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OPUSCULES.

DE

SAINT FRANÇOIS DE SALES.

HARANGUE

DE SAINT FRANÇOIS DE SALES AUX DOCTEURS DE PADOUE, DANS LAQUELLE IL LES REMERCIE DE LUI AVOIR DONNÉ LE BONNET De docteur. (Vie de saint François de Sales, par Auguste de Sales, liv. I", p. 29 du latin, page 22 du françois.)

S. François de Sales, étant dans sa vingt-quatrième année, prit le bonnet de docteur à Padoue, le 5 septembre 1591. Voici la harangue qu'il prononça dans l'assemblée de l'université, pour remercier les docteurs de sa réception.

Etsi satis apud me reputo quantum existimationis meæ intersit ut eas vobis gratias agere enitar, quas exigit à me maximas sacro-sanctum illud quod hodiernâ die in me collocastis beneficium, reverendissime proantistes, venerande prior, patres conscripti; cùm tamen iis agendis, ut par est, neque me satis esse, et vos gravissimis occupationibus intentos interesse commodè non posse, cognoscam; vestræ commoditatis quam meæ ipsius existimationis amantior, ab hoc debito grati animi officio libenter abstinuissem. Verùm meum hoc tam alieno loco et tempore silentium ejusmodi esse censeo, ut in eo cum meå vestra quoque conjuncta sit existimatio. Si et enim me negligentem, ingratum ac stupidum, ut præsens ac tantum munus non cognoscerem, nobilissimus iste concessus judicaret, quales vos esse judices diceret, qui tam præclarum jamjam de me tulistis judicium.

Occurram ergo iis de vobis ac de me cogitationibus. Agnosco, spectabiles audito

res, hoc in me collatum ab iis eximiis patribus beneficium ejus esse generis, ut majus expectari in hâc mortalitate non possit. Cætera enim vel fortunæ vel corporis sunt ornamenta; hoc unum decoratûs ipsam exornat virtutem, quæ per se ornatissima est; atque eò majus splendidiusque munus hoc existimo, quod non solùm laurea, sed laurus ipsa mihi per hoc gymnasium collata est hoc est, non me solùm doctorem fecit, sed etiam dignum qui doctor forem

et nuncuparer.

Initia sanè litterarum patria carissima ad naturam addidit, quibus instructum parens optimus, optimâ spe me in dies doctiorem videndi conceptâ, in academiam Parisiensem misit, eo tempore florentissimam ac frequentissimam. Jam verò, heu! quæ rerum est vicissitudo! belli terroribus tabescit inclyta litterarum parens Lutetiana scola, ac solitudinem, quam Deus optimus avertat, primâ fronte minitatur. In hac humanioribus litteris primò operam navavi sedulus, tùm universæ philosophiæ, eò faciliori negotio ac uberiori fructu, quòd philo-ophiæ ac theologiæ scola illa ita sit addicta, ut ejus tecta propemodùm ac parietes philosophari velle videantur.

nis instar coram hoc nobilissimo consensu hanc animi contestationem recipite libenter ac benignè. Ego huic celeberrimo doctorum collegio, qualiscumque sum, me debeo, spectabiles auditores : ita testor, ita profiteor.

Tibi, Christe, Deus immortalis; gloriosissimæ Matri, angelo præsidi, beato Francisco cujus nomine vocari plurimùm delec tor, laus, honor, benedictio, et gratiarum actio. Tu, lex æterna, legum omnium regula, legem pone mihi viam justificatio num tuarum in medio cordis mei: quoniam beatus est quem tu erudieris, Domine, et de lege tud docueris eum.

Quod reliquum est age, quæso, illus trissime Pancirole, præceptor colendissime, purissimis ac beneficentissimis illis tuis manibus iis me ornamentis insigni tum facias, quibus tali loco constitutos gymnasium hoc alumnos suos dimittere consuevit exornatos.

Verùm huc usque nullam sacro-sanctæ juris scientiæ operam posueram at ubi ponendam posteà decrevi, nullo fuit opus consilio, quò me verterem, quò me conferrem; ad se statim hoc Patavinum gym-totum nasium me suâ celebritate pertraxit, plane faustis ominibus; quoniam per id tempus doctores ac lectionibus præfectos habebat eos quibus nunquam habuit nec deinceps est habitura majores: Guidum Pancirolum; jurisprudentiæ principem, lumen ac decus vestrum, patres, nullâ unquam tempestate periturum. Tunc mihi Jacobi Menochii voces audire vivas licuit, cujus mortuas, id est præclarè scripta, cuncti mirantur ac suspiciunt, et cujus recessus academiæ magno futurus erat utique detrimento, nisi in ejus locum Angelus Matheaceus, vir omni disciplinarum genere cumulatissimus, maturo planè consilio, non iniquâ permutatione suffectus fuisset. Quid pulchrius? juris canonici disciplinam ex eo monticulo derivatam haurire licebat, cujus verticem veluti Parnassum alium sorores musæ, dubio procul, inco- Monseigneur le révérendissime présilunt. Postea doctissimum Otellium habuit, dent, vénérable prieur, pères conscrits, « qui ita doctrinæ soliditatem jucunditate quoique je n'ignore pas combien il y va >> condire sciat, ut omne punctum tulisse de mon honneur que je vous rende au videatur, qui scilicet misceat utile jourd'hui de très-grandes actions de gra> dulci. » Docebat prætereà excellentissi- ces, et telles qu'elles soient proportionmus Castellanus, qui mihi eo tantùm nonées au précieux et singulier bienfait que mine extra ordinem docere videtur, quòd je viens de recevoir de vous; cependant, extra præterque ordinem, ac captum com- ne me sentant pas capable de répondre à munem doctus sit et doceat Primis deni la grandeur de ce devoir, et scachant ou que, ut cæteros omittam quàm plurimos, tre cela que les sérieuses occupations qui juris scientiæ jaciendis fundamentis op- vous appellent ailleurs ne vous permettent timè præerat Trevisanus. pas de vous arrêter ici plus long-temps; Hisce præceptoribus ferè omnibus quid-préférant votre commodité à ma réputation quid in me est civilis disciplinæ, ab hoc vestro collegio, Patres, ad me derivatum est, quod tale judicastis, ut ad lauream consequendam satis esse sententiâ vestra pronuntiaveritis, sententiâ, inquam, eâ quæ transeat in rem judicatam. Duplicem ergo ab hâc scolâ beneficientiam sum consecutus, quarum utra major sit nescio, (etsi) utramque maximam esse non ignorq; nimirum ut doctor sim, e: ut doctor esse potuerim.

Hinc quantam possem maximam grati animi significationem tempus hoc locusque postularent. Sed quoniam pro tanti beneficii dignitate, nec eloquentia mihi, nec vobis otium suppetit longioris oratio

propre, je me serois abstenu volontiers de rendre ce témoignage public de ma gratitude, si je ne me fusse persuadé que votre gloire étoit aussi intéressée que la mienne dans le silence, eu égard aux circonstances critiques de l'action, du lieu et du temps où nous sommes. Mais cela étant de la sorte, si cette noble assemblée étoit témoin que ma négligence, mon ingratitude et ma stupidité vont jusqu'au point de ne pas reconnoître la grandeur du bienfait présent, quel jugement porteroit-elle de vous, messieurs, qui en avez porté un si avantageux d'un sujet tel que moi?

J'irai donc au devant de ces préjugés que l'on pourroit former de vous et de

professeurs et des docteurs si célèbres, que jamais il n'y en a eu et il n'y en aura jamais de plus grands. Le premier qui se présente est Guy Pancirole (4), prince de la jurisprudence, votre lumière et votre gloire, & illustres pères, lequel ne périra jamais. J'ai eu encore l'avantage de prendre les leçons vivantes de Jacques Menochius (2), dont les leçons mortes, c'est-àdire les beaux écrits, ravissent en admiration tous les lecteurs. Sa retraite (à Pavie) auroit causé un grand dommage à cette académie, s'il n'eût été remplacé par Ange Matheace (3), homme très-versé en toute

moi, et je reconnoîtrai toujours, comme je le fais maintenant, illustres auditeurs, que la grace qui vient de m'ètre accordée par ces très-excellents pères, est d'une telle nature, qu'on ne peut en attendre une plus grande en cette vie mortelle; car tous les autres ornements ne sont que les accompagnements de la fortune et du corps; mais l'honneur du doctorat orne la vertu même, qui est le plus insigne de tous les ornements. Quant à moi, je l'estime d'autant plus grand et d'autant plus glorieux, que ce collége m'a donné non-seulement la couronne, mais encore le laurier dont elle est composée; c'est-à-dire qu'il ne m'a pas seulement fait docteur, qu'il m'a de plus rendu digne et de l'ètre en effet, et principales villes d'Italie à Ferrare, a Pavie, a Boulogne d'en porter le nom.

Il est vray que ma très-chère patrie a commencé à cultiver en moi la nature par les premières études des belles-lettres. Or, mon bon père voyant que j'y avois fait quelque progrès, conçu une grande espérance que je me rendrois de jour en jour plus habile; et pour m'en procurer les moyens, il m'envoya étudier dans l'université de Paris, alors des plus florissantes et des plus fréquentées. Mais hélas! ô Dieu, quelle est la vicissitude des choses d'ici-bas! Cette illustre école, la mère des belles-lettres, languit maintenant, et est toute désolée par les terreurs de la guerre; et si Dieu n'y met la main par sa bonté, elle est menacée d'être bientôt tout à fait déserte. C'est là, dis-je, que j'ai continué mes humanités, auxquelles je me suis appliqué avec le plus de diligence qu'il m'a été possible; ensuite j'y ai fait mon cours de philosophie, avec d'autant plus de facilité et d'avantage, que les toits mêmes et les murailles de cette académie semblent, pour ainsi dire, ne respirer et ne parler que cette science, tant elle y est adonnée, aussi bien qu'à la théologie,

Mais jusque-là je n'avois pas encore étu, dié la science sacrée du droit; et depuis que j'ai pris la résolution de m'y appliquer, je n'ai pas eu besoin d'aller au con

seil

pour savoir où j'irois l'apprendre, et de quel côté je tournerois ce collége de Padoue m'attira aussitôt à lui par sa grande réputation. Ce fut sans doute par le plus grand bonheur du monde que cela m'arriva, puisqu'en ce temps-là il possédoit des

(1) Guy Pancirole (Panziruolo). Jurisconsulte célèbre, raquit l'an 1523, à Reggio, ville de l'état de Modène, où sa famille tenoit un des premiers rangs. Il étudia dans les

et a Padoue, où il acheva son cours de droit, apres y avoir employé sept ans, et où il fit de grands progrès Sa réputation engagea le sénat de Venise à le pommer en 1547 second professeur dans l'université de Padoue, de qui l'obligea à se faire recevoir docteur. Pancirole remplit successivement plusieurs chaires dans cette universite, et toujours avec distinction. La science du droit n'étoit pas la seule qui l'occupoit; il lisoit les saints Pères, et s'aliachoit aux belles-lettres. Philibert-Emmanuel, duc de Savoie, qui avoit une estime particulière pour le mérite de ce savant homme, l'attira dans l'université de Turin en 1571. Pancirole s'y ft admirer comme a son ordinaire, et y composa cet ingenieux traité: De rebus inventis et de perditis, sur lequel Henri Salmith a fait depuis des commentaires. I perdit presque entièrement un cel a Turin, et fot en danger de perdre l'autre La peur qu'il en eut l'obligea de revenir, l'an 1582 a Padoue, où il continua d'enseigner le droit. Peu de temps apres, S François de Sales, étant dans celle ville, prit ses leçons; et ce n'est pas un petit avantage pour sa gloire d'avoir formé un sujet tel que celui-la. Ce jurisconsulte mourut a Padoue l'an 1599, àgé de soixante-seize ans. Il fut enterré dans l'église de Salute Justine. et laissa après lui ces excellents ouvrages Commentarius in notitiam dignitatum utriusque imperu; De magistratibus municipalibus et corporibus artificum; Thesaurus variarum lectionum, etc.

(2) Jacques Menochius, fameux jurisconsulte, né à Pavie d'une famille peu considérable, se rendit si habile dans l'étude du droit, qu'on le surnomma le Balde et le Bartole de son siecle. Il enseigna en Piémont, à Pise, puis à Padoue, ou il fut vingt-trois ans de suite, et ou fl eut aussi pour disciple, pendant quelques années, le grand évèque de Geneve: entin it se retira a Pavle, où on lut donua la chaire de professeur de Nicolas Gratiani, mort depuis peu Philippe II, roi d'E-pagne le fit conseiller, puis président au conseil de Milan. Ce jurisconsulte a

rendu son nom célebre par les ouvrages qu'il a laissés. Les principaux sont: De recuperandd possessione; De adipiscenda possessione; De prescriptionibus; De ar bitrariis judicum quæstionibus, et cau is conciliorum, tom. XIII. 11 mourut le 10 août 1607, âgé de Soixante-quinze ans, et fut enterré dans l'église des clercs réguliers de Pavie, où l'on voit son tombeau avec son épitaphe.

(S) Ange Matheace (Angelo Matheaci), professeur en droit de l'université de Padoue, et successeur de Jacques Menochius dans sa chaire, étoit né a Marestica, forteresse du domaine de Venise, en italie, dans les montagnes du Vicentin. Il eut beaucoup de connoissance de la philosophie et des mathématiques. Le pape Sixte V et l'empereur Rodolphe le consulteren souvent, et le comblérent de biens et d'honneurs. S. François de Sales étudia sous lui, et en faisoit un tres-grand cas on a de lui, De riâ et ratione artificiosè universi juris; De fideicom

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