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VII. LA SAGESSE NÉGATIVE ET LA SAGESSE POSITIVE.

(185 pièce, cote supplémentaire.)

Continuons la recherche des causes qui ont fait dévier la raison sur ce globe.

Les dogmes religieux, étayés de l'opinion générale, supposaient les destinées impénétrables, et enseignaient que les lois de Dieu se bornent à régler les formes du culte et l'ordre de la société conjugale, sans rien statuer sur l'ordre administratif et domestique, ni sur les relations industrielles.

Cette erreur, toute pernicieuse qu'elle est, ne contribuait que secondairement à détourner l'esprit humain de la recherche des lois divines. Il règne une erreur bien plus funeste, qui est la véritable cause de l'égarement de la raison dans les 3 sciences incertaines.

J'appelle sagesse négative et comparative toute opinion qui estime pour bien l'absence du mal ou le moindre mal, — qui ne se propose pas d'atteindre le bien désirable, mais d'éviter ou adoucir le mal existant.

Si l'éloignement du mal était la mesure du bien, il serait facile de prouver qu'un scélérat qui demande les têtes de cent honnêtes gens, est lui-même un homme de bien. On pourrait raisonner ainsi : Marat demande 200,000 têtes; un autre ne demande que 100,000 têtes, il est bien moins féroce; un 3o ne demande que 10,000 têtes, il est modéré; un 4e se contentera de 1,000 têtes, il est tout à fait indulgent; - mais celui-ci ne veut que 400 têtes, c'est un phénix de clémence et de vertu.

C'est sur cette progression comparative que sont fondés tous les principes de la sagesse civilisée de tels jugemens sont flatteurs pour l'amour-propre, chacun incline à se croire honnête et sage, à côté d'un plus fripon et d'un plus sot que soi.

La sagesse positive et abstraite qui est opposée à la négative, n'a d'autre règle et d'autres vues que le contentement collectif et individuel de tous les êtres sur lesquels elle opère dans le mécanisme social; elle n'admet ni le bien comparatif ou moindre mal, ni le bien négatif ou absence du mal, état neutre entre le bien et le mal; elle ne tient pour bien que la jouissance réelle, que le contentement des sens et de l'âme, dont les voluptés réunies constituent l'état de bonheur; elle n'estime

placée ici en marge du texte rayé, Fourier donne une évaluation différente de celle insérée plus haut dans le texte même sur les distances des soleils entre eux, et, par suite, sur le temps du parcours des comètes. (Note des Éditeurs.)

le bien qu'abstractivement, et jamais comparativement; elle n'admet pour bien social que l'ordre qui peut assurer à chaque membre de la société, pendant une longue carrière, la jouissance permanente des voluptés du corps et de l'àme, réunies et variées suffisamment pour préserver l'âme de la tiédeur, et garantir le corps des excès qui ont pour principe la rareté des plaisirs. Tel sera le genre de bonheur que nous goûterons sous les lois divines fondées sur la sagesse abstraite et positive.

La sagesse négative n'a en vue que le maintien d'un ordre quelconque, sans égard pour les individus qui seront froissés ou sacrifiés dans cet ordre; aussi varie-t-elle autant de fois que l'ordre social change de face. Elle diffère chez tous les peuples.

Les institutions et coutumes réputées justes parmi les Sauvages, comme de manger les prisonniers de guerre, abandonner les vieillards aux bêtes féroces, sont une horreur aux yeux des Barbares; — les institutions et coutumes établies chez les Barbares, comme l'usage des sérails et des eunuques, les spoliations arbitraires, sont une horreur devant les Civilisés; - les institutions et coutumes des Civilisés seraient de même absurdes et horribles devant d'autres sociétés plus relevées; et par suite les coutumes de toutes les sociétés subversives sont absurdes devant l'Harmonie. (On appelle état de subversion toutes les sociétés autres que l'Harmonie. Il y a dans l'état subversif 44 périodes sociales, dont 3 existent sur ce globe, la Sauvagerie, la Barbarie et la Civilisation.)

La même diversité d'opinions règne dans une société entre les degrès dont elle est susceptible. Considérez la Civilisation dans les muances et gradations par lesquelles elle a passé, vous verrez la sagesse varier d'un siècle à l'autre, d'une année à l'autre, parce qu'elle a toujours pour base la comparaison au mal évité, et non pas l'existence du bien.

Massacrer les Américains pour le bien de la religion, brüler les hérétiques, c'était, il y a 3 siècles, un acte de sagesse comparative, puisqu'il contribuait au maintien de l'ordre établi. Dénoncer et faire périr son ami, son frère, son père, c'était hier, en France, un acte de sagesse comparative tout aussi admissible que la conduite tant vantée des Brutus, qui égorgèrent, l'un son père, l'autre son fils, pour la raison banale de maintenir l'ordre établi. La Civilisation de France a change; mais ses usages actuels, traite des nègres, banqueroutes autorisées, garnisaires, ne seraient pas moins odieux dans une société plus élevée.

La plus funeste des erreurs de sagesse négative, souche d'autres, est dogme sur les passions, qui les regarde comme dangereux ennemis que la raison doit réprimer.

VIII. SUR LE MESSIE.

(164 pièce, cote supplémentaire.)

[Cette pièce est un extrait écrit par Fourier d'une conversation entre M. de Lamartine et lady Esther Stanhope, appelée la reine du Liban, conversation rapportée dans le Voyage en Orient, publié par M. de Lamartine en 4835. Les mots en italiques sont ceux intercalés par Fourier, comme annotations.]

Elle (lady Stanhope) trouve la force surnaturelle de son âme et de sa résolution, non-seulement dans son caractère, mais encore dans des idées religieuses exaltées, où l'illuminisme d'Europe se trouve confondu avec les croyances orientales.

» Esther possède (hie vérité indirecte) une science née en Orient. «Je lis dans les astres... Nous sommes tous enfants de quelqu'un de ces feux célestes qui présidèrent à notre naissance. »

Lamartine répond que « lien peut exister entre hommes et astres, on anges ou êtres supérieurs, car tout s'enchaîne dans la nature visible et invisible... et quant aux secrets de ma destinée future, je croirais profaner la divinité qui me les cache, si je les demandais à la créature, je ne crois qu'à Dieu, (Non, il n'y croit qu'à demi, Dieu n'est donc en lien, en communication avec la créature sur les destinées. » Qu'à la liberté, (Elle est impossible en civilisation).

pas

» Qu'à la vertu, (Elle est perfide en civilisation, ergò Dieu perfide). »

Esther. « Vous êtes un de ces hommes de désir et de bonne volonté dont il a besoin comme d'instruments pour les œuvres merveillcuses qu'il va bientôt accomplir parmi les hommes. Croyez-vous le règne du Messie arrivé? »

Lamartine. « Je suis né chrétien, c'est vous répondre. (Non, car Messie est bien arrivé, sed règne du Messie n'est pas arrivė, tant que civilis. et philos. »

Esther. « Chrétien! Moi aussi je suis chrétienne; mais celui que vous appelez le Christ n'a-t-il pas dit : « Je vous parle encore par parabole, celui qui viendra après moi vous parlera en esprit et en vérité... » Eh bien! c'est celui-là que nous attendons; voilà le Messie (dites le hypomessie) qui n'est pas venu encore, qui n'est pas loin, que nous verrons de nos yeux, et pour la venue de qui tout se prépare dans le monde (las de quarante-cinq ans de phil.).

Lamartine escobarde réponse évasive.

Esther. « Mais enfin, trouvez-vous le monde social politique et religieux bien ordonné? et ne sentez-vous pas ce que tout le monde sent,

la nécessité d'un révélateur, d'un rédempteur, du Messie (du sousMessie) que nous attendons. >>

Lamartine. « Nul ne confesse plus haut les énormes abus sociaux politiques et religieux; nul ne désire et n'espère davantage un réparateur à ces maux intolérables de l'humanité; nul n'est plus convaincu que ce réparateur ne peut être que Divin (non pas comme Enfantin). Si vous appelez cela attendre un messie, je l'attends comme vous et plus que vous... Je crois que Dieu se montre toujours au moment précis où tout ce qui est humain est insuffisant, où l'homme confesse qu'il ne peut rien pour lui-même, le monde en est là (y était quand Voltaire, Rousseau, Montesquieu, sed oggi progrès, vol sublime). — Je crois donc à un messie voisin de notre époque; mais dans ce messie (dites sous-messie, vice-messie), je ne vois point le Christ (bien dit); je vois celui que le Christ a annoncé devoir venir après lui, cet Esprit saint, toujours assistant l'homme (A l'interligne: Synthèse de l'attraction.), toujours lui révélant, selon les temps et les besoins, ce qu'il doit faire et savoir. Que cet Esprit divin s'incarne dans un homme ou dans une doctrine, j'espère en lui, je l'attends, et, plus que vous, milady, je l'invoque. » Esther. « L'Europe est finie; la France seule a une grande mission à accomplir encore. »

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Conclusions sur les deux sections du commerce.

Préambule.-Transition en 7e période par l'extirpation de l'agiotage, ou attaque partielle du Commerce.

CHAP. I. Origine des nombreuses Bourses de commerce qui infestent la France.

CHAP. II. Nécessité de la résistance aux intrigues des Bourses et Courtiers. CHAP. III. Aperçu du mécanisme des Bourses et Courtiers.

CHAP. IV. Tactique des Bourses. Distribution des Courtiers dans les grandes

manœuvres.

CHAP. V. Définition des Bourses de commerce.

CHAP. VI. Classement des Bourses de commerce.

CHAP. VII. Conclusion sur les Bourses d'agriculture.

Intermède. Le monde à rebours ou les écrevisses mercantiles.

-Des opuscules qui traitent de la Bourse.

SECTION II.- Les Courtiers.

CHAP. I. Du monopole de courtage.

CHAP. II. Tableau des produits annuels du courtage en France.

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