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votion minutieuse réservée aux ecclésiastiques et aux communautés religieuses. Rien ne me paraît plus digne, plus grand, plus philosophique pour l'homme, que ces entretiens sublimes avec son Dieu.

VINGT-NEUVIÈME ENTRETIEN.

LE CULTE DE LATRIE.

LA CANONISATION.

LE D. Vous avez traité, ce me semble, tout ce que vous aviez annoncé sur la prière.

LE TH. Nous passerons donc à l'adoration, qui est le troisième acte de la vertu de religion. Adorer nous vient du latin adorare, honorer, vénérer, saluer. Il dérive peut-être de l'hébreu adar ou bien de l'usage de se tourner vers le Seigneur en le priant ad oro. Ou encore de ad ora, de ce que les anciens portaient leur main à la bouche pour adorer la divinité. Aussi n'est-ce pas dans le mot lui-même qu'on doit chercher à en connaître la signification; mais il faut interroger l'intention de celui qui l'emploie. En le prenant, selon le sens ordinaire de l'Eglise, comme l'expression du culte suprême du Seigneur, nous pourrons dire qu'adoration signifie un culte rendu à Dieu, premier principe, conservateur et fin dernière de toutes les créatures. Par ce culte, nous reconnaissons notre dépendance de cet Etre sou

verain, et la distance infinie entre sa puissance, sa majesté, sa grandeur et notre néant.

L'adoration est caractérisée d'une manière encore plus expresse par le mot latrie, qui ne s'applique qu'au service de Dieu. Vous adorerez votre Dieu, et vous ne servirez que lui. Kúpιóv Tòv Ocóv σou προσκυνήσεις καὶ αὐτῷ μόνῳ λατρεύσεις (Matth. 4). L'adoration est intérieure, lorqu'elle s'opère dans notre âme, sans aucune manifestation; mais l'homme ne s'est jamais borné à ce culte purement interne; partout il l'exprime au dehors par des signes analogues à ses sentiments. Tel est l'instinct de sa nature, il sent, il comprend qu'il doit adorer le créateur d'esprit et de corps, pour lui faire hommage de toutes ses facultés. Cependant on ne trouve nulle part un signe exclusivement consacré au culte de latrie. Chez les hébreux on s'inclinait Abraham se leva et adora le peuple (1), et ils adoraient Dieu.

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y unwai (2). On portait aussi la main à la bouche, comme l'indique cette expression de Job: Si j'ai porté ma main à ma bouche pour adorer le soleil et la lune (31) pun. Je me réserverai toute bouche qui n'a pas baisé la main pour adorer Baal... (Reg. 1.3.19). Les Grecs s'inclinaient pro. fondément, ce qui est souvent exprimé par Пpoσzuvsiy Ce terme signifie encore baiser la terre en se prosternant, ou porter sa main à la bouche, suivant

(1) Gen. 23.

(2) 1. Reg. 1.

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l'usage des Hébreux. On voit encore qu'ils employaient la génuflexion, qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers ã you xâm↓n (Phil. 2). Chez les Romains, on trouve ces mêmes signes usités et pour la divinité, et pour les hommes. Ainsi ces manifestations nitė,et de respect doivent être déterminées par l'intention, n'ayant par elles-mêmes aucune signification précise, et exclusivement affectée à un usage spécial.

J'ai insisté à dessein sur le sens indéfinì du mot adoration, et sur le signe extérieur de ce culte, pour vous faire remarquer l'injustice des protestants, alors qu'ils reprochent aux catholiques de rendre le culte suprême d'adoration aux saints. On s'est servi quelquefois, il est vrai, du terme adorare pour exprimer la vénération à l'égard de ces amis de Dieu; on s'incline, on se prosterne encore devant leurs images; mais puisque ce mot et ces actions n'ont pas de sens, de signification déterminés, il faut évidemment les expliquer et les juger par l'intention de celui qui les emploie.

Nous avons dit de la prière vocale qu'elle doit être accompagnée de dispositions intérieures pour honorer Dieu, et obtenir des grâces; il en est de même de l'adoration extérieure, il faut l'offrir en esprit et en vérité (Joan. 4), c'est-à-dire que ces marques sensibles de respect témoignées au Seigneur, expriment le culte de notre âme, ses véritables sentiments. Je ne pense pas nécessaire de

vous exposer les droits du Tout-Puissant au culte de l'adoration intérieure;nous portons cette obligation gravée dans nos âmes,et presque tous nos actes religieux en sont en quelque sorte l'expression. Quant à l'adoration extérieure, l'homme en trouve dans sa nature la connaissance et le devoir. Saint Augustin la juge nécessaire pour offrir le culte sensible que nous devons à Dieu, aussi bien que celui de l'esprit ; elle élève notre âme, et rend plus profonds les sentiments que nous exprimons au Seigneur. Aussi est-elle en usage chez tous les peuples et dans toutes les religions. Ordinairement c'est par le sacrifice qu'elle se pratique, comme nous le verrons en examinant la question de l'eucharistie à laquelle nous rattacherons ce qui concerne les sacrifices anciens.

LE D. J'ai écouté avec beaucoup d'attention et de plaisir ces notions relatives à l'adoration, et, comme vous l'avez observé, elles servent à démontrer l'injustice des protestants, lorsqu'ils reprochent à l'Eglise catholique de rendre le culte suprême à d'autres qu'au Créateur, parce qu'elle emploie parfois le terme adoration, et des signes extérieurs, comme l'inclination profonde, pour exprimer sa vénération aux saints et à leurs images. Ce mot adorer ayant dans les langues anciennes et modernes une signification indéfinie comme les actes qu'il exprime, doit être expliqué par l'intention. Si donc je me tiens à genoux pour adresser une prière à la sainte Vierge, ou que je me prosterne devant son image, on ne pourra dire

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