Obrazy na stronie
PDF
ePub

PROCÈS-VERBAL

DE LA

Séance publique du 3 Août 1862.

A deux heures, un auditoire nombreux et élégant remplissait l'un des grands salons de l'Hôtel-de-Ville.

Vors deux heures un quart, M. Just Viel, maire du Havre, avait pris possession du siége de la présidence, ayant à sa droite M. le sous-préfet Louis Gros, M. le docteur Maire, adjoint et vice-président de la Société, et M. Bailliard, secrétaire des séances. A la gauche de M. Viel, étaient assis M. MilletSaint-Pierre, président de la Société d'Etudes diverses, M. Rispal, secrétaire-général, M. Granson, trésorier, et M. le docteur Lecadre, archiviste.

A droite et à gauche du bureau siégeaient les membres de la Société, M. le proviseur du collége, divers fonctionnaires publics et une députation du Cercle pratique d'horticulture, conduite par son vice-président.

La séance s'est ouverte par une allocution de M. Just Viel, président d'honneur, qui a passé en revue les progrès réalisés et les services rendus par la Société Havraise d'Etudes Diverses depuis sa fondation jusqu'à nos jours, sous la généreuse direction d'hommes dévoués qui ont mis tout leur zèle et toute leur intelligence à cette œuvre de progrès.

M. Viel a ensuite accordé la parole à M. Millet-Saint-Pierre, dont le discours a fait sensation par son originalité de bon goût, qualité bien rare dans un discours de circonstance, car ce discours avait, en outre, et au plus éminent degré, le mérite de l'opportunité, et il était impossible de parler avec plus d'à. propos des loisirs et de leur emploi et d'en mieux parler.

Alors a commencé la lecture des rapports sur le concours institué par la Société.

Le prix le plus important était celui qui avait été proposé pour la Description géologique des falaises bordant le département de la Seine-Inférieure, depuis l'embouchure de la Seine jusqu'à Dieppe.

L'auteur devait comparer entre elles ces diverses falaises dans les éléments qui les composent et faire une étude particulière de la Hève et des nombreux fossiles qu'on y rencontre. Il devait accompagner son travail de tracés, coupés et cartes paléontologiques nécessaires à l'éclaircissement du texte. M. Gustave Lennier, conservateur du Musée d'histoire naturelle du Havre, auteur du seul mémoire produit, a, sinon complètement, du moius à très peu près, rempli ce programme difficile et qui supposait bien des travaux, bien des études antérieures sur le sujet mis au concours. M. Lennier, qui a trouvé dans les terrains de la Hève une tête d'ichtyosore, dont il a enrichi notre musée, et bien d'autres fossiles curieux, se trouvait dans les conditions les plus favorables et a mis à profit ses nombreuses notions avec un talent qui a été apprécié par la commission nommée pour le juger, et si quelques lacunes dans son travail ont fait réduire de 800 à 500 francs le prix proposé, M. Lennier a trouvé une compensation à cette réduction dans le plaisir de s'entendre louer par M. Derome, rapporteur de la commission, qui fait autorité en pareille matière.

Le prix de 500 francs, proposé à la meilleure Etude biographique et littéraire sur Grainville, n'avait, comme le précédent, tenté qu'un écrivain.

Quand M. Lecadre a fait connaître l'opinion de la commission dont il faisait partie, sur le travail présenté et les motifs qui ont fait réduire le prix à 200 francs, le public lui a prêté l'attention la plus sympathique, jusqu'à ce que M. Leroy de Bonneville, demeurant à Savigny-sur-Orge (Seine-et-Oise), auteur du mémoire couronné, vienne, comme M. Lennier, au bruit des applaudissements, recevoir la récompense d'une œuvre sainement pensée et sagement écrite, appréciation impartiale d'un auteur trop peu connu de ses compatriotes.

Pour le Concours de poésie, trois manuscrits avaient été envoyés.

M. Emile Duboc a fait connaître à l'auditoire la valeur de ces trois poëmes dont aucun n'a paru digne du prix. Une médaille d'argent pour mention honorable a seulement été accordée à M. André Tasset, demeurant à Chartres, auteur de la pièce de vers ayant pour épigraphe : Olim!

M. Millet-Saint-Pierre s'est alors levé pour déclarer qu'une médaille d'or avait été décernée à M. l'abbé Herval par ses collègues, pour son inépuisable munificence envers la Société dont il a enrichi la bibliothèque de plus de 400 volumes. Des bravos répétés ont montré combien cette manifestation trouvait d'écho dans le public, qui n'ignore pas que la Société d'Etudes Diverses n'est pas seule à profiter de la libéralité du vénérable vicaire de Notre-Dame, et que le Musée du Havre lui doit une grande partie de ses richesses.

Enfin, M. Emile Duboc prenant de nouveau la parole, a lu, et avec succès, de jolies strophes de M. Victor Fleury. L'étoile du Matin est une imitation réussie d'un morceau de Hebel où le poëte convertissant en relations familiales les phénomènes apparents des corps célestes, crée par la personnification de ces derniers toute une mythologie nouvelle. Le récit naïf des escapades de l'astre précurseur des rayons de l'aurore, placé par le barde de la Forêt-Noire dans la bouche d'un jeune faucheur, a la fraîcheur de la rosée, et retrace agréablement à notre ima

gination l'apparition de ce point bleu et clair, réduction microscopique de la plus matinale des étoiles.

Quand la voix sonore de M. Emile Duboc eut cessé de se faire entendre, la musique de la compagnie des sapeurs-pompiers qui avait rempli les intervalles de ces diverses lectures, commença une dernière fanfare et la foule des invités s'est écoulée avec lenteur.

Le Secrétaire des séances,

J. BAILLIARD.

« PoprzedniaDalej »