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qui a porté des définitions si formelles sur ces matières difficiles : « Si quelqu'un dit que les bonnes œuvres de l'homme justifié sont tellement des dons de Dieu, qu'elles ne soient pas aussi les mérites du juste, qu'il soit anathême (1). »

car,

Voici les conditions requises pour le mérite de condignité il faut être sur la terre, in via, voyageur, comme disent les docteurs catholiques; après que nous en serons sortis, viendra cette nuit où personne ne peut agir (2). « C'est pourquoi, écrivait saint Paul, pendant que nous en avons le temps, faisons du bien à tous (3). » L'état de sainteté est absolument nécessaire, selon ces paroles du Sauveur : Je suis le cep de la vigne, vous en êtes les branches; celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits. Vous ne pouvez rien faire sans moi: celui qui ne demeure pas en moi seru jeté dehors comme un sarment; il séchera, et on le ramassera, et on le ramassera, et on le jetera au feu (4). Il faut avoir cet esprit d'adoption des enfants, par lequel nous crions: Abba, mon Père (5). Les expressions du concile de Trente, que nous venons de citer, indiquent aussi que mérite ne peut venir que de l'homme justifié. L'action doit être libre et exempte de toute né

(1) Sess. 6.

(2) Joan. 9.

Gal. 6.

(4) Joan. 15. (5) Rom. 8.

le

cessité; vertueuse, moralement bonne, il la faut surnaturelle, c'est-à-dire qu'elle ait pour principe la grâce actuelle, et qu'elle soit rapportée à Dieu. Enfin, il est nécessaire qu'il existe de la part de Dieu une promesse formelle de récompenser cette action, comme saint Jacques l'exprime pour les épreuves de la vie ; Heureux celui qui souffre patiemment les tentations, parce que, lorsque sa vertu aura été éprouvée, il recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l'aiment (1). Telles sont les conditions du mérite i passons à son objet.

Déterminons d'abord ce qui ne peut être mérité. Il est certain que l'homme ne mérite point la première grâce actuelle, qui deviendrait ainsi la récompense d'actions purement naturelles. C'était une des erreurs des pélagiens. La première grâce sanctifiante ne saurait devenir l'objet de ce mérite, puisqu'on n'accomplit pas une des conditions requises, savoir; l'état de sainteté, « Rien, dit le concile de Trente, de ce qui la précède, soit la foi, soit les bonnes œuvres, ne mérite la grâce de la justification (1), La persévérance finale ne peut non plus être méritée, et ainsi l'homme ? bien qu'il se croie ferme, doit prendre garde à ne pas tomber (2), et opérer son salut avec crainte et tremblement (3). Cette crainte le conduira au

(1) Sess. 6.

(2) 1. Cor. 10. (3) Phil. 14.

bonheur (1). « Le commencement, la persévérancé jusqu'à la fin sont accordés, non suivant nos mérites, mais selon la très-sainte, très-juste, trèssage, très-bienfaisante volonté de Dieu.» Aussi le concile de Trente, que nous voyons si précis sur les différents objets du mérite, n'y comprend pas la grâce de la persévérance. Nous l'avons dit, il faut une promesse formelle de la part de Dieu pour constituer le mérite de condignité, et nous n'en voyons nulle part concernant la persévérance finale. Au reste, j'ai hâte de vous assurer que nous l'obtiendrons par la prière, sans avoir à craindre que le Seigneur abandonne à sa dernière heure celui qui l'a fidèlement servi, et qui a mis toute sa confiance en sa miséricorde infinie.

LE D. Quel est donc l'objet de ce mérite de condignité ?

LE TH. Le voici en peu de mots : d'abord l'augmentation de la grâce habituelle ou sanctifiante. Suivant saint Augustin, aucun mérite de l'homme ne précède la grâce de la justification, mais celle-ci mérite d'être augmentée pour devenir de plus en plus parfaite (2). « L'homme justifié, nous dit le concile de Trente, mérite une aug. mentation de grâce par les bonnes œuvres qu'il fait moyennant la grâce de Jésus-Christ, dont il est un membre vivant (3). » La vie éternelle est un

(1) Proverb. 28.
(2) Epist. 186.
(3) Sess. 6.

autre objet du mérite de condignité, puisqu'elle est accordée comme une récompense et une couronne de justice que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. Vous connaissez déjà ces paroles de saint Augustin: « La vie éternelle est due comme un salaire au mérite de la justice. » Voici comment le concile de Trente exprime tout l'objet de ce mérite: « Si quelqu'un dit que les bonnes œuvres de l'homme justifié sont tellement des dons de Dieu, qu'elles ne soient pas aussi des mérites de l'homme, ou qu'étant justifié il ne pas véritablement, par les bonnes œuvres qu'il opère avec la grâce de Dieu et les mérites de Jésus-Christ, l'augmentation de la grâce, la vie éternelle, et s'il meurt dans la grâce, le droit à la vie éternelle, et même l'augmentation de la gloire, qu'il soit anathême (1). » Expliquons en peu de mots le mérite de congruité.

mérite

LE D. Voulez-vous me dire encore en quoi vous le faites consister?

LE TH. Suivant la notion la plus claire qu'en donnent les théologiens, c'est une œuvre libre, bonne, opérée d'après l'inspiration et par le secours du Saint-Esprit. Quelque avantage spirituel peut lui être attribué, non par droit de justice fondé sur une promesse, mais seulement par congruité ou convenance. Comme dans le mérite de condignité, il faut, pour celui-ci, être dans la vie présente, que l'action soit surnaturelle, opérée

(1) Sess. 6.

avec le secours de la grâce, suivant cette déclaration du concile de Trente: « Si quelqu'un dit que l'homme, sans l'inspiration prévenante et le secours du Saint-Esprit, peut croire, espérer, aimer ou se repentir, de sorte que la grâce de la justification lui soit conférée, qu'il soit anathême (S,6).» Mais ces mérites diffèrent en ce que, pour le second, il n'est pas nécessaire d'être en état de grâce, dans la justice habituelle, et en ce qu'il n'est pas fondé sur une promesse formelle de la part de Dieu.

L'objet de ce mérite est très-facile à indiquer i d'abord la première grâce actuelle ne peut être méritée en aucune manière, parce que les actions qui la précèdent n'appartiennent pas à l'ordre surnaturel, et c'est cependant une des conditions essentielles pour le mérite de congruité; mais cette exception une fois faite, il a pour objet l'acquisition de la grâce sanctifiante, en nous y disposant par des oeuvres surnaturelles, comme l'aumône, le jeûne, la contrition. La persévérance finale est aussi l'objet de ce mérite, puisque, selon saint Augustin, elle peut être méritée par de ferventes supplications, des oeuvres de piété, et une humble confiance en la bonté de Dieu. Suppliciter emereri potest.

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