Obrazy na stronie
PDF
ePub

ture, et une famille honnête repoussera toujours ces écrits immondes, ou les détruira s'ils sont en sa possession. Il n'en est pas de même de la plupart des romans, malheureusement si multipliés de nos jours. On en attend la publication avec impatience, comme un grand événement; on s'y jette avec avidité; il serait honteux de les ignorer; il faut les avoir lus, s'en être impressionné. On en savoure les émotions, et l'on éprouve une jouissance plus que littéraire à les décrire et à les communiquer. Une mère ne juge point ces livres dangereux pour sa fille ; à ses yeux, c'est le tableau des mœurs, où elle peut apprendre à connaître le monde, à former son style, et acquérir tant d'ornements pour l'esprit. Ces heureux résultats, vous pouvez les apprécier, en voyant tant de personnes dont le jugement est faussé par ces fictions qui exaltent l'imagination, et donnent des idées exagérées sur toutes choses! Un esprit romanesque devient incapable d'occupation sérieuse, de principes solides; en échange, il est d'une fécondité si prodigieuse en singularités de style, de conversation et de conduite, que cela ressemble 'beaucoup à une folie plus ou moins avancée.

Mais le danger déplorable des romans et le mal immense qu'ils produisent, c'est la corruption inévitable du cœur. Comment résister, dans l'âge des passions, à la séduction réunie du sujet et de l'art, si conformes aux penchants d'une nature viciée? Aussi, que de mères de famille, que de

maris imprudents ont trop souvent à déplorer leurs funestes exemples et leur coupable complaisance! Leurs filles, leurs jeunes femmes contractent l'habitude de ces lectures qui infiltrent goutte à goutte le poison dans l'âme. Elles s'y passionnent; l'imagination s'exalte; la vie simple et pure de la famille n'est plus qu'ennuis, dégoûts; il en faut une d'émotions vives et profondes, la vie du cœur, comme elles disent. Et les voilà s'identifiant avec ces fictions romanesques, dont elles veulent se faire les héroïnes, en cherchant à les réaliser.... Qu'on demande, après cela, pourquoi les ministres de la religion se montrent si sévères pour ces sortes de lectures. S'ils les interdisent avec rigueur, c'est qu'ils savent, par des expériences malheureuses, que les romans corrompent le cœur, faussent l'esprit, dégoûtent un jeune homme ou une jeune personne de l'accomplissement de leurs devoirs, et que trop souvent ils jettent le trouble et le scandale dans le sein des familles, où naguères régnaient la décence, la paix et le bonheur...

Que dire de la danse? est-elle mauvaise en elle-même? est-elle toujours excusable? Ni l'un, ni l'autre, répondent les moralistes chrétiens. Il est des cas où une danse modeste, en présence des parents, entre personnes honnêtes, pourrait ne point offrir de danger réel d'offenser Dieu; que si elle devenait pour certains une occasion de péché grave, à cause de leur faiblesse, ils devraient s'en abstenir; et cette occasion relative, person

nelle, ne suffirait pas pour en faire une interdiction générale. Toutefois, là même où la danse aurait ce caractère de décence et de modestie, on conseillerait de ne se point affectionner à ces réunions; de ne pas y participer très souvent. Il faudrait y être conduit par une convenance de position sociale, un motif d'honnête récréa

tion, ou par d'autres considérations raison

nables.

Mais peut-on dire en vérité que les choses se passent ainsi aujourd'hui dans la plupart des bals, soit des villes, soit des campagnes? Ces derniers se tiennent ordinairement dans des maisons publiques, se prolongent dans la nuit, sans la présence des parents, qui en sont exclus par une espèce de coutume, de prescription, pour ne pas avoir l'air d'exercer sur leurs enfants une surveillance inopportune. Ce serait un étrange aveuglement que de ne trouver aucun désordre dans ces réunions nocturnes, et de les permettre comme de simples et innocentes récréations. Il y a dans les villes ce que vous appelez des bals de société et des bals publics; lorsque ceux-ci sont masqués, toute personne honnête doit se les interdire comme des lieux d'immoralité et de licence.

[ocr errors]

Lors même que ce sont des bals publics ordinaires, ils offrent presque toujours de graves dangers, dans les grandes villes surtout. Car la publicité y introduit des personnes qui spéculent sur les pièges de la séduction; et des parents qui se respectent, qui tiennent à l'honneur de leurs filles,

ne peuvent pas les conduire avec décence dans ces sortes d'assemblées.

Quant aux bals de société, composés de personnes honnêtes, on ne les condamnerait peut-être pas absolument, si tout s'y passait dans les règles de la pudeur et de la décence ordinaire. Mais, jugez vous-même si ces règles y sont observées avec cette mise que les personnes du sexe se permettent. Elles rougiraient de se produire ainsi en tout autre lieu, excepté le spectacle, et peut-être quelques salons où la modestie n'est plus un devoir; pour un bal, c'est le costume obligé, l'usage établi, qu'il faut subir, si l'on veut prendre part à la danse; ce serait une pruderie, une censure inconvenante, que d'y figurer en observant toutes les lois de la décence. Qu'on n'ait pas d'intention perverse, criminelle, à la bonne heure; mais est-il possible de se faire illusion sur les suites de ces immodesties coupables? On entend dire parfois que le danger de ces réunions est bien diminué par la danse elle-même, et qu'elles deviennent comme un exercice corporel qui permet peu à l'âme de se poser dans le mal. Vous le savez mieux que moi, vous, homme du monde; les danses sont loin d'avoir aujourd'hui un caractère pudique, elles offrent de plus grands dangers encore que l'indécence du cos

tume.

D'ailleurs, on doit remarquer que les mœurs françaises ont subi un changement sensible au milieu des événements qui se pressent depuis un

demi siècle. Les jeunes gens montrent de nos jours une gravité précoce, une préoccupation qui accuse un fond de mélancolie et de tristesse habituelle. Aussi, en est-il peu qui aillent dans un bal pour le seul plaisir de l'exercice corporel (1). Quel est donc l'attrait séducteur, puissant qui les y appelle et les y retient pendant de longues nuits....!

Nous commençons par faire, sur les spectacles, les mêmes observations que sur la danse; qu'ils ne sont pas essentiellement mauvais, et qu'on pourrait y assister sans grave inconvénient, si les pièces qu'on y joue étaient pures d'immoralité; si les personne du sexe qui montent sur le théâtre, et celles qui y assistent se tenaient dans les règles de la modestie. Avant d'examiner si nos spectacles remplissent ces conditions de décence, je veux que vous connaissiez ce qu'on pensait du théâtre en général chez les peuples anciens. « Nous ne recevons, dit Platon, ni la tragédie, ni la comédie dans notre ville, et nous rejetons cette poésie voluptueuse qui est capable seule de corrompre les plus gens de bien. Nous bannissons toute représentation, parce qu'il n'en est aucune qui n'excite ou la colère, ou l'amour, ou quelque autre passion (De Repub.). » Entendez Ovide décrivant les spectacles de Rome : « Qu'y voit-on,

(1) M. de Lacretelle dit à ce sujet, que les jeunes hommes de cette époque ne dansent plus qu'avec chagrin et componction. (Test. Ph. et Lill.).

« PoprzedniaDalej »