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s'étaient trouvés les premiers hommes d'employer des images ou des symboles pour exprimer leurs idées. C'est sa principale source; car ce qui domine dans le christianisme, ce qui lui est essentiel, c'est l'idée du salut par la foi en une rédemption divine. Sa partie morale est dérivée du dogme de la miséricorde de Dieu et lui est entièrement subordonnée; toutefois, le sentiment du devoir et de l'idéal, particulier à la race âryenne, a contribué aussi à la former. Mais ce n'est pas par là que le christianisme est une religion positive. Ce qui fait l'essence d'une pareille religion c'est l'idée de relations surnaturelles entre l'homme et Dieu, et cette idée est sortie de la légende solaire du Sauveur. Dans les religions de l'antiquité, l'interprétation matérialiste de la légende a prévalu; dans le bouddhisme et dans le christianisme, c'est l'interprétation spiritualiste. Le triomphe de celle-ci a été une suite naturelle de l'attraction qu'exercent sur l'esprit humain le Vrai et le Bien. L'analogie du mal moral dans l'humanité et du mal physique dans la nature causé par l'hiver ou le passage du soleil dans l'hémisphère austral, puis l'analogie du bien moral et du bien-être matériel produit par le retour du soleil au printemps, ont fait admettre la chute originelle de l'homme et la rédemption du genre humain par une intervention de la Divinité. La croyance en un Dieu immolé et renaissant, à l'image du soleil au solstice d'hiver et à l'équinoxe du printemps, est au fond de toutes les religions positives, sauf celle des Hébreux, dans laquelle le dieu sauveur est remplacé par un homme envoyé de Dieu. Cette croyance a été épurée et spiritualisée peu à peu dans les mystères de l'antiquité. L'interprétation morale ou idéaliste de la légende solaire du Sauveur a été répandue chez les Juifs par les prophètes, par la doctrine secrète de la Cabale, par les esséniens et les thérapeutes, comme elle l'a été dans le monde gréco-romain par les associations pythagoricien

nes, les écoles philosophiques de Platon et des néo-platoniciens, le culte de Mithra et les sectes gnostiques. De même que par le bouddhisme en Orient, elle a triomphé de l'interprétation matérialiste en Occident par le christianisme.

L'établissement d'une religion morale et spiritualiste, objet des aspirations les plus élevées de l'humanité, vers la fin de l'antiquité païenne, exigeait la réunion de conditions nombreuses. Elles furent réalisées non pas par l'enseignement de Jésus, mais par une suite de tâtonnements et de transactions qui aboutirent insensiblement aux doctrines et aux croyances qui ont reçu le nom de Christianisme, longtemps après la mort de Jésus de Nazareth. Cette dénomination dérivait d'un nom adopté dans les mystères de l'antiquité pour désigner le Sauveur qui devait régénérer le monde. Chez les païens, le nom de Christ était celui d'un dieu; chez les Hébreux il fut celui d'un homme élu de Dieu et c'est pourquoi Daniel et les prophètes lui préféraient celui de Fils de l'homme ou de Messie. Lorsque la conciliation, plus apparente que réelle, des doctrines orientales, païennes et juives, proposée par St. Paul, par St. Jean et les Pères de l'Église, fut acceptée généralement, plutôt par lassitude des controverses que par conviction, tant était grand le besoin de croyances spiritualistes et morales définitives, on donna à la religion nouvelle le nom de Christianisme qui exprimait à la fois l'attente des Juifs et celle des païens.

Plusieurs tentatives de conciliation furent faites. Une seule réussit; ce fut la plus complète, celle qui offrit le moins les caractères d'une œuvre personnelle. Ce qui fait la supériorité du christianisme sur les autres religions qui ont paru dans le monde, c'est qu'il est le produit des forces collectives de l'humanité. Toutes les nations, toutes les religions, tous les systèmes philosophiques, toutes les aspirations morales et politiques de l'époque

ont concouru à sa formation, grâce aux circonstances particulières au milieu desquelles il a été élaboré. On peut dire que presque toutes les religions et toutes les idées philosophiques de l'antiquité sont venues se fondre dans l'empire romain comme en une vaste fournaise, et que le christianisme en est sorti. Les vices et les abus de toute espèce, produits par les religions naturalistes et par le règne de la force, étaient parvenus à un tel degré de violence qu'ils avaient enfin provoqué une réaction générale en faveur d'une religion plus élevée et d'une morale plus pure.

Cet immense besoin de réforme religieuse et sociale qui agitait le monde à cette époque, faisait reporter la pensée sur les anciennes prophéties tirées de la légende solaire. Tous les esprits étaient tendus vers la satisfaction de ce besoin. De là cette attente générale d'un sauveur, que les historiens constatent, et les tentatives plus ou moins heureuses qui furent faites pour y répondre. Le passage de la religion dè la nature à la religion de l'esprit, qui devait déplacer les bases de la société, s'est opéré par l'effort de tous, par le concours de toutes les forces de l'humanité, les unes inconscientes, les autres plus ou moins éclairées sur le but poursuivi. Toutes les autres révolutions religieuses qui se sont faites dans l'antiquité, ont été particulières à quelques peuples et sont nées de circonstances purement nationales ou locales. Le christianisme, au contraire, est la résultante des faits, des idées et des tendances générales de l'humanité sous la domination romaine; sa supériorité vient de la multiplicité des éléments qui le composent et dont il forme la synthèse.

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La science a donc démontré que le christianisme tout entier, avec ses dogmes, ses rites et sa morale, est de formation purement humaine, une suite naturelle et

directe des lois de la pensée et des faits qui se sont produits dans le monde. Dès lors, toute tentative pour faire revivre, dans un intérêt politique et social, la croyance au surnaturel, c'est-à-dire à une révélation et à une rédemption par un Sauveur divin, serait vaine et dangereuse. La croyance au surnaturel est désormais frappée à mort. Bientôt la diffusion de l'instruction fera pénétrer la vérité jusque dans les couches les plus profondes de la population. Il faut donc en prendre son parti et chercher ailleurs la base de la morale et de l'ordre dans la société.

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III.

LE CATHOLICISME.

La nécessité de l'accord des idées religieuses et morales d'un peuple avec ses idées politiques est tellement impérieuse, qu'elle s'impose même aux libéraux formalistes. Ces libéraux prétendent que le libéralisme ne doit s'occuper que des formes de la liberté, et qu'il lui est indifférent que l'esprit de liberté règne ou non dans le domaine de la religion et de la morale. Qu'importe, disent-ils, ce que les hommes pensent sur Dieu et sur le principe de la morale, s'ils respectent la liberté et l'égalité dans la société. Cependant, on les a vus partout et toujours demander que le clergé catholique s'abstienne de politique, qu'il se renferme dans le sanctuaire et qu'il adopte les idées de liberté et de souveraineté du peuple. On les a vus favoriser de tout leur pouvoir les tentatives qui ont été faites pour réformer l'Église dans un sens plus libéral, et établir l'accord de la foi et de la raison, de l'autorité et de la liberté, du droit divin et du droit naturel. Malgré eux, ils rendaient ainsi hommage à l'unité de la vérité, ils reconnaissaient le besoin de logique qui pousse les peuples à tirer, des principes qu'ils adoptent, leurs conséquences pratiques et à chercher le fondement de l'ordre social et de la paix publique dans

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