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L'abstention n'est plus possible. Les défenseurs de la raison humaine, les libéraux en particulier, ne peuvent point en abandonner la solution au hasard ou à la force matérielle. Ils doivent chercher dans la science les règles de leur conduite.

Il est donc important de vérifier les opinions qui existent sur le libéralisme et le catholicisme, de les soumettre à un nouvel examen plus approfondi, s'il est possible, et de rechercher les moyens de faire cesser l'anarchie qui règne dans les esprits, qui entrave le progrès et qui menace, avec l'ordre public, les conquêtes les plus précieuses de la civilisation moderne.

LE LIBERALISME

ET LES

IDÉES RELIGIEUSES.

I.

LE LIBÉRALISME.

Le libéralisme est le système qui entend fonder l'organisation politique et sociale des nations sur le principe de la liberté. Le libéral veut la liberté non-seulement pour lui-même et pour ceux qui pensent comme lui, mais encore pour ses adversaires. A ses yeux, l'État n'est institué que pour faire respecter la liberté des citoyens, et leur liberté c'est la faculté d'exercer les droits qu'ils tiennent de leur nature et des conditions essentielles de toute société humaine. Au-dessus des lois positives, civiles et politiques, il reconnaît par conséquent l'existence de droits naturels; ces droits, il les nomme libertés constitutionnelles, lorsqu'ils sont inscrits dans une constitution,

Les libertés et les droits naturels, qui doivent être placés en dehors de toute atteinte, sont la liberté individuelle et l'inviolabilité du domicile, la liberté d'opinion et de conscience, la liberté de la parole, de l'enseignement, de la presse et des cultes, la liberté d'association et de réunion, la liberté de la propriété et le consentement à l'impôt, la liberté du travail, de l'industrie et du commerce, l'égalité de tous devant la loi, l'égale répartition des charges publiques, l'admissibilité de tous à toutes les fonctions et à toutes les professions, le droit à la sécurité et à la justice, le droit à l'assistance sans nuire à la responsabilité individuelle, enfin le droit de participation à la souveraineté nationale ou au gouvernement de la société par elle-même.

Le libéral croit que par l'exercice de tous ces droits et de toutes ces libertés il s'établira, chez tous les peuples parvenus à un certain degré de développement intellectuel et moral, un ordre social approprié aux besoins généraux de l'humanité ainsi qu'aux idées, aux sentiments, aux mœurs et aux intérêts particuliers de chacun d'eux. Il croit aussi que la liberté est ce qui favorise le mieux le développement individuel et le progrès social. Enfin, il est partisan de toutes les réformes possibles ou pratiques, à la condition qu'elles soient réclamées par l'opinion publique ou la volonté éclairée de la nation, ce qui veut dire que, pour lui, l'opinion commune ou générale, formée par l'exercice de toutes les libertés et manifestée dans les formes légales, est seule compétente pour régler les affaires humaines, et qu'à ce titre, elle doit seule présider au gouvernement de la société.

Selon la doctrine du libéralisme, le pouvoir civil ne relève, par conséquent, que de la yolonté nationale; il doit être indépendant de toute église et de toute croyance religieuse. Le vrai libéral s'oppose également aux empiétements des églises sur l'État, et à l'interven

tion de celui-ci dans les affaires intérieures des églises. Une autre conséquence des principes du libéralisme, c'est que, lorsque la liberté et les droits naturels sont garantis par une constitution qui peut être révisée, aucune action révolutionnaire n'est admissible. Les réformes, pour se faire, doivent obtenir l'assentiment de la majorité, et elles ne sont légitimes que lorsqu'elles ne portent aucune atteinte aux libertés essentielles.

On voit, d'après cela, que le libéralisme se fonde sur la liberté et l'existence de droits et de devoirs naturels chez les citoyens, sur l'égalité des droits de ceux-ci et une certaine solidarité entre eux, sur la croyance au progrès, et enfin sur la souveraineté de la raison humaine dans le gouvernement de la société.

Cette opinion des libéraux est-elle justifiée ? S'il est vrai, comme ils le prétendent, que l'ordre dans la société peut résulter de la liberté, ne faut-il pas admettre que les esprits sont soumis à des lois fixes et coordonnées entre elles, susceptibles d'être formulées par la science et réduites en système, comme l'ont été par l'astronomie celles qui régissent les corps célestes ? Dans ce cas, quelle est la doctrine philosophique et morale qui se déduit rigoureusement des principes essentiels du libéralisme?

* **

Prenons d'abord la liberté et les droits naturels.

L'homme sain d'esprit est partout considéré comme responsable de ses actes, ce qui signifie qu'il en est la cause intelligente et consciente, qu'il doit faire un choix entre les motifs qui se présentent à lui, et que les conséquences de son choix doivent, de quelque manière, retomber sur lui-même. A un degré quelconque tout homme s'appartient, parce qu'il dispose souverainement de sa volonté. Il peut puiser ses motifs à deux sources

différentes les besoins et les jouissances du corps ou ceux de la pensée. Ces derniers s'opposent parfois aux premiers jusqu'à exiger, pour être satisfaits, le sacrifice de la vie. Selon le choix qu'il fait, l'homme agit bien ou mal, il est dans la vérité ou dans l'erreur.

Sans doute, nous pouvons nous tromper sur ce qui est bien ou mal dans une foule de circonstances, mais nous faisons invinciblement une distinction entre nos actes volontaires; nous qualifions les uns de bons et les autres de mauvais d'après certaines règles qui diffèrent des lois purement physiologiques de notre nature corporelle. Pour être appliquées, ces règles ont besoin de notre libre assentiment; le corps, au contraire, obéit malgré lui aux lois qui le régissent. Cette distinction primitive du bien et du mal est à la pensée ce que la lumière et les ténèbres sont à nos yeux. Ce qui éclaire notre esprit, c'est une notion que nous avons naturellement de la perfection. Le progrès moral est l'application et le développement de cette notion de perfection que nous trouvons en nous, comme le progrès de la géométrie résulte du développement et de l'application des axiomes ou principes évidents par eux-mêmes qui lui servent de base. L'idée de règle morale est le type des règles particulières que nous nous traçons pour nous aider à distinguer le bien du mal dans les différentes circonstances de la vie. Cette idée primordiale nous est fournie par ce que l'on nomme la conscience; elle y apparaît d'abord comme sentiment vague, pour devenir ensuite, sous l'empire de la raison, une notion plus ou moins claire et définie.

La conscience est donc une lumière intérieure, qui peut être faible ou forte, obscurcie ou brillante, altérée ou pure, mais qui luit toujours au fond de notre pensée. C'est par elle que nous pouvons faire un choix parmi les motifs de nos actions et que nous nous sentons responsables de l'usage de notre liberté. Elle nous montre notre

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