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leurs exemples, ce qui doit nécessairement faire augmenter la récompense des défunts. Or, cette cause de l'augmentation de la récompense qui regarde un très-grand nombre de personnes, ne finira point que la fin du monde ne soit venue (1). » D'où il résulte qu'on peut contribuer à l'accroissement de cette gloire par une conduite chrétienne, et par des prières qui solliciteront du Seigneur l'accomplissement des conditions auxquelles cette augmentation est attachée. Voici encore comment Innocent III parle de cet objet de la prière : « On dit dans plusieurs oraisons: qu'elle serve à ce saint, pour sa gloire et son honneur; ce qui doit s'entendre d'un accroissement de glorification sur la terre parmi les fidèles; cependant la plupart des docteurs ne regardent pas comme improbable que la gloire des saints augmente jusqu'au jugement, et ils pensent que l'Eglise peut de temps en temps souhaiter aux saints cet accroissement de leur glorification (2).»* 'On ne prie point pour la délivrance des démons ni des dainnés, leur sort dans l'enfer est immuable, ils doivent endurer des supplices pendant l'éternité.

LE D. Sommes-nous assurés d'obtenir de Dieu ce que nous demandons; ou au moins quelque autre grâce qui puisse servir pour le salut?

LE TH. Il y a d'abord dans nos prières un acte

(1) Art. 7. de Symb.
(1) In Decret. 1. 3. 41.

bon en lui-même, surnaturel, vraiment méritoire devant Dieu, lorsque nous prions en état de sainteté; et si nous sommes dans le péché mortel, cet acte de la prière pourra contribuer à nous obtenir de la miséricorde du Seigneur les moyens de revenir à lui. Dans la prière, on distingue aussi un acte laborieux, surnaturel, qui assure un effet de la part de Dieu, si l'on est saint à ses yeux, et le fait attendre de sa miséricorde, si l'on se trouve privé de la grâce sanctifiante. La prière doit enfin être envisagée comme une demande adressée au Seigneur, c'est là en effet ce qui la caractérise. Or, on peut être assuré, enseignent les théologiens, qu'on obtiendra ce qu'on sollicite, pourvu que la prière soit d'ailleurs accompagnée des conditions qui puissent la rendre agréable à Dieu; car il est écrit dans les livres saints: Invoquez-moi dans le jour de la tribulation, et je vous délivrerai (1). Si vous demandez quelque chose à mon père en mon nom, il vous l'accordera (2); mais je le répète, cette prière doit être faite avec des conditions indispensables. Examinons-les dans cet entretien, puisqu'elles viennent naturellement dans l'ordre de vos questions.

Il faut d'abord que l'objet de la prière se rapporte au salut, pour lequel il sera ou nécessaire, ou utile seulement. Dans la première hypothèse, on obtiendra cette grâce telle qu'on la sollicite de

(1) Ps. 19.
(2) Joan. 16.

ła bonté divine; il pourra arriver dans la seconde supposition qu'on ne reçoive pas la chose ellemême qu'on aura demandée; mais qu'on se rassure, Dieu accordera quelque autre moyen, au moins aussi propre à procurer la sanctification et le salut. Cette solution est la conséquence nécessaire des paroles de l'Esprit saint que nous venons de citer. Nous devons être sans inquiétude concernant les biens de la vie présente, attendu que notre Père céleste connaît tous nos besoins, et qu'il nous ordonne de porter notre principale sollicitude sur l'acquisition de son royaume : Ne vous inquiétez donc point en disant que mangerons-nous? ou, que boirons-nous ? ou, de quoi nous vétirons-nons? Votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses. Cherchez donc premièrement le royaume de Dieu (1). La prière doit être faite avec foi ou confiance; car comment invoquer celui en lequel on ne croit ́point (2); qu'on demande sans hésiter (3); tout ce què vous demanderez dans la prière avec foi, vous l'obtiendrez (4).

Telles sont les expressions de l'Ecriture, qui nous démontrent la nécessité de la confiance pour prier. Cependant, n'allez pas croire qu'il faille une foi absolue, semblable à celle qu'on acquer

(1) Matth. 6. (2) Rom. 10. (3) Jacob, 1. (4) Matth. 21.

rait par une révélation. Elle n'est ni essentielle, ni même possible, puisque personne ne sait d'une manière certaine si sa prière a toutes les conditions qui la rendent agréable aux yeux du Seigneur. Il suffira que cette foi nous rassure sur la disposition de Dieu à exaucer notre prière, si elle est faite d'une manière convenable. L'attention et la dévotion entrent aussi dans ces conditions requises; car une prière, accompagnée de négligence et de distractions volontaires, offense le Seigneur au lieu de l'honorer.

Une autre condition, assignée par un grand nombre de théologiens, pour l'efficacité de la prière, c'est qu'on prie pour soi-même. « Pro se orans, dit saint Thomas, ponitur conditio orationis; >>parce que ordinairement on est mieux disposé à recevoir l'effet de sa prière. D'ailleurs, le texte sacré s'exprime en ce sens dans plusieurs passages, où il est écrit: Dabitur vobis. Petite et accipietis, ete. Toutefois il est utile et pour nous et pour les autres de prier en faveur du prochain : cette prière nous fournira l'occasion d'exercer la charité, d'honorer notre Dieu, et nos frères en retireront peut-être de grands avantages spirituels; car nous lisons aussi dans les livres saints: La paix descendra dans la maison qui en sera digne par la bénédiction des envoyés de Dieu (1), et si quelqu'un prie pour son frère, la vie lui sera donnée (2).

(1) Matth. 10. (2) Joan. 5.

Enfin la persévérance est une autre condition de la prière. Le Seigneur accorde quelquefois, il est vrai, des grâces sans les faire attendre; mais, ordinairement, on n'obtient que par la persévérance. Aussi nous est-il recommandé de prier sans cesse, de chercher, de frapper jusqu'à ce que la porte s'ouvre à nos importunités (1). Il faut, dit saint Jean Chrysostonre, que nous soyons patients dans la prière (2). Plusieurs raisons nous expliquent pourquoi Dieu n'accorde le plus souvent qu'à la persévérance. Cela vient d'abord de ce que la prière, très-imparfaite dès le début, se fait plus digne en la continuant; la confiance s'augmente, la dévotion et les autres conditions vont toujours se perfectionnant. En second lieu, plus nous attendons un bienfait, plus aussi nous sommes excités, disposés à le recevoir; par cette attente, il nous paraît d'un plus grand prix; car, nous dit saint Augustin, ce qui est donné avec promptitude, est par là même moins apprécié (3). Dien veut aussi nous maintenir dans l'humilité, nous la faire reconnaître et confesser en differant de nous accorder ses grâces; car nous serions tentés, dans notre fol orgueil, de nous en attribuer l'acquisition, si nous les recevions aussitôt que nous les avons sollicitées.

LE D. Jusqu'à quand faudra-t-il done y persévérer? Il doit y avoir une époque où l'on pourra

(1) Luc. 11 et 18.

(2) Hom. 30. (3) Serm. 64.

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