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du malade, la toux. Quel est le médicament pour la modérer? Juleps loochs, boissons béchiques, émollients, etc. Ce n'est point la toux, c'est la soif qui fatigue votre malade : quel est le remède à la soif? Des boissons rafraîchissantes, et ainsi des autres symptômes.

Voulez-vous un autre exemple? Ce sera un état opposé à la phléthore. C'est une jeune fille pâle, que le moindre mouvement fatigue, dont la moindre émotion bouleverse le systême nerveux; elle a des palpitations, des bruits anormaux dans les oreilles; elle est sans force, sans appétit, elle est chlorotique enfin. Quelle est la médication que réclame cet état maladif général? La médication réconfortante, tonique.

Quelle est l'affection? La diminution des globules sanguins, l'appauvrissement du sang. Quel est le remède à cette affection? Les ferrugineux.

Quel sera parmi ces remèdes le médicament que vous choisirez? Tantôt le fer en nature ou à l'état d'oxide ou de sel, suivant la prédominance de tel ou tel symptôme, de telle ou telle prédisposition de l'économie.

Sans perdre de vue les trois éléments isolés qui constituent l'état morbide, le ministre de la nature n'oubliera jamais de les réunir mentalement, de manière à rattacher à leur source originelle, les diverses manifestations que peut suggérer l'instinct conservateur qui les dirige. Ce talent précieux que les livres n'enseignent point et que l'expérience ne donne même pas à tous, s'appelle le tact médical. Il ne saurait s'acquérir que par l'observation scrupuleusement étudiée des voies que la nature suit dans sa thérapeutique.

Si, ainsi que nous croyons l'avoir démontré, la puissance médicatrice de la nature joue dans les maladies internes un rôle trop souvent négligé ou méconnu par l'école moderne ; que n'aurions-nous pas à dire en faisant l'application de nos

principes aux affections chirurgicales! Ici, cependant, point d'explications hasardées, point de déductions douteuses; tout se passe sous nos yeux, à la portée de nos sens, à ciel ouvert souvent; et, malgré ces conditions heureuses d'appréciation, nous voyons tous les jours de hardis, pour ne pas dire de téméraires opérateurs, dans leur impatience scientifique, sacrifier une partie du corps que la nature eût conservée.

A part quelques exceptions, toutefois, nous devons convenir que la chirurgie moderne entre dans une voie conservatrice que nous sommes heureux de signaler.

Aujourd'hui on ne sacrifie plus un membre sans s'être bien assuré que la nature est impuissante à le conserver. Il est bien encore, je l'ai laissé entrevoir, de trop zélés opérateurs, prêts à couper la moitié de la tête pour sauver l'autre; mais ces exemples sont rares et la grande majorité des praticiens commence à comprendre qu'il est un chirurgien plus savant qu'eux, qu'il importe de consulter avant de s'armer du couteau chirurgical. Combien de fois, en effet, la nature n'a-t-elle pas rappelé de jugements qui semblaient sans appel combien de membres condamnés à l'amputation n'a-t-elle pas sauvés ! le chirurgien d'un grand hôpital me disait, il y a quelques jours à peine : dans les plaies étendues, dans les grands délabrements des membres, j'applique un bandage approprié, que je laisse en place huit à dix jours parfois, quelque souillé qu'il soit par le pus ou les autres liquides qui s'échappent de la blessure. J'attendrais que les vers s'y missent, si je l'osais, sans y toucher.

C'est là ce que j'appelle l'art de ne rien faire, en confiant à un plus habile, la direction du traitement. C'est cette même pensée qu'exprimait, dans son naïf langage, le père de la chirurgie française : « Je t'ai pansé, Dieu te guarisse » disait A. Paré; et, en effet, quel est le médecin observateur qui n'ait acquis, après quelques années d'exercice de son art, des preuves trop réitérées de son impuissance! Quel est celui qui croit encore qu'avec quelques grains d'une poudre

ou quelques tasses d'une infusion, quelques cuillerées d'une potion, il va remédier à un grave désordre de l'économie ! dût en souffrir notre amour-propre, il en faut bien convenir, ce n'est pas nous qui guérissons; nous ne faisons que préparer la voie, en écartant les obstacles, en nettoyant ou nivelant le terrain, en fournissant quelques matériaux, mais l'architecte, seul, répare et reconstruit l'édifice que la vie et ses accidents avaient ébranlé.

Notre rôle, ainsi réduit, est encore assez beau pour que nous ayons le droit de nous en enorgueillir; il est assez élevé pour nous susciter de mesquines jalousies ou nous valoir de méchants sarcasmes; assez utile à l'humanité pour qu'elle nous paie d'ingratitude; assez noble, enfin, pour que les dieux et les rois aient tenu à honneur de l'exercer.

J'ai terminé, Messieurs; je n'ai voulu, dans cette courte dissertation, qu'appeler l'attention sur la fausse direction dans laquelle se fourvoie, à mon sens, la thérapeutique, et qui tend à l'écarter de plus en plus du sentier que lui avait tracé le père de la médecine. Je ne puis avoir la prétention de la réformer, mais j'ai voulu donner mon coup de marteau à la base du piédestal sur lequel on a édifié la science médicale moderne. Peut-être le jour n'est-il pas loin où un plus fort, où un plus habile l'abattra d'un coup de massue.

Havre, 19 novembre 1862

NOTE

SUR LES

INHUMATIONS PRÉCIPITÉES

ET SUR LES

MESURES A PRENDRE POUR Y REMÉDIER

PAR M. LE DOCTEUR DEROME

Membre Résidant

Depuis plusieurs années déjà, notre compagnie s'est occupée d'une question dont la solution me semble intéresser au plus haut point l'honneur de notre cité. Dès l'année 1853, M. Bénard vous lisait, sur les moyens de prévenir les inhumations précipitées, un travail important, dans lequel, négligeant avec raison la citation des faits de mort apparente qui ont fait l'objet de travaux antérieurs, il examine l'état actuel de la science, au point de vue du diagnostic de la mort, et cherche, dans l'étude des arrêtés, lois et actes administratifs qui ont été pris et appliqués, à diverses époques et en divers lieux, ceux qui lui paraissent pouvoir être appliqués efficacement au Havre. Ce mémoire, extrêmement remarquable par le nombre et la variété des documents qu'il renferme, ne pouvait manquer de soulever une intéressante discussion question d'intérêt public du caractère le plus général, humanitaire au premier chef, dont la solution est

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