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« Il avait allumé près du talus, au coin du bois, un feu de

bruyères, et assis sur la mousse, le pauvre enfant, il ré>> chauffait ses mains à la flamme pétillante.

» La fumée, jaunie par de fauves rayons qui glissaient » entre les nuages, montait dans l'air pesant. Il la regardait » onduler comme un serpent qui gonfle et déroule ses anneaux; puis s'épandre en nappes brunes, puis s'éva» nouir dans l'épaisse atmosphère.

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» Plus de chants dans le buisson, plus d'insectes ailés » étincelants d'or, d'émeraude, d'azur, promenant de fleur » en fleur leurs amours aériens; partout le silence, un » morne repos; partout une teinte uniforme et triste.

» Les longues herbes flétries blanchissaient penchées sur >> leur tige on eût dit le linceul de la nature ensevelie.

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Quelquefois, un petit souffle naissant et mourant pres» que au même moment, roulait sur la terre les feuilles » sèches.

» Immobile et pensif, il prêtait l'oreille à cette voix de l'hiver. Recueillie dans son âme, elle s'y perdait comme se perdent le soir, les soupirs de la solitude, au fond des » forêts.

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Quelquefois aussi, bien haut dans les airs, une nuée d'oiseaux, d'un autre climat, passait au-dessus de sa tête, poussant des cris semblables aux aboiements d'une meute. » Son œil les suivait à travers l'espace, et dans ses vagues rêveries, il se sentait entraîné comme eux en des régions

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» lointaines, mystérieuses, par un secret instinct et une » force inconnue.

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Enfant, déjà tu aspires au terme; prends patience, Dieu t'y conduira.»

Le cadre restreint où j'ai renfermé mes observations rapides ne m'a pas permis de m'étendre davantage sur un sujet très vaste; mais je pense que l'on peut affirmer sûrement que toute œuvre de génie ne pourra vivre sans l'idée de la beauté et de la vérité et sans le concours de l'expression.

Que le compas du géomètre mesure la matière étendue ou figurée, le poëte, le romancier, le dramaturge ne pourront se contenter de surfaces, de lignes ou de contours ; il leur faudra rendre avant tout l'expression, créer des types conformes à la nature et respecter le génie de la langue qui, dans nos bons écrivains, n'use que fort sobrement du néologisme, de l'hyperbole et de toutes ces figures ennemies de la sincérité inhérente au pays qui a vu naître Montaigne et Molière.

La mission de tout écrivain sérieux est donc de lutter contre l'envahissement des idées qui pourraient menacer notre belle littérature, et de dédaigner les conceptions d'imaginations vulgaires et frivoles.

Honneur à ceux qui conservent chaque jour la tradition du beau et qui savent transmettre l'héritage des bons auteurs contemporains, dont les noms iront à la postérité; honneur aussi à ceux qui conservent fidèlement dans leurs souvenirs les trésors de l'antiquité, si précieux à plus d'un titre. C'est ainsi que les peuples civilisés seront unis dans une communauté de nobles sentiments, et qu'on leur inspirera l'amour de cette beauté primitive, type impérissable, dont toutes les beautés terrestres ne sont qu'un pâle reflet.

QUELQUES RÉFLEXIONS

AU SUJET D'UNE

LETTRE AUTOGRAPHE DE HENRI III DU NOM

Roi de France et de Pologne

PAR M. A. VILLEROY

Membre Résidant.

Depuis quelques années, deux hommes remarquables, MM. Martin et Michelet, ont substitué de véritables histoires nationales aux livres qui avaient eu jusqu'ici la prétention de justifier ce titre.

C'est en compulsant les cartulaires, chartes et écrits autographes des personnages historiques que ces éminents professeurs sont parvenus à réunir les éléments qui leur ont permis de reconstituer l'histoire de France sur des bases authentiques.

La source à laquelle ces auteurs ont puisé est loin d'être tarie; beaucoup de vieilles archives publiques et particulières restent encore à explorer, et plus d'un document enseveli dans l'oubli surgira encore pour éclairer d'un jour nouveau quelque fait historique ou le véritable caractère de personnages ayant joué un rôle important sur la scène politique du passé.

Le gouvernement de l'Empereur a si bien compris l'utilité de ces travaux qu'il a prescrit de rechercher avec soin, dans toutes les villes de France, les anciens écrits qui sembleraient de nature à compléter l'histoire de notre pays.

Ayant en ma possession une lettre politique du roi de France, Henri III, j'ai pensé que la lecture de cette pièce vous paraîtrait digne de quelque intérêt, et j'ai fait précéder sa transcription de courtes réflexions sur l'époque, et les hommes auxquels elle se rapporte.

Le règne de Henri III fut, sans contredit, un des plus déplorables de la monarchie. Pendant sa durée, de 1574 à 1589, on voit les haines politico-religieuses s'envenimer et avoir pour résultat l'extension de la guerre civile. On remarque aussi la faiblesse du souverain, dont la personnalité s'efface derrière celles de ses puissants adversaires; on assiste enfin à une série d'assassinats politiques, commençant avec le règne et se terminant par le coup de couteau de Jacques Clément.

Après l'éphémère François II et le sombre Charles IX, la France aurait eu besoin d'avoir pour roi un homme à la fois énergique et paternel, qui eut réduit les factions à l'impuissance et se fut appliqué à cicatriser les plaies laissées saignantes par les premiers Valois. Il n'en fut malheureusement pas ainsi : Henri III, brave de sa personne, mais d'un caractère faible et irrésolu, essaya de louvoyer entre les partis. Il commença par traiter avec la maison de Lorraine, dont les princes ambitieux et hautains n'avaient qu'un but, celui de s'emparer de la couronne. Il pactisa ensuite avec les Huguenots dont le chef, Henri de Navarre, devait lui succéder sous le nom de Henri IV.

Jamais souverain ne se trouva, peut-être, dans une position plus difficile et plus bizarre. En effet, d'un côté les Guise s'armaient contre lui et organisaient la sainte ligue, sous le fallacieux prétexte qu'il apportait trop de tiédeur à

l'extermination des hérétiques; d'autre part, les protestants, las des persécutions et des massacres, se révoltaient contre l'autorité royale et tenaient la campagne en abritant leur rebellion sous les bannières illustres des Rohan, des Montmorency et du roi de Navarre.

Henri III espéra vainement amener ses ennemis à se détruire mutuellement. L'emploi de ce système lui devint funeste, et le réduisit, pendant la durée de son règne, à se contenter, pour toutes prérogatives royales, de jouer les premiers rôles dans les ridicules processions des flagellants et dans les orgies infâmes organisées par ses mignons.

En dépit de sa nonchalance habituelle, le roi sentait parfois se réveiller en lui une étincelle d'énergie; alors il faisait un effort momentané pour ressaisir l'autorité échappée de ses mains. C'est pendant un de ces instants de réveil qu'il traça la lettre empreinte d'une certaine dignité que vous allez lire, et qui peut être considérée comme un éclair fugitif faisant mieux ressortir l'ombre qui lui succède.

Ce document historique ne porte pas de date, mais selon moi il doit remonter aux premiers mois de 1585, époque à laquelle Henri brava quelques instants les ligueurs et le roi d'Espagne, alors que le 12 février de cette année, il donna audience aux envoyés protestants des provinces unies, déclarant publiquement que « les Flamands n'étaient point des re» belles mais des peuples injustement opprimés; que la >> France avait toujours été le refuge des malheureux; qu'un » roi de France ne tremblait devant personne et que ni mena» ces ni dangers ne le feraient dévier de la générosité de ses >> ancêtres envers ceux qui recourraient à sa protection.

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Ces paroles, empreintes d'une majesté vraiment royale, demeurèrent cependant sans résultat, et il en fut de même, sans doute, de la lettre ci-jointe qui révèle aussi une velléité d'énergie. Cette pièce, tout porte à le croire, est antérieure aux dernières péripéties du drame politique qui, se déroulant

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