AVANT-PROPOS UOIQUE tous les Tems de l'Année foient deftinés à notre fanctification; cependant l'on a donné le nom de Sainte à cette Semaine, tant pour marquer la fainteté des Myftères que l'Eglife célèbre; que pour nous avertir que nous la devons paffer dans un plus grand recueillement d'ef prit, & une plus grande fainteté de mœurs de peur de profaner, par une vie mondaine, l'excellence du Sacrifice que JéfusChrist offre à fca Pere, pour expier les iniquités du Monde. C'est donc dans ce tems, plus que dans aucun autre, que les FidèTome III. ( a ? les doivent ranimer leur ferveur & redoubler leurs bonnes cuvres, Leur coeur doit être brifé d'une douleur plus vive de leurs péchés, d'une componction plus amère; & les égaremens de leur vie doivent être effacés par leurs larmes, Que les affaires les plus importantes felon le Monde, cédent donc à l'importante affaire du falut. Eh comment notre Foi ne fe ranimeroit-elle pas à l'approche de ces jours, où les grands Mystères de notre Religion fe renouvellent? Comment notre amour ne prendroit-il pas de nouvelles forces, en ce tems où le Sauveur du Monde nous donne de fon amour pour nous la marque la plus éclatante? C'est un Dieu, c'est notre Dieu même qui fouffre, meurt, & bien-tôt après fort victorieux du tombeau, C'eft pour moi qu'il meurt, c'eft pour moi qu'il reffufcite. Il me pas délivre par fa mort, de la mort éternelle que j'avois méritée; il m'ouvre par fa Réfurrection la porte du Ciel, qui m'eût été fermée pour jamais. Quels plus grands bienfaits! Si nous cullions été préfens à la fcène touchante qui fe paffa à Jérufalem, quelle impreffion n'eût fait fur nos fens, l'outrage fait au plus innocent de tous les hommes! Serat-elle moins vive, parce que nous ne connoiffons qu'en récit, la bonté du Sauveur, qui a bien voulu fe foumettre à l'injuftice de fes Juges? Et la distance des tems doit-elle affoiblir un événement> dont les précieux effets, font toujours préfens à nos yeux? La mort de Jéfus-Christ n'eft point paffée, puifque tous les jours nous en recueillons de nouveaux fruits. Elle devroit donc être toujours préfente à notre mémoire, toujours chère à notre cœur, L'Eglife affligée de la mort de fon époux marche gravement dans fon chant & fes cérémonies: revêtue d'ornemens lugubres, elle ne fait plus retentir les Temples, que d'accens plaintifs: on diroit prefque qu'elle eft enfevelie avec l'Epoux qu'elle regrette. Quelle doit être fa douleur, en voyant des enfans dénaturés, ne point partager fes regrets & fon affliction! Un fils, s'il n'a point encore étouffé la voix de la nature, s'empreffe de recevoir les derniers avis d'un Pere mourant, de recueillir fes derniers foupirs; il approche du lit où il est étendu, il marque fa tendreffe par fes embraffemens; il voudroit donner fa vie, pour celui de qui il a reçu le jour, Ses regrets ne fe terminent pas à la mort de celui qu'il aime. Il fe plaît à s'entretenir de fa douleur; il éloigne de lui tout ce qui pour toit l'en diftraire. Vains plaifirs |