Obrazy na stronie
PDF
ePub

celle du vendredi demeura prescrite partout. Pour le samedi, il paraît qu'à Rome même on n'y attachait pas le précepte de l'abstinence; mais dans la suite, la coutume l'a établi presque généralement dans l'Eglise latine, et il y est obligatoire comme celui du vendredi. C'est bien le cas de dire, selon le sens d'Innocent Ier, à beaucoup de gens du monde qui veulent faire une distinction entre ces deux jours: « Nous convenons avec » vous qu'on doit pratiquer l'abstinence le ven» dredi; mais nous disons qu'il faut aussi l'obser»ver le samedi. » Il est en France quelques diocèses où, par une ancienne coutume, l'on mange gras les samedis qui se trouvent entre Noël et la fête de la Purification, apparemment en signe d'allégresse à l'occasion de la nativite de notre Sauveur. C'est aussi pour ce motif que l'Eglise n'oblige pas à l'abstinence, lorsque cette grande solennité se célèbre le vendredi ou le samedi.

[ocr errors]

Vous remarquerez que le precepte de l'abstinence diffère de celui du jeûne, surtout en ce point important : qu'il oblige tous les chrétiens. dès qu'ils ont l'âge de raison. Il va sans dire que la dispense du jeûne n'est pas liée essentiellement à celle de l'abstinence, ni vice versa, ainsi que nous l'avons observé ailleurs. Vous saurez aussi que les théologiens s'accordent à dire que l'accomplissement de ce précepte est divisible, et que, si par mégarde ou autrement, on l'a violé dans la journee, on pechera grièvement en continuant de faire usage d'aliments gras. Ce commande

ment, obligatoire d'ailleurs sous peine de péché mortel, est susceptible de légèreté de matière, comme en conviennent les théologiens, sans déterminer la quantité qui rendrait la faute mortelle. C'est au bon sens des hommes religieux et prudents qu'ils laissent de faire cette appréciation. On doit donc observer le précepte de l'abstinence, si l'on n'a point de raisons manifestes de s'en juger exempt. Pour peu qu'elles offrent de doute, la prudence exige qu'on les expose au supérieur ecclésiastique, qui accordera la dispense, s'il le juge à propos.

Les causes que nous avons signalées comme suffisantes pour l'exemption du jeûne, trouveront aussi une application frequente relativement à l'abstinence; nous n'avons pas besoin de les examiner de nouveau. Qu'il nous suffist de mentionner ces deux ou trois cas, qui peuvent se présenter souvent dans la pratique. Lorsque le chef de la famille a reçu la dispense personnelle pour manger de la viande, et qu'il ne peut, ou qu'il ne veut pas faire préparer deux repas, l'un en gras, l'autre en maigre, ses enfants et les personnes attachées à son service peuvent également faire usage d'aliments gras (1). Cependant un père n'a pas le

(1) A la question : Si en Carême, lorsque le chef de la famille a reçu la dispense pour manger de la viande, et qu'il ne peut ou qu'il ne veut pas préparer deux repas, l'un gras et l'autre maigre, les fils de famille et les personnes attachées à son service peuvent également manger de la viande :

droit d'étendre une dispense à tous les individus de sa famille, et lors même qu'elle lui est personnelle, s'il ne veut pas sans raison légitime faire préparer le repas maigre, il se rendra cou

pable, mais les personnes de sa famille pourront

manger gras, comme nous venons de le voir (1).

Il est bien temps de terminer ce trop long entretien, qui serait encore susceptible de tant de détails, si nous voulions épuiser la question. Je finis donc en vous communiquant la triste réflexion qui m'est suggeree par ces paroles de saint Paul: Si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerui plutot jamais de chair, pour ne pas le scandaliser (2). Telle était la charité du grand

« Sacra Pœnitentiaria (die 16 jan. 1834), respondendum censuit, posse personis quæ sunt in potestate patris-familias, cui facta est legitima facultas edendi carnes, permitti uti cibis patri-familias indultis adjecta conditione de non permiscendis licitis atque interdictis epulis et de unica comestione in die iis qui jejunare tenentur. » (1) A la question: Si les pères de famille, lorsque, dans le même ménage se trouve une personne qui a reçu la dispense pour faire gras, peuvent étendre la dispense indistinctement à tous les individus de cette famille :

Sacra Pœnitentiaria respondendum censuit, infirmitatem et aliud quodcumque rationabile impedimentum de utriusque medici consilio, non vero gulam, avaritiam, sive generatim expensarum compendium, eximere posse a præcepto abstinentiæ diebus esurialibus (3).

(1) 1. Corinth. 8.

(2) L'Ami de la Religion, Ibid.

apôtre. Et pourquoi des milliers de chrétiens ne veulent-ils pas consentir à s'imposer une légère privation de quelques jours, alors qu'ils savent cependant que la violation du jeûne et de l'abstinence, prescrits par l'Eglise, est pour leur âme un sujet de péché et de damnation éternelle?..... Soyons, nous, plus conséquents avec nos principes, plus sages et plus prudents, obéissons avec docilité à l'Eglise dont nous sommes les enfants, et dont il a été dit par notre divin Sauveur luimême : Qui vous écoute, m'écoute, qui vous méprise, me méprise (1). Ce n'est qu'à cette condition, sachons-le bien, que nous pouvons espérer d'entrer un jour dans l'Eglise triomphante du ciel.

(1) Luc, 10.

CINQUANTE-DEUXIÈME ENTRETIEN.

LA GRACE.

NOTIONS.

LE D. L'enseignement catholique est vraiment admirable dans ses dogmes et sa morale: il éclaire l'esprit, dissipe les doutes, fixe les croyances en les établissant sur la plus haute certitude possible: la véracité divine. L'homme apprend à y connaître d'où il vient, ce qu'il est, ses devoirs, sa destinée; et pour le cœur, on peut dire, à juste titre, que le catholicisme en est éminemment la religion. Tout le monde sait la grande influence qu'il a exercée sur la société, considérée même sous le rapport matériel ; ce sont des faits positifs, évidents; ses ennemis mêmes sont forcés à cet aveu. Mais d'où peut-il venir qu'une religion si si sublime, si puissamment civilisatrice, rencontre dans le monde tant d'indifférence et d'opposition?

« PoprzedniaDalej »