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gneur (14). Voyez dans la deuxième épître aux Corinthiens, comme l'apôtre y parle de ses souffrances et de ses jeûnes (6. 5).

Mais d'où peut venir cette pratique du jeûne que nous trouvons répandue au milieu des nations infidèles, chez les Juifs et parmi les chrétiens? Car elle ne s'est pas établie sans des motifs puissants, qui l'ont fait accepter et maintenir contre toutes les répugnances de la sensualité. Voici donc les effets salutaires attachés à cette mortification, qui ont dû porter les hommes à y recourir. Il est certain que le jeûne sert efficacement à dompter et à contenir les passions, comme le divin Sauveur nous l'enseigne par ces paroles de l'Evangile Ce genre de démons ne se dompte : que par le jeune et la prière; les plus grands philosophes ont aussi reconnu que l'homme domine ses penchants par les privations qu'il a le courage de s'imposer. Le jeûne rend la vie intellectuelle plus facile et plus active; car par là même que la concupiscence de la chair est affaiblie, l'âme peut devenir plus propre à l'étude des vérités métaphysiques, et à la contemplation des choses célestes. « Le jeûne, disait saint Chrysostôme, est l'aliment de notre âme ; il lui donne des aîles qui lui permettent de s'élever aux plus hautes contemplations (1). » Comment douter de l'efficacité du jeûne pour l'expiation de nos fautes, et nous réconcilier avec Dieu, puisqu'il le prescrit lui

(1) Homil. in Gen.

même à son peuple Convertissez-vous à moi de tout votre cœur dans le jeune et les gémissements (1).

Il y a dans l'Ancien - Testament une foule d'exemples de l'acceptation que Dieu veut bien faire du jeûne pour pardonner au peuple ses révoltes et ses iniquités. Sous la judicature de Samuel, les Israélites s'imposent le jeûne, et ils apaisent le Seigneur qui leur accorde la victoire sur leurs ennemis (2). Il est rapporté de cet Achab si profondément méchant, qu'il fait pénitence dans le jeûne et le cilice, et que bientôt la colère divine est désarmée (3). Vous savez encore ce que firent les Ninivites pour échapper aux malheurs dont ils étaient menacés (4). Aussi les docteurs chrétiens n'ont pas manqué de signaler aux pécheurs ce moyen salutaire de pénitence et de réconciliation. << Nous tombons par le péché, disentils, dans un état de maladie dont nous sortons par la pénitence. Mais, sachez-le bien, sans le jeûne elle serait infructueuse et inutile: c'est cette satisfaction que Dieu attend de vous. Le jeûne est la mort du péché, le remède du salut, un sacrifice de réconciliation (5). » Voyez enfin, dans les livres d'Esther et de Judith, l'efficacité du jeûne pour obtenir de Dieu les bienfaits les

(1) Joël. 2.

(2) 1. Reg. 7.

«

(3) I. Reg. 21.

(4) Joan. 3.

(5) S. Basil. Or. de Jej-.S. Amb. de Jej.

plus signalés de sa miséricorde et de sa puis

sance.

C'est pourquoi Tobie place le jeûne entre la prière et l'aumône, et le dit plus précieux qu'un trésor (12). Jésus-Christ nous apprend aussi que cette mortification ne restera pas sans récompense de la part de son Père céleste, en nous disant : Pour vous, lorsque vous jeûnez, parfumez-vous la tête et lavez-vous le visage, afin de ne pas faire paraître aux hommes que vous jeûnez, mais seulement à votre Père céleste qui est présent à ce qu'il ya de plus caché et votre Père qui voit dans le secret vous en rendra récompense (1). Quels sont donc, s'écrie saint Ambroise, ces nouveaux maîtres qui osent contester le mérite du jeûne (2)? Saint Augustin l'appelait ou un remède ou une action digne de récompense, qui mérite ou le pardon du péché, ou la gloire du ciel (3)?

Tels sont, pouvons-nous dire, les motifs qui ont porté les différents peuples à la pratique de cette mortification corporelle. Et qui sait si les infidèles (quelques-uns du moins), n'ont pas connu ces effets du jeûne par des traditions primitives, ou par les usages du peuple juif, où enfin, si vous l'aimez mieux, ils les auront découverts dans l'expérience et la raison. Les Juifs et les chrétiens ont appris par les traditions an

(4) Matth. 6.

(2) Ep. 82.

(3) Serm. 142.

corps,

ciennes et les livres saints combien le jeûne est propre à dompter le à élever l'âme, à obtenir miséricorde et récompense devant le Seigneur; il résulte de ces diverses considérations qu'il existe pour l'homme, comme un devoir naturel du jeûne, pour se procurer ces avantages si précieux, y chercher un moyen souvent indispensable pour expier ses fautes, et un frein né cessaire à ses passions.

Eh bien qu'ont fait les pasteurs de l'Eglise de Jésus-Christ dont nous avons prouvé dernièrement le pouvoir législatif? Dans l'intérêt spirituel de chaque membre de la société chrétienne, ils ont sanctionné de leur autorité cette insinuation de la nature et de la révélation que nous aurions négligée par indifférence, lâcheté ou corruption; et ainsi ils ont prescrit, sous peine de désobéissance à leur autorité, de nous occuper de la sanctification de notre âme, d'être bons, utiles à nousmêmes pour notre bonheur éternel. A entendre bien des gens dans le monde, ce précepte du jeûne et de l'abstinence ressemblerait à un impôt que nous devrions payer à l'Eglise dans son intérêt exclusif. Elle n'y a cependant d'autre avantage que de procurer la sainteté de notre âme et la gloire de Dieu. En un mot, semblable à une mère de famille, elle veut le bonheur de ses enfants pour l'affection qu'ils lui inspirent, et afin de leur procurer ce bonheur, elle leur ordonne, sous peine de péché, d'observer ce que la loi naturelle elle-même leur fait souvent un devoir de

pratiquer. Voyez donc comme on est inconséquent et déraisonnable, en se récriant contre ce précepte de l'Eglise. Un législateur civil aura le droit de porter une loi sévère pour le bien de la société qui lui est confiée, et l'Eglise qui est, elle aussi, une puissance législative, ne pourra pas imposer, ou plutôt sanctionner, ce qu'indiquent à la fois. la raison et les livres saints, ce qui doit contribuer d'une manière si efficace à l'avantage particulier de ses sujets, au bien général de cette société spirituelle, et par là même à la gloire de Dieu ! LE D. Je n'avais pas encore examiné la question de ce côté, et j'étais, il faut l'avouer, bien loin de soupçonner que le précepte du jeûne fût un bienfait pour nous. Je le regardais comme une de ces lois pénales qu'on subit à regret, et dont on désire de se voir délivrer le plus tôt possible. Mais par là même que le jeûne est dans l'intérêt spirituel de chacun, l'Eglise devrait, ce me semble, se borner à en faire un conseil qu'on serait libre de suivre. Vous conviendrez au moins que beaucoup de personnes n'auront nul besoin du jeûne, comme un moyen de pénitence, ou pour dompter les passions, et qu'alors elles ne devront pas être obligées de se soumettre à ce commandement.

LE TH. Voilà ce que disaient aussi des hérétiques au quatrième siècle : « Nous jeûnerons, si cela nous convient ; mais pourquoi l'Eglise vient-elle en faire un précepte rigoureux (†)? » Et

(4) Apud. S. Epiph. Hæres. 75.

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