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Code divin. La religion avec ses dogmes de colère divine, de tribulation et d'épreuves auxquelles Dieu nous assujettit en ce monde pour nous rendre dignes du bonheur dans l'autre vie, la religion, dis-je, est en collusion involontaire avec les astuces philosophiques. Elle a sanctionné la paresse des savants, la torpeur du génie et renforcé le préjugé qui habitue à regarder comme nécessaire le fléau de l'indigence, à désespérer de la Providence en législation et persuader qu'il faut des pauvres, parce que les lois des civilisés perpétuent l'indigence. Dien ne sait-il donc fonder le bien-être d'une caste que sur le malheur de l'autre? S'il ne peut créer un riche qu'en créant plusieurs pauvres, comme il arrive dans l'état Civilisé et Barbare, que ne nous limitait-il à l'état sauvage qui est à l'abri de l'indigence, quoiqu'il soit encore une des 4lymbes obscures, mais la seule en contact avec le Garantisme, ainsi qu'on le verra au chapitre de l'échelle du mouvement puissanciel.

Du moment où les hommes s'habituent à considérer la législation comme attribution exclusive de l'homme, ils ne sont plus étonnés d'en voir naltre l'injustice et le règne du mensonge; mais la religion eût dů oser replacer l'homme au second rang, le façonner à croire que toute sagesse doit venir de Dieu, qu'on n'est point arrivé à la sagesse tant que la masse du corps social gémit dans les privations, et que ce résultat dénote l'ignorance des lois sociales qu'on doit attendre de Dieu et la nécessité de les rechercher. Tout au contraire, elle a façonné les esprits à spéculer sur la nécessité des pauvres. En quel sens conçoit-elle donc la Providence et quelle injure ont faite à Dieu ces légions de pauvres? S'il ne savait pas pourvoir à leur garantir le nécessaire, il eût mieux fait de ne pas créer le monde social.

30 Les Peuples. Tout s'accorde à les hébéter et fataliser. Les grands, armés de l'autorité, persuadent au peuple qu'il est fait pour souffrir. Ils étaient ce dogme de la crainte du gibet, lot inévitable des malheureux qui oseraient s'indigner de leur misère et réclamer les droits naturels; à l'appui de ce régime viennent les prêtres qui nous excitent à mépriser les biens de ce monde pour lesquels ils n'ont pas autant de mépris qu'ils en étalent. Puis vient la philosophie qui persuade aux peuples que leur dénûment est la perfectibilité sociale et qu'une région pavée d'indigents est un phénomène de Civilisation perfectible, pourvu qu'elle ait une trentaine de beaux esprits rengorgés dans des fauteuils académiques et discourant sur la perfectibilité des abstractions métaphysiques.

4o Les Savants. Ils sont égarés à leur tour par la bonhomie des princes, des prêtres et des peuples; ces trois classes n'ayant pas su discerner la ruse et reconnaître que les philosophes ne vantent la Civilisation que pour se dispenser d'en chercher l'issue, il arrive qu'on ne

somme pas la science de remplir son devoir, de chercher les voies de garantie du bien social effectif; et les intrigants littéraires trouvant dans le sophisme et les jactances de perfection une voie de fortune et d'honneurs académiques, bien plus commode que la carrière des découvertes, se gardent bien de signaler la tâche qu'ils esquivent, la recherche d'une société supérieure à la Civilisation et s'accordent crier que l'esprit humain est arrivé au perfectionnement de la perfectibilité, puisque les philosophes sont pourvus de pensions et de considération.

C'est ainsi qu'une erreur primordiale engendre peu à peu toutes les erreurs. Qui est-ce qui accrédita celle que je dénonce? Tous les partis s'en défendront et rejetteront la faute sur leurs antagonistes ou sur l'habitude, le préjugé. Leur tort ne sera pas moins grand. C'est être complice du mal que de ne pas s'opposer à ses progrès. Lorsqu'une contagion, peste ou autre, se manifeste sur un point, elle deviendrait bientôt générale si chacun négligeait d'y opposer des barrières, sous prétexte que ce n'est pas lui qui l'a apportée, et un gouvernement qui omettrait d'établir des cordons et des lazarets, serait passivement l'auteur des progrès du mal. C'est ainsi qu'opèrent les fausses lumières à l'égard des préjugés nuisibles à tous. Lors même qu'elles ne les propagent pas, elles en favorisent le ravage par leur apathie. Un préjugé dont rien n'arrête les progrès envahit nécessairement tout le domaine social. Aussi n'est-il rien de plus enraciné que la prévention d'insuffisance de Dieu et suffi-sance de la Philosophie, dogme qui attribue à la volonté de Dieu les malheurs établis par les lois des hommes, entre autres l'indigence, en l'attribuant à la volonté de Dieu, et qui au tort de donner des cœurs de fer à tous les riches et les grands joint le tort bien plus fâcheux d'empêcher la recherche et la découverte d'un ordre social exempt de pau-vreté comme le Garantisme.

CHAPITRE III.

DU GARANTISME EN MATÉRIEL.

Les garanties sociales devant s'étendre aux 3 classes de passions, sensitives, affectives et distributives, il faut pour la régularité commencer par les garanties du matériel ou de l'essor des cinq sens en minimum.

Ce serait une tâche immense que de traiter des garanties relatives à chacun des cinq sens et du régime social qui peut les introduire; en conséquence je me bornerai à traiter de la garantie d'essor pour un seul des cinq sens qui est la Vue, et je ne donnerai sur les autres

que des aperçus. Au reste, les garanties dans chacune des trois classes de passions sont tellement liées les unes aux autres que le garantisme de la Vue nous conduira à traiter de celui des autres sens. Plus la Civilisation est indifférente sur les plaisirs de la vue, plus il importe de la remontrer sur les effets de ce vandalisme et lui prouver que tout étant lié dans le système du bien, chacune des 12 garanties conduit aux 11 autres. C'est de quoi l'on va se convaincre par celle du visuisme, d'où nous verrons ressortir le principe de tout progrès social, la nécessité de se rattacher aux procédés d'association graduée pour marcher au bien-être général.

J'ai tant de fois accusé les sciences incertaines qu'il est bien juste que les fixes parfois aient leur tour. Elles commettent aussi des fautes grossières. Les géomètres ont de la régularité et point de tact, point de ressort à mettre un jeu pour intéresser l'élève. Chaque science tombe de même dans des oublis. Voici le lot des architectes, que je vais accuser de n'avoir ni goût ni principes généraux. Un homme de goût, un architecte politique, pouvait, par la seule réforme des coutumes d'architecture, métamorphoser la Civilisation, qui pourtant semble fondée exclusivement sur le régime administratif.

CHAPITRE IV.

DU GARANTISME VISUEL EN ÉDIFICES SPÉCIAUX.

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(Plan d'une ville de 6 période.)

Qu'on se rappelle la thèse, bizarre si l'on veut, que je me suis chargé de démontrer c'est qu'une nation, un siècle qui ne sait pas pourvoir au luxe général des édifices, ne peut faire aucun progrès dans la carrière du bonheur social.

Nous sommes exercés en fait de luxe partiel. Tout sybarite sait bien orner son habitation au dedans et au dehors, mais il s'agit ici de l'ornement collectif gradué, l'art de garantir collectivement et individuellement une perspective d'édifices, beaux et commodes; pour faire connaltre cet art bien ignoré de nos architectes, il faut donner le plan descriptif d'une ville de Garantisme dont nos architectes n'ont aucune idée.

Sur les édifices, comme sur tout autre détail du matériel ou du spirituel, il y a des procédés affectés à chaque période. Une ville barbare est formée d'édifices assemblés fortuitement au hasard, sans aucun plan préalable, et confusément groupés entre des rues tortueuses, étroites et mal percées, malsaines. Telles sont en général les villes de France,

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où l'on trouve à peine un quartier neuf qui s'écarte du mode barbare. Les villes civilisées ont un ordre monotone, imparfait, une distribution en échiquier, comme l'ile de Pétersbourg, comme Philadelphie, Amsterdam, Londres neuf, Nancy, Turin, Marseille neuf, et autres villes qu'on sait par cœur, quand on en a vu trois ou quatre rues. On n'a pas le courage d'en visiter davantage elles ont le don d'affadir et attrister la vue, et l'on préfère bien vite une ville de style barbare, si elle est un peu ornée et variée comme Paris. Les villes de Strasbourg et Francfort, qui n'ont rien de régulier, plaisent mieux que Nancy et Manheim, avec leurs tristes échiquiers entremêlés de murs mitoyens, bien nus, bien hideux, selon la méthode civilisée. Passons à celle de 6o période; il faut d'abord la décrire avant d'en expliquer les règles appliquées à l'essor des douze passions.

Chaque année l'on construit des villes neuves. La plupart des petits souverains d'Allemagne en ont fait bâtir; à présent même, on construit encore une petite capitale en Finlande et une grande aux Etats-Unis On parle d'en construire une au Brésil. Nous pouvons donc supposer qu'un des souverains qui ont besoin de remplacer une vieille capitale par une ville de bon goût ou qui veulent faire construire quelque nouveau port, comme Odessa, opine à bàtir une ville de garantisme visuel. J'en vais donner le plan que la Russie aurait eu bon besoin de connaître lorsqu'elle a rebâti Moscou: elle en aurait fait une capitale qui aurait fait honte à toutes celles du monde policé, et prouvé à la Civilisation que si en 3000 ans elle n'a pas même découvert l'art de se loger, il n'est pas surprenant qu'elle ait manqué la science plus difficile de l'harmonie des passions et qu'elle ait méconnu le germe de cette harmonie qui consiste à allier toujours le beau et le bon, en conciliant les intérêts collectifs et individuels, règles bien inconnues aux civilisés, dans les têtes de qui jamais idée harmonique n'a pu entrer. Nul débat n'est plus propre à le prouver que celui que nous allons traiter sur l'harmonie neutre des édifices, et j'entends par harmonie neutre celle qui concilie l'ordre incohérent avec l'ordre combine. Quand on aura analysé nos ridicules en distribution matérielle, et dont les correctifs eussent pu être inventés par tout architecte, on jugera par induction de l'impéritie de nos architectes passionnels.

PLAN.

On marquera quatre enceintes, savoir: 1 de pivot et 3 de banlieue, savoir :

La re, pour la ville, ou Pivot;

La 2o, pour les faubourgs;

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La 3o, pour les annexes rurales;
La 4o, pour les avenues et relais.

Chacune des enceintes pourra s'étendre à l'équivalent du rayon de la ville. En supposant donc 1000 toises du centre aux barrières, il y aura 2000 toises jusqu'aux confins de l'enceinte des faubourgs, puis 3000 à 4000 jusqu'au terme des annexes et des avenues.

Chacune des enceintes sera assujettie par gradation à des ornements obligés et coordonnés aux convenances de la ville. Un comité d'apparat en sera juge, et n'admettra aucune disposition soit d'agriculture, soit d'architecture, qui blesserait les garanties visuelles.

Le système d'ornement sera gradué, c'est-à-dire qu'on en exigera plus dans l'enceinte pivotale que dans les enceintes de faubourg, qui devront contenir les édifices d'utilité manouvrière, comme grandes fabriques, magasins d'entrepôt. Mais les villages mêmes de la 4° enceinte seront encore soumis au code ornemental gradué.

Raisonnons sur ce 1er article en le comparant à la licence anarchique des constructions civilisées, où chacun prend à tâche d'enlaidir l'ensemble. J'en vis 2 exemples bien frappants en arrivant à Nancy dont on m'avait vanté la beauté. Les portes de la ville sont des arcs triomphaux bien lourds, bien massifs; car les Français, j'excepte les Parisiens, n'aiment en architecture que les masses de pierre sans goût, ni grâce. En approchant de cet arc triomphal assez semblable à une porte de forteresse, on voyait de chaque côté des fumiers bien sales devant les maisons du faubourg. Enfin, la voiture me débarqua à l'hôtel du Petit-Paris, où j'eus en face de ma chambre la perspective d'un immense mur mitoyen bien élevé, bien noir, et qui semblait recéler quelque manoir infernal. C'est ainsi que les vandales français distribucnt une ville qui a la prétention d'être belle.

On montre bien plus de discernement dans les constructions individuelles. Un homme qui veut avoir un magnifique salon sent bien que la beauté de la pièce principale ne dispense pas d'orner les avenues. Que penserait-on de son beau salon si, pour y arriver, il fallait traverser une cour encombrée de fumiers, un escalier obstrué de gravois et une anti chambre garnie de vieux meubles rustiques? Nos sybarites ne commettent pas cette faute grossière: ils ont soin, tout en parant le salon, de ménager une gradation de luxe dans les 3 avenues, antichambre, escalier et cour. D'où vient donc que le bon sens, qu'on trouve dans chaque individu pour l'ornement d'une demeure particulière, ne se rencontre pas chez nos architectes pour l'ornement des demeures collectives appelées villes? et pourquoi, sur tant de princes et artistes qui ont bâti des villes, aucun n'a-t-il jamais songé à l'ornement gradué des 3 acces

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