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l'entreprise. On en a eu l'idée partielle dans les établissements d'assurance qui sont une fédération matérielle et non passionnelle.

Au lieu de suivre cette marche, la philosophie s'est obstinée à confier la fonction de charité à celui des 4 groupes qui en est le moins susceptible, au groupe de famillisme, et, pour suppléer à l'insuffisance ou à la mauvaise volonté des familles, on ne fait que s'adresser au gouvernement, quoiqu'on ait appris par expérience que les familles ne veulent pas secourir leurs individus pauvres, et que le gouvernement ne peut pas prêter l'oreille aux nombreux indigents qui lui demanderaient plus que le montant de ses impôts.

L'extirpation de l'indigence ne pouvait naître que des combinaisons de ligues affectives. Tel groupe qui a fort peu de propriétés isolément, en acquiert beaucoup par le mixte, ou alliance avec d'autres. De là vient qu'un et deux groupes intervenant pour extirper l'indigence, n'obtiendront aucun succès, tandis que l'action combinée des 4 groupes la fera disparaître. ((Il est vrai que cette action combinée ne peut avoir lieu que par des mesures qui achemineraient en Garantisme ou en 6o période; mais cette transition serait insensible pour des civilisés, puisque le Garantisme admet l'ordre des familles incohérentes ou non associées, telles que nous les voyons en Civilisation. Insistons sur l'influence des groupes ou actions cumulées des ressorts de divers groupes.))

D'où vient qu'on voit souvent chez les classes peu fortunées beaucoup plus de charité que dans les classes opulentes? Les comédiens en gé→ néral ne sont pas riches, et pourtant il règne dans leurs réunions une scrupuleuse observance de la charité amicale et de la piété filiale. On les voit faire des collectes fréquentes pour leurs collègues malheureux. Un comédien ne laisse jamais son père dans le besoin, tandis que, dans la classe des riches, on trouve beaucoup de ces êtres scandaleux qui laissent manquer un père du nécessaire, et qui auront l'effronterie de vouer les comédiens aux flammes de l'enfer. La charité semble réfugiée chez les corporations les plus faibles en moyens, témoins les soldats, qui sont bien pauvres, et qui ne refusent jamais de donner pour des incendies une forte aumône, même une journée de leur paie.

D'où vient ce noble effet de vertu chez les classes les moins fortunées? Il provient d'impulsions mixtes réunissant les ressorts de plusieurs passions affectives, ceux du groupe d'Amitié, qui ont beaucoup d'influence chez les hommes aventureux, comme les comédiens et les militaires, ceux du groupe d'Ambition ou honneur, qui excitent l'amour propre de ces corporations, et les portent à donner une leçon de générosité à la classe riche qui les ravale.

Il résulte, de cette cumulation de ressorts, que certaines corporations accusées d'immoralité, sont, sous bien des rapports, plus charitables

que les classes qui prêchent la morale. Il fallait donc étendre à l'ensemble du corps social cette influence des groupes mixtes; il fallait s'évertuer à mettre en jeu les impulsions combinées des 4 groupes et de leurs 8 ressorts, et l'on serait arrivé bien vite à l'établissement du minimum et à l'extirpation de l'indigence.

On trouve en foule ces germes de charité dans des groupes et sectes d'ambition, notamment dans les francs-maçons. C'était sur ces esprits de corps que devalt opérer une théorie de minimum social combinée avec une garantie de travail. En réunissant sur chaque tête pauvre les secours de 20, 30, 40 corporations qu'il était facile de former, on aurait organisé ce minimum proportionnel dont l'absence fait l'opprobre de nos sociétés; mais nos beaux esprits voient tous les germes de bien sans savoir en employer aucun. Ils déclament contre l'ambition, et c'est dans ses rameaux, dans les esprits de corps, que se trouve la solution du problème qui les met aux abois depuis 3,000 ans, l'extirpation de l'indigence. On ne pouvait la prévenir que par un concours d'impulsions des 4 groupes qui, dans ce cas, auraient rivalisé de procédés pour les charités nécessaires. Or la charité, si illusoire quand elle est bornée à des secours individuels, serait plus que suffisante quand chaque individu pourrait la réclamer de 30 corporations unies à lui par les liens d'ambition, d'amitié et de famillisme.

Les hommes jugent selon leur intérêt, et parmi les 2 éléments de l'ambition, l'intérêt ou principe matériel a le pas sur la gloire ou principe spirituel, qui n'est pas d'un grand poids en ambition civilisée.

Mais quels rêveurs ont imaginé de prêcher une ambition modérée, soit en ressort d'intérêt, soit en ressort de gloire? C'est décéler une crasse ignorance en matière de passion que de vouloir mettre en scène la modération, surtout quand il s'agit d'ambition. Alexandre s'y con naissait mieux que nos philosophes; il n'était point dupe de la modération affectée de Diogène, et il lui disait: Je vois ton orgueil à travers les trous de ton habit. Histrions littéraires, qui prêchez la modération, le mépris des grandeurs et des richesses perfides, et vous, bonnes gens, qui écoutez ces sornettes académiques, avant de lire le traité de l'Attraction, sondez-vous bien sur ce qui touche à la modération. Si vous l'aimez véritablement (ce que j'ai peine à croire), fermez ce livre, car vous n'y trouverez que des amorces pour l'immensité d'ambition. Vous blâmez aujourd'hui celui qui convoite un empire, et vous allez voir qu'en Harmonie, un homme, une femme, nn enfant, ne seraient pas gens d'honneur s'ils ne convoitaient pas le trône du monde. Attendez, sur cette assertion, le chapitre des 40 couples de trônes universels d'Harmonie. Sur les 10 couples, il en est 2 qui sont d'hérédité inaliénable,

ceux du titre de famillisme en direct et en mixte; mais il est 8 couples qui sont électifs, quelques-uns annuellement. Chaque individu peut y parvenir, selon ses genres de mérite, et un homme ou une femme qui, sur 8 sortes de mérite, ne croiraient pas en avoir un seul, seraient assurément des êtres de peu de valeur chez qui l'insouciance pour le trône du monde ne serait qu'un masque de nullité, qu'un sot orgueil tendant à farder l'incapacité.

Aujourd'hui, selon la philosophie, il faut élever la jeunesse à n'aimer que les raves et le brouet noir, que les places gratuites et les femmes sans dot; et demain il faudra inspirer à la jeunesse, aux femmes comme aux hommes, une ambition sans bornes, une prétention aux trônes du monde. Quel désappointement des visions de la philosophie! Faut-il s'étonner qu'elle regimbe si fort contre la Théorie de l'Attraction, cette science dont les coryphées sont pourtant, par le fait, les plus ], car il n'existe pas de classe plus dévorée d'ambition que ces philosophes qui, lorsqu'ils peuvent tåter du gouvernement, se le disputent avec tant d'acharnement, qu'ils s'envoient par coupes réglées à l'échafaud, comme on l'a vu en 1794.

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Étrange résultat des [

] d'une classe qui n'aime, à l'en croire, que la modération, les raves et le brouet noir! Combien ces jongleries, dont on est dupe depuis 3,000 ans, devaient faire sentir le besoin d'une doctrine certaine sur les passions et sur le but ultérieur auquel Dieu les destine!

On est si neuf sur ce sujet, si ignorant sur les propriétés des groupes, et notamment sur celles de l'ambition, que nos philosophes ne savent ni la modérer chez ceux en qui elle surabonde, comme les civilisés, ni la créer chez ceux en qui elle paraît insuffisante, comme les sauvages, qui pourraient devenir en 3 ans de riches propriétaires agricoles, si on savait leur donner une faible dose de cette cupidité qui dévore nos peuples, et élever l'ambition du sauvage au quart de celle de nos paysans. Les jésuites mêmes, gens bien possédés d'ambition et qui auraient dû en connaître les ressorts, n'ont pas su la mettre en jeu avec les sauvages du Paraguay, pour les fixer à la culture.

Cependant, est-il si difficile d'exciter l'ambition et l'esprit de corps? Un soldat ne recueille pas grand avantage de son service, auquel souvent il a été conduit la chaîne au cou, et pourtant il est encore assez imbu d'esprit de corps pour sacrifier sa vie à l'honneur du régiment: ne pouvait-on donc exciter de même l'esprit de corps pour des motifs plus pressants, comme ceux de charité et de minimum social; mais il aurait fallu savoir créer les corporations sociales? mettre en jeu les ressorts compétents, et pour cela connaître la théorie des groupes, dont jamais nos savants n'ont daigné faire aucune étude.

[Nous trouvons dans le cahier 3, cote 10, page 72, une note de Fourier que la phrase ci-dessus, Il faut élever la jeunesse à n'aimer que les raves, nous donne occasion de citer :]

Prétendra-t-on qu'il y ait de l'exagération dans ce tableau des vexations exercées à table et ailleurs sur les enfants civilisés? J'en parle par expérience, et quarum pars magna fui. Que de férules n'ai-je pas reçues pour refus de manger raves et choux, orge, vermicel et drogues morales, qui me causaient des vomissements, outre le dégoût !

Un jour à diner chez le Pédant, j'escamotai un gros quartier de rave cuite qu'il avait servi sur mon assiette, car il me haïssait et voulait me faire avaler des raves. Je cachai adroitement cette rave entre mes habits, et, lorsqu'on sortit de table, je me levai des derniers, je laissai sortir la foule et saisis l'instant favorable pour jeter la rave par la fenêtre, qui était ouverte en été; mais, par frayeur et précipitation, j'ajustai mal, et la rave tomba sur un escalier de bois, où passait quelqu'un, qui se récria. Le Pédant arriva, je fus pris en flagrant délit, forcé d'aller quérir la rave enduite de poussière, et la manger pour l'honneur de la morale outragée. On me cribla de férules appliquées à doigts relevés, supplice qui me causait fréquemment des panaris et faisait tomber tous mes ongles avec des douleurs affreuses, pour le bien de la morale douce et pure.

On prétend aujourd'hui que la morale est moins atroce. Rien n'est plus faux; elle est tout aussi vexatoire, mais mieux fardée de verbiages anodins: elle ne differe que par les formes.

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ÉTUDES

SUR LES TRADITIONS.

I

L'homme n'a pas été créé au hasard : ses instincts, ses penchants, ses facultés, en un mot tous les éléments qui composent son être ont été coordonnés, sans doute, d'après un certain plan, et destinés à remplir des fonctions déterminées, de toute éternité, selon l'Ordre et l'Harmonie universels des choses.

De même que la science physiologique nous montre que chaque muscle, chaque artère, chaque veine, chaque nerf, chaque organe, a une fonction propre, et que l'ensemble de ces fonctions concourt directement à la conservation et au développement de l'individu : de même aussi, la science religieuse ou sociale nous apprend que tous les éléments qui constituent l'être social tendent, chacun suivant la fonction qui lui est propre, à la conservation et au développement de cet être, en le mettant en unité directe avec lui-même, avec le monde et avec Dieu.

En effet, l'hommme, en tant qu'être sensitif, se trouve directement en rapport avec le monde extérieur; pour l'homme, l'âme sensitive est le foyer central où viennent se réfléchir les phénomènes de la vie universelle. L'âme sensitive établit des relations intimes entre l'homme et le globe qu'il est appelé à régir; en un mot, c'est par l'âme sensitive que se développe le premier germe de la vie sociale, nous voulons dire l'Industrie.

L'homme, en tant qu'être affectif, est sans cesse attiré vers ses semblables: c'est l'âme affective qui pousse impérieusement l'homme à aimer ses frères, à s'unir à eux, à constituer la Famille qui, dans l'ordre des temps, se présente à nous comme la première ébauche de l'association sur la terre.

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