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étrangers au catholicisme que se rencontraient, avant la définition du 18 juillet 1870, de graves erreurs sur l'infaillibilité. Le rédacteur en chef d'un grand journal catholique de Paris, écrivain d'un mérite supérieur, ardemment dévoué à l'Église, et qui, depuis la publication de la constitution dogmatique du Concile, a bien certainement reconnu son erreur, ne s'imaginait-il pas, contrairement à l'enseignement de tous les théologiens, qu'il exprimait la pure doctrine infaillibiliste, en assimilant de la manière la plus formelle l'«< infaillibilité » avec l'« inspiration », et en faisant les Papes « directement inspirés de Dieu », comme les patriarches et les prophètes? Et auparavant, un magistrat, héritier du nom de l'auteur de la Législation primitive, n'avait-il pas écrit cette phrase étrange: « Il est nécessaire » d'affirmer carrément l'autorité et l'omnipotence du Pape comme étant la source de toute autorité spi» rituelle et temporelle. La proclamation du dogme de » l'infaillibilité du Pape n'a pas d'autre objet1. »

Il n'est pas étonnant qu'en présence de ces affirmations, certains esprits, même parmi les catholiques, se soient sentis troublés, et qu'ils aient eu le tort, ou plutôt peut-être le malheur, de confondre des opinions, des imaginations individuelles, avec

1 Tout l'ouvrage du savant secrétaire général du Concile, dont nous donnons la traduction, est, on peut le dire, la réfutation de cette thèse.

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l'enseignement de la grande école ultramontaine. Le P. Gratry, cette belle intelligence et ce noble cœur, pour qui avouer ses erreurs était, selon ses propres expressions, « faire acte d'honneur intellectuel et produire l'acte scientifique le plus haut »> exprimé d'une manière saisissante, dans une lettre particulière à un de ses collègues de l'Académie, la joie qu'il avait éprouvée en voyant que la définition du Concile ne justifiait aucune des craintes qu'il n'avait pu s'empêcher d'éprouver.

« J'ai combattu, dit-il, l'infaillibilité inspirée; le » décret du Concile repousse l'infaillibilité inspirée. >> J'ai combattu l'infaillibilé personnelle; le décret pose » l'infaillibilité officielle. Des écrivains de l'école que » je crois excessive ne voulaient plus de l'infaillibi»lité ex cathedra, comme étant une limite trop » étroite; le décret pose l'infaillibilité ex cathedra. » Je craignais presque l'infaillibilité scientifique, l'in» faillibilité politique et gouvernementale, et le décret » ne pose que l'infaillibilité doctrinale en matière de >> foi et de mœurs. Tout cela ne veut pas dire que je » n'ai pas commis d'erreurs dans ma polémique. J'en >> ai commis, sans doute, sur ce sujet et sur d'au» tres; mais dès que je connais une erreur, je l'ef» face, et je ne m'en sens pas humilié 1. »

Au

Voir le Correspondant du 25 février 1872, p. 726. moment où le P. Gratry écrivait cette lettre, il ne connaissait pas encore l'instruction pastorale des évêques suisses qui confirme

En Allemagne, un illustre historien catholique, savant de premier ordre, Mgr Héfélé, évêque de Rottenbourg, dans le Wurtemberg, a passé, lui aussi, par l'épreuve que le P. Gratry avait eu à traverser, et, lui aussi, il en est sorti grandi. Amené, il y a quelques mois, à s'expliquer publiquement au sujet d'une lettre confidentielle qu'il avait écrite le 11 novembre 1870, et que l'indiscrétion la plus coupable avait communiquée à un journal allemand, Mgr Héfélé n'a point fait difficulté d'avouer qu'après la définition de l'infaillibilité pontificale, il s'était livré dans son âme un «< combat» qui dura jusqu'au mois d'avril 1871. « Alors, dit-il, je réussis à subordonner sincère>>ment mon sens propre (meine Subjectivitat) à la plus >> haute autorité de l'Église et à me réconcilier avec » le décret du Concile, ce dont rend témoignage ma

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complétement ce qu'il dit ici, et qui a été hautement approuvée par Fie IX. « On ne saurait dire, enseignent les évêques suisses, » que le Pontife romain est personnellement infaillible, en ce » sens que chacune de ses affirmations serait infaillible et qu'il ne dépendrait que de ses vues personnelles d'imposer aux fidèles la » foi en de nouveaux dogmes. Le Pape n'est infaillible ni comme >> homme, ni comme savant, ni comme prêtre, ni comme évêque, >> ni comme prince temporel, ni comme juge, ni comme législateur. >> Il n'est ni infaillible ni impeccable dans sa vie et dans sa conduite, >> dans ses visées politiques, dans ses relations avec les princes, ni » même dans le gouvernement de l'Eglise; mais il l'est uniquement >> et exclusivement quand, en qualité de docteur suprême de l'Église, il prononce en matière de foi et de mœurs une décision » qui doit être acceptée et tenue comme obligatoire par tous les fidèles. » On trouvera cette doctrine développée et éclairée par de nombreux exemples dans l'ouvrage de Mgr Fessler que nous publions.

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>> lettre pastorale du 10 avril 1871. » « Ce que je

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prévoyais, ajoute-t-il, est arrivé; cette démar» che m'a attiré bien des persécutions; mais, en >> revanche, elle m'a rendu la paix intérieure. Ce qui a notablement facilité et hâté ma soumission, ç'a » été de voir que le parti à l'interrogation duquel je répondais le 11 novembre 1870 (celui qui depuis a >> pris le nom de «< vieux-catholiques »), marche de >> plus en plus manifestement, et sans pouvoir s'arrê»ter, vers un schisme, engagé qu'il est dans une >> funeste alliance avec toute sorte d'éléments qui, » par rapport à lui, sont tout à fait hétérogènes. >>

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Quelques jours après la publication de cette lettre, une correspondance de Rome, adressée au principal journal catholique d'Allemagne, la Germania, de Berlin, correspondance qui n'a pas été démentie, faisait connaître une circonstance qui a exercé une grande influence sur la soumission de l'évêque de Rottenbourg. Dans le courant de mars 1871, un ami de Mgr Héfélé, feu Mgr Fessler, évêque de Saint-Hippolyte en Autriche, qui avait rempli au concile du Vatican, en vertu d'un décret de nomination signé par Pie IX, les importantes fonctions de secrétaire général, envoya à Mgr Héfélé une brochure qu'il venait de publier sous ce titre : La vraie et la fausse infaillibilité des Papes. Réponse à M. le docteur Schulte. Après avoir examiné avec soin cet ouvrage, Mgr Héfélé écrivit à Mgr Fessler que, sur les points princi

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paux, il était d'accord avec lui; seulement il doutait que les idées de Mgr Fessler fussent regardées à Rome comme la véritable doctrine sur le sujet en question. Mgr Fessler répondit aussitôt que, par ordre du Pape, sa brochure avait été soumise à Rome à une commission de théologiens de différentes nationalités, dont le jugement avait été complétement favorable, et que Pie IX lui-même, après avoir lu attentivement l'ouvrage, qu'il s'était fait traduire en italien, en avait exprimé à l'auteur sa pleine satisfaction dans un bref écrit de sa propre main, l'engageant à continuer à rectifier les idées erronées qui pouvaient s'être répandues dans les esprits. Le récit du correspondant de la Germania est confirmé par les citations que Mgr Héfélé fait du travail de Mgr Fessler dans la circulaire du 10 avril 1871, par laquelle il communique officiellement à son clergé la constitution du concile du Vatican sur l'infaillible magistère du Pontife romain.

Ce livre, qui a produit une telle impression sur un homme de la valeur de Mgr Héfélé, est celui dont nous publions aujourd'hui la traduction. Nous espérons qu'en France aussi il fera du bien.

Quelques détails sur l'auteur et sur son ouvrage ne seront peut-être pas sans intérêt.

Né en 1813, en Autriche, dans le Vorarlberg, enlevé le 25 avril 1872 à l'Église et à la science par une mort prématurée, Joseph Fessler professa de

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