le fond, la difference ne consiste que dans le degré.

Examinons donc le culte des saints en luimême, et sur quels fondements il est établi dans l'Eglise catholique. On voit fréquemment dans l'Ancien-Testament des honneurs extraordinaires rendus à des anges (1), à des hommes regardés comme des amis de Dieu, remplis de sa sagesse et de sa puissance (2). Nul doute que ces témoi

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gnages de vénération ne fussent un culte religieux proprement dit, fondé sur la persuasion que ces anges et ces hommes jouissaient de l'amitié de Dieu et de ses communications intimes, directes, soit pour la connaisssance de l'avenir, soit pour opérer les prodiges les plus éclatants. Donnezvous la peine de lire dans le texte les circonstances dans lesquelles ces honneurs leur sont adressés, Vous y distinguerez toujours les motifs que nous signalons.

Si ces mêmes personnages ou d'autres saints qui jouissent du bonheur du ciel paraissaient au milieu de nous, qui pourrait nous blâmer de leur offrir les mêmes hommages de notre vénération, en suivant des exemples sanctionnés par l'autorité de l'Esprit saint? Comment donc nous faire un crime de leur rendre ce culte religieux, alors qu'ils sont devant le trône de Dieu, et dans la jouissance. de la souveraine félicité? A moins d'avouer que la gloire de la vision béatifique a détruit ou diminué leurs qualités et les autres motifs qui nous portent à les honorer : au fond, peu importe, où se trouvent les amis de Dieu, il s'agit de savoir si on peut, sans devenir idolâtre, leur rendre un culte religieux.

Les exemples que nous avons cités le prouvent manifestement; car ces honneurs sont l'expression d'un culte religieux, basé sur des qualités surnaturelles, et non des témoignages de respect purement civils. N'est-ce pas comme ministres et amis de Dieu que les anges reçoivent des honneurs?

Quest-ce que Abdias pouvait vénérer dans Elie, en se prosternant en sa présence, sinon l'homme de Dieu ? quel autre motif aurait été capable de faire tomber le superbe Nabuchodonosor aux pieds de Daniel, son captif? Et cependant nous ne voyons pas les envoyés de Dieu, non plus que les prophètes, repousser ces honneurs comme une idolâtrie! et l'Esprit saint ne flétrit point, ne condamne pas ces honneurs, non plus que les personnages qui en sont l'objet! Nous le demandons encore aux protestants, qu'ils nous expliquent comment ce respect religieux pourra être accordé à des anges, à des hommes sur la terre, et devenir un acte criminel, si nous l'adressons aux anges et aux saints qui sont au ciel?

Je vous ferai remarquer aussi que, bien loin de rendre aux saints un culte suprême et indépendant de Dieu, nous attribuons à sa grâce les qualités éminentes dont ils sont doués. S'ils ont donné de grands exemples de courage, en mourant pour la foi au milieu des plus cruels supplices, ou en pratiquant avec constance les vertus héroïques du christianisme, c'est toujours à Dieu qu'ils en sont, et que nous les en croyons redevables. En. honorant les saints, on honore donc, on célèbre à la fois la miséricorde du Seigneur, sa puissance, ses bontés, et le triomphe de sa grâce.

A entendre la plupart des ministres protestants, on croirait qu'en honorant les saints, nous les regardons comme autant de dieux, imitant en cela les payens dans l'apothéose de leur grands hom

mes divinisés. Imputation absurde, vraiment inconcevable, si elle était crue par ceux qui nous l'adressent. Jamais, dans l'Eglise catholique, on n'a prétendu élever les saints jusqu'à la participation insensée et impie du culte souverain; nous les honorons comme les serviteurs et les amis de Dieu, les laissant toujours à une distance infinie du culte d'adoration, exclusivement réservé au Créateur.

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Au reste, il faudrait faire remonter cette accusation d'idolatrie jusqu'aux premiers siècles du christianisme, où le culte des saints était déjà connu, établi et pratiqué. Vers le commencement du II° siècle, saint Ignace désirait que son corps fût consumé, de peur que les fidèles ne fussent inquiétés pour avoir recueilli ses restes. Les Voeux du saint martyr n'ayant pas été exaucés, ses reliques furent portées à Antioche, comme un trésor inestimable, et déposées dans l'Eglise par vénération pour le saint évêque; et chaque année, à la même époque, ils se réunissaient dans le temple sacré pour y célébrer le triomphe du géné reux athlète de Jésus-Christ (1). Voyez encore dans les Actes des Martyrs, ce qui est rapporté de saint Policarpe ; « L'ennemi du salut fit suggérer, par les Juifs, au proconsul, de défendre que ce corps nous fût livré, pour l'ensevelir, de peur, disaient-ils, qu'ils ne quittent le crucifié pour adorer celui-ci; il y est dit aussi qu'on célèbrera, par une

(1) Act. Mart.

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