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au chiffre et à l'essence de ces dérivés, ferait le principal mérite de ce petit tableau, si l'on pouvait y ajouter foi pleine et entière; mais le doute est permis. La langue française exercerait bien davantage la patience d'un glossologue, car avant la révolution de 1789 elle comptait 32,000 mots; maintenant on en porte le nombre à 40,000; et si peu que cela continue aussi rapidement, bientôt nos mots atteindront le chiffre des lettres de l'alphabet chinois, qui n'est, dit-on, que de 80,000.

11° xv SIÈCLE. LES DEMANDES FAITES PAR LE ROI CHARLES VI, touchant son état et le gouvernement de sa personne, avec les réponses de Pierre Salmon son secrétaire et familier; publiées avec des notes historiques d'après les Manuscrits de la bibliothèque du Roi; par G. A. Crapelet, imprimeur, chevalier, etc.; dix planches et fac-simile. A Paris, de l'imprimerie de Crapelet, 1833, gr. in-8° de XXII-176 pag., avec un fac-simile et neuf plan

ches. Prix: 30 fr.

Ce volume, imprimé avec des titres de chapitres en encre rouge, est un des plus curieux de la collection, soit pour ce qu'il renferme, soit pour son exécution typographique, conforme, autant qu'il a été possible, au beau manuscrit (sur vélin) de la bibliothèque du Roi, que M. Crapelet a pris pour copie, et dont il donne la description, pp. xvпI-xxII ; il l'a préféré à un autre (sur papier ), dont il donne aussi la description, et qui est comme une seconde édition du premier, mais différente et plus ample sans être meilleure. Les neuf gravures qui accompagnent l'ouvrage sont fort curieuses à cause des costumes, surtout celles où Charles VI est représenté soit debout ou assis avec les ornemeus royaux, soit couché, etc.

.

Dans l'une d'elles on voit Salmon présentant son livre (le premier mss.) à Charles VI (en 1409). Ce volume, petit in-fol., écrit en belle bâtarde à longues lignes (28 par page), est composé de 121 feuillets de beau vélin. Il a éte acheté à la vente des livres du duc de La Vallière, en 1783, pour la somine de 1299 liv. 19 s. Voyez la longue et curieuse Notice sur cet ouvrage dans le catalogue des livres précieux de ce duc, tom. I, no 5070, pp. 197-106. Cette Notice doit être du célèbre M. Van Praet. Le Prologue, dans le volume de M. Crapelet, occupe les pp. 4-11; puis les Demandes, les pp. 12-40. Viennent ensuite les Lamentacions et les Epistres de P. Salmón, pp. 41-167; cette partie historique est très-intéressante. Salmon, parlant de son ouvrage dans son prologue à Charles VI, fait preuve de piété et de modestie, comme on le voit par ce passage, pag. 9:

« Très hault et excellent prince, à l'onneur et loenge « d'icellui mesmes mon créateur (il venait de parler de « Dieu), de sa glorieuse mère et de toute la court de << Paradis et le salut de vostre ame aussy, se Dieu plaist, <«<et le bon gouvernement de vous et de vostre royaume, « j'ay pris ma plaisance et devocion selon mon rudeengin (génie) et gros entendement de escrire et compiler « ensemble les choses cy-aprèz escriptes.........» .!

Le volume est terminé par une table des matières en 8 pages.

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12° XII SIÈCLE. PARTONOPEUS DE BLOIS, publié pour la première fois d'après le Manuscrit de la bibliothèque de l'Arsenal, avec trois fac-simile; par G. A. Crapelet, imprimeur, chevalier, etc. A Paris, de l'imprimerie de Crapelet, 1834, 2 vol. gr. in-8°, le premier de 47-LXVIII-172 pag., avec

les trois facsimile; le second,

Prix : 45 fr.

de 224 pages.

On fait remonter la composition de ce poëme au xn1° siècle. Les pièces préliminaires, toutes marquées au coin de l'érudition, présentent le plus grand intérêt. Elles offient,

1o Une Préface de l'éditeur (M. Crapelet), pp. 1-20, chiffrées au bas de la page. Ce morceau, très-bien fait, renferme des jugemens et des principes littéraires dictés par la raison et avoués par le goût le plus pur,

2o La Description des trois manuscrits consultés pour cette publication, savoir celui de l'Arsenal que l'on a suivi particulièrement, celui de la bibliothèque du Roi, n° 1830, et un autre également de la bibliothèque du Roi, no 6985. Trois fac-simile reproduisent une même page prise dans chaque manuscrit, afin que l'on puisse comparer et apprécier les trois différens textes. Ces descriptions occupent les pp. 21-47. M. Crapelet, auteur de ces descriptions, y mentionue un travail vraiment incroyable d'un célèbre amateur, M. de Monmerqué, si versé dans la littérature du moyen âge et si au courant du siècle de Louis XIV. C'est une copie de PARTONOPEUS exécutée par M. de Monmerqué lui-même, et formaut un volume de 728 pages, avec toutes les variantes que présentent les trois manuscrits en question et un quatrième qui appartenait à M. Garnier; toutes ces variantes sont indiquées en encre de différentes couleurs, noire, rouge, bleue et verte. M. Crapelet a bien raison de dire que, » c'est une œuvre d'amour et de patience littéraires, qui aurait effrayé un Bénédictin et qui « est étonnante et admirable chez le savant et l'homme du » monde. »

3o Un Examen critique du poëme de Partouopeus, par M. Robert, conservateur de la bibliothèque de Sainte Geneviève, pp. iij-lxviij. Le savant auteur de ce morceau intéressant commence par tracer rapidement l'histoire de la langue romane, et fait très bien ressortir ses différentes phases jusqu'au

XIe siècle; puis arrivant au poëme de PARTONOPEUS, il en donne une analyse raisonnée qui en développe parfaitement toute l'importance. Vient ensuite le texte du poëme qui occupe 172 pages du premier volume, et 198 du second. La défectuosité des mss. est cause qu'il n'est point terminé; om en est resté au 10,856 vers; mais il manque peu de chose. Citons de ce long poëme un petit passage sur la division de la terre en trois parties, les seules connues alors :

Li livre griu (grecs) et li latin

Nos devisent de fin en fin

Trestot le mont (monde) en trois parties,

Si's ont par nom bien escharies:

Europe ont l'un quartier nomé,

Aufrique r'ont l'autre apelé,

C'est la moitié ; et autretant

Tient toute seule Aise (Asie) la grant..... (Voy. p. 6.) Un vocabulaire de 13 feuillets termine le second volume.

Nous annonçons à regret que ce beau livre est le dernier que doit publier dans ce genre M. Crapelet, puisqu'il dit lui-même dans la préface: « Cet << ouvrage sera la fin et le complément de cette col«<lection. » Espérons que ce n'est pas là le dernier mot de M. Crapelet, ou pour mieux dire, espérons que des encouragemens aussi indispensables que justement mérités (car ici disparaît toute idée de spéculation mercantile), le mettront dans le cas de continuer une entreprise si précieuse pour l'histoire de notre langue, si honorable pour la typographie française et si glorieuse pour la littérature du moyen âge.

FIN.

ADDITION relative au changement de prononciation dans certains mots de la langue française, pour faire suite à la NOTE, pp. 15 et 16, sur l'altération de la prononciation du latin.

L'époque où s'est opéré un changement de prononciation dans certains mots de la langue française, n'est pas aussi incertaine que celle de l'altération de la prononciation du latin, qui cut lieu depuis l'invasion des Barbares, c'est-à-dire depuis les IV et Ve siècles. Nous savons, par exemple, que sous le règne de François Ier, la dernière syllabe des mots anglois, françois, j'aimois, j'étois, etc., avait le même son que les monosyllabes loi, soi, moi, toi; ainsi l'on prononçait angloi, françoi, j'aimoi, j'étoi; etc. Mais vers la fin du règne de Henri II, fils et successeur de François Ier, cette même syllabe ois a coinmencé à se prononcer ès ou ais, et voici à quelle occasion. Henri II épousa en 1533 Catherine de Médicis, fille unique de Laurent de Médicis, née à Florenee. Cet événement attira beaucoup d'Italiens à la cour de France, et plusieurs y prirent rang. Comme la langue italienne est privée du son oi, ces nouveaux venus, embarrassés pour prononcer cette diphthongue, qui se trouve dans une infinité de mots, surtout dans les imparfaits des verbes, y substituèrent le son de l'è ouvert. Bientôt cette nouvelle prononciation imitée et affectée par les courtisans français pour plaire à la reine, se répandit et passa de la cour à la ville; de sorte qu'il fut du bon ton de prononcer à l'italienne. Ce fait nous est révélé par Henri Estienne dans ses DEUX DIALOGUES du nouveau langage françois italianize et autrement déguisé entre les courtisans de ce temps. Paris (1579), in-8°. L'auteur s'exprime ainsi : « On n'ose plus dire, françois, françoise, sur peine d'estre appellé pé«dant; mais faut dire francès, francèse comme anglès, an

་་

« glèse, j'étès, je faisès, et non pas anglois, angloise, j'étois, « je faisois..... »

་་

Cependant ce changement de prononciation ne s'est fait ni subitement, ni généralement; car Boileau qui commençait à tra

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