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HARVARD COLLEGE LIBRARY

FROM THE LIBRARY OF
JEAN SANCHEZ ABREU
SEPT. 14. 1918

Déposé conformément à la loi.

Gand, imp. C. Annoot-Braeckman.

INTRODUCTION.

Et cognoscetis veritatem,
Et veritas liberabit vos.
(JOAN. VIII, 32.)

La question religieuse a pris de nos jours une extrême importance dans les pays où la religion catholique est professée par la majorité ou par une fraction considérable de la population. L'opposition, latente jusqu'ici, entre cette religion et les tendances politiques des sociétés modernes, s'est tout à coup manifestée avec violence. Tandis que les institutions qui ont pour but de garantir la liberté des citoyens, s'établissent ou se consolident presque par

tout, on voit le catholicisme romain s'en déclarer, au nom de ses dogmes immuables, l'implacable ennemi.

Pendant longtemps on a pu se faire illusion sur cet antagonisme qui éclate aujourd'hui avec tant de force. Dans plusieurs pays on a vu se conclure, entre le pouvoir civil et le chef de l'Église catholique, des compromis qui ont restreint sur quelques points, étendu et assuré sur d'autres, l'action de celle-ci. Cette situation avait engagé le clergé à user de ménagements. Maître de l'enseignement public ou de la partie principale de cet enseignement, celle qui embrasse l'éducation, il se consolait de ne pas avoir la direction exclusive du pouvoir civil, par l'espoir de la conquérir bientôt en façonnant à la théocratie l'esprit des jeunes générations.

Un instant on a même pu croire que le clergé catholique s'était converti au libéralisme. Il semblait admettre que la liberté, sous toutes ses formes, serait favorable au triomphe du catholicisme. C'était le temps où les doctrines de Lamennais avaient pénétré dans son sein. Ces doctrines rencontraient en France d'éloquents défenseurs, tandis qu'en Belgique elles amenaient les catholiques à voter, avec les libéraux, les libertés inscrites dans la Constitution de ce pays.

Mais on a été bien vite détrompé. Le pape Grégoire XVI n'a pas tardé à anathématiser le

lamennaisisme et les libertés modernes. Son successeur Pie IX, après avoir donné à ses Etats une constitution libérale, s'est hâté de la désavouer et de revenir à la politique autoritaire, qui est dans la logique comme dans les traditions du catholicisme. En 1864 il a déclaré l'incompatibilité absolue de la doctrine catholique et du libéralisme. Puis, en 1870, il s'est proclamé infaillible, donnant ainsi à ses décisions la valeur de dogmes qu'il n'est plus permis de rejeter sans cesser d'appartenir à l'Église.

Aujourd'hui le catholicisme n'est plus seulement pour le libéralisme une menace plus ou moins déguisée et lointaine, il est devenu un danger immédiat et permanent, un ennemi déclaré et irréconciliable. Désormais tout vrai catholique doit croire, comme articles de foi, que la liberté de conscience et de culte, la liberté de la parole, de la presse et de l'enseignement, la liberté de réunion et d'association sont des inventions abominables de l'esprit du mal, que son devoir est de combattre à outrance par tous les moyens dont il dispose. Il est obligé de croire que la doctrine catholique doit être la seule source du droit civil et que le pouvoir temporel doit être subordonné à l'Église. En un mot, tout citoyen qui professe la religion catholique doit abdiquer sa raison et sa

volonté pour obéir aveuglément au pape qui se dit infaillible.

Il s'est formé ainsi dans tous les pays catholiques une armée qui travaille sans relâche à détruire les libertés modernes et à restaurer la théocratie du moyen âge.

L'Église ne peut plus revenir sur ses décisions sans laisser mettre en doute l'autorité qu'elle prétend avoir reçue de Dieu, et par conséquent sans se suicider. C'est elle-même qui a déduit les conséquences politiques de son principe; il ne lui est plus possible de les nier. La lumière s'est faite dans les esprits; il n'est au pouvoir de personne de la supprimer.

La lutte entreprise peut, il est vrai, présenter encore des phases d'apaisement; mais elle sera fatalement poursuivie, et elle ne saurait plus se terminer que par la défaite de l'Église catholique qui représente l'autorité surnaturelle et le droit divin, ou de la société moderne qui est le résultat du libre examen et de la souveraineté du peuple.

Cependant, malgré la netteté d'une pareille situation, tous les libéraux ne sont pas parvenus à la comprendre. Il en est encore, et en grand nombre, qui prétendent que le libéralisme doit s'interdire les discussions religieuses et respecter également toutes les

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