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de Dieu, nous dit saint Augustin, la solide piété, voilà l'hommage qui n'est dû qu'à Dieu ( Civ. 7. 10. 4). A ces trois vertus qui entrent dans l'accomplissement de ce précepte, on ajoute la religion qui règle tout ce qui a rapport au culte du Seigneur. C'est de cette dernière que nous aurons à nous occuper d'une manière spéciale; car, ayant examiné ailleurs les trois vertus théologales, il nous suffit d'ajouter ici quelques explications relatives à la pratique de ces vertus.

Commençons par la nécessité de la foi. Il ne peut être question ici que de la foi actuelle; celle que nous appelons habituelle étant essentiellement liée avec la grâce sanctifiante, sans laquelle il est impossible d'être sauvé. Si l'on a le bonheur de parvenir par le baptême ou le martyre à la grâce de la justification, sans avoir jamais pu faire un acte de foi, comme les enfants ou les adultes privés de la raison, on aura par là même la foi habituelle suffisante pour le salut. Nous pouvons le dire aussi d'un adulte, doué de la raison, qui, ayant été baptisé dans son enfance, n'a pu être instruit de ce qui est nécessaire pour la foi actuelle; s'il s'est maintenu dans l'innocence baptismale, nous ne doutons pas qu'il ne soit sauvé par cette foi habituelle, jointe à la grâce sanctifiante qu'il a toujours conservée; ou Dieu, par un moyen quelconque, le fera arriver à la foi actuelle, si elle est indispensable pour entrer au ciel.

Mais, suivant la doctrine de l'Eglise, elle est ab

solument nécessaire pour les adultes qui ne se trouvent pas dans ces conditions. Car celui qui aura cru, sera sauvé, nous dit le Sauveur, et celui qui n'aura pas cru, sera condamné (1). Celui qui ne croit pas, est déjà jugé (2). Nous pensons, disait saint Paul aux Romains, que l'homme est justifié par la foi (3), sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (4). C'est en ce sens que saint Augustin interprète ces paroles de l'Ecriture, en rapportant que sans la foi on ne commence, on n'achève aucune bonne œuvre pour le ciel, selon ce qui est écrit: Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu. La foi, selon le concile de Trente, est le commencement du salut, le fondement, la racine de toute justification (S. 6).

LE D. A vous dire vrai, on ne peut comprendre cette indispensable nécessité de la foi pour le salut, et comment Dieu ne se contente pas d'une vie probe, honnête, alors surtout qu'on est dans l'impossibilité de parvenir à la foi.

LE TH. Je vais tâcher de vous détromper sur une partie de votre difficulté, et de vous satisfaire sur l'autre. Destinés à le contempler un jour, dans les splendeurs de la vision béatifique, nous ne sommes point envers Dieu dans les rapports d'une condition purement natu

(1) Marc. 10.

(2) Joan. 3. (3) Rom. 3.

(4) Heb. 11.

relle. Il a daigné nous élever à un ordre supérieur à l'exigence et aux mérites de toute créature; c'est un don éminent, une grâce ineffable. Aussi était-il libre d'en imposer les conditions; et si elles ne sont pas remplies, on ne parviendra jamais à cette destinée céleste. C'est pourquoi les petits enfants qui meurent, autrement que par le martyre, sans avoir été régénérés par la grâce du baptême, ne sont point introduits dans le royaume des cieux.

Quant aux adultes qui peuvent avoir la connaissance des obligations imposées dans la religion révélée, ils ne sont pas libres d'honorer le Seigneur, selon leur volonté, en se bornant au culte de la loi naturelle ; il il leur ordonne de le servir et de l'aimer dans l'ordre de la grâce, qu'il a bien voulu établir pour notre gloire et notre éternelle félicité. Tout autre hommage est insuffisant, sans vrai mérite aux yeux du Seigneur; il ne l'accepte ne l'accepte point. Lorsque l'homme s'est rendu coupable de péché mortel, il ne trouvera le pardon qu'en recourant aux moyens institués par la miséricorde divine; à la contrition parfaite, sans le sacrement, et à des dispositions surnaturelles, quand il peut le recevoir. Or le culte que le Seigneur exige, les actes qui doivent précéder la rémission du péché sont impossibles sans la foi. L'adulte donc qui en est privé par sa faute, est hors de cet ordre dans lequel Dieu lui prescrit de l'ho

norer et de le rechercher comme sa fin dernière. C'est en ce sens que la foi est appelée par saint Paul le fondement des choses que l'on doit espérer (Heb. 14), et par le concile de Trente fondement et racine de la justification (S. 6).

Mais, direz-vous, si un adulte baptisé dans son enfance ne peut absolument parvenir à la connaissance de la foi, le perdrez-vous? Je vous faisais observer, il y a peu d'instants, que si cet homme se maintient dans l'innocence du baptême, des théologiens croient qu'il sera sauvé, sans être parvenu à la foi actuelle, ou que Dieu l'y fera arriver n'importe par quel moyen. Mais s'il a offensé Dieu mortellement, la condition est changée; il ne peut obtenir le pardon que par les moyens établis dans l'ordre de la foi comme fondement de la justification; et s'étant volontairement séparé de Dieu par le péché mortel, il est sorti de la voie du salut, il n'y rentrera que par la foi actuelle ; et le Seigneur n'est pas obligé de la lui accorder après qu'il s'est fait volontairement son ennemi.

Soyez sans inquiétude sur le salut des infidèles qui vivent selon la droite raison, et dans l'accomplissement de la loi naturelle; ce que nous savons de la miséricorde divine, ne nous permet pas de douter que la foi ne leur soit accordée avec les autres moyens de sanctification. C'est le sentiment général des théologiens catholiques; je vous l'ai fait observer plusieurs fois dans le cours de ces entretiens.

LE D. La foi était-elle nécessaire anssi chez les Juifs, avant la venue de Jésus-Christ? Que fallait-il croire alors pour être sauvé? Et aujour d'hui sur quoi porte la foi indispensable pour le salut?

LE TH. Chez les Juifs, comme parmi les nations, la foi a toujours été essentielle pour acquérir le ciel; car ce qui a été dit de la nécessité de cette vertu, appartient à tous les temps. Avant JésusChrist on devait croire explicitement, selon saint Paul, qu'il y a un Dieu et qu'il récompensera ceux qui le cherchent (1). On devait encore croire, au moins d'une foi implicite, en un médiateur, auquel il était indispensable d'être uni, pour opérer son salut; et l'on ne voit pas comment ce lien se serait établi autrement. Depuis la promulgation de l'Evangile, cette foi ne suffit plus, selon l'enseignement commun des théologiens; on doit croire, d'une manière explicite, les mystères de l'incarnation et de la rédemption; ce qui implique la connaissance de la Trinité. La vie éternelle consiste à connaître le Père, qui est le seul Dieu véritable, et Jésus-Christ que le Père a envoyé (2). L'homme n'est justifié que par la foi en JésusChrist (3). Il n'y a point de salut par aucun autre; car aucun autre nom sous le ciel n'a été donné aux

(1) Heb. 11.
(2) Joan. 17.
(3) Gal. 2.

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