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a er cet aage une infinité de paralytiques spirituels, lesquels ne pensent pas l'estre, et ne cherchent point la guerison d'une si estrange maladie, auxquels je puis bien dire ce qui est porté par un prophete: Ossa arida, audite verbum Domini; Os secs et arides, entendez la parolle du Seigneur, escoutez un peu ce que c'est que vostre mal. La paralysie corporelle est une maladie causée d'une humeur peccante qui saisit les nerfs et muscles, empeschant la communication des esprits vitaux et animaux, et par consequent privant les parties occupées de mouvement et sentiment, et cette humeur est ordinairement froide. Or la paralysie spirituelle, parlant avec proportion, est une maladie causée par la saisie et occupation que le peché fait des nerfs spirituels, c'est-à-dire, des desirs de nostre ame, empeschant la communication et influence des inspirations divines en nos consciences, et par consequent le mouvement naturel de nostre ame, et le sentiment des choses celestes. J'ay dit le mouvement naturel, parce que comme la paralysie corporelle n'empesche pas le mouvement exterieur du corps, mais seulement l'interieur qui luy est propre; ainsi la spirituelle n'empesche pas le mouvement de nostre ame à la creature, mais il ne luy est pas naturel; car son mouvement est à Dieu. Et de fait nos theologiens disent que le peché est contre nature, et contre raison: Ibunt de virtute in virtutem, donec videatur Deus deorum in Sion, etc. Le peché qui cause cette paralysie est une certaine froideur et nonchalance spirituelle. En somme nous appellons, pour le dire en un mot, estre paralytiques ceux lesquels demeurent en leurs pechez; car ils ne sauroient garder en eux ce catharre, qu'ils ne deviennent comme perclus, impotens et comme transis de ce froid et engourdis de tous leurs membres spirituels, dont il est dit aux proverbes : Propter frigus piger arare noluit, A cause du froid le paresseux n'a pas voulu travailler; comme s'il vouloit dire: Le paresseux estant engourdy du froid du peché, faute d'estre revestu des vertus, et eschauffé du feu de charité, il n'a point voulu travailler. C'est le propre effect de cette paralysie, d'empescher de travailler, pour la saison à venir, ceux qu'elle a saisis; c'est de là d'où tous nos

maux arrivent, si que nous pouvons bien dire avec le prophete: Ab aquilone omne malum panditur, Tout mal vient du costé d'aquilon; car ne nous pouvant mouvoir, nous ne pouvons chercher le bien, ny fuyr le mal. Vrayement nous sommes tous pe cheurs, nous pouvons dire que : Aquæ intraverunt usque ad animam meam, Les eaux ameres du peché sont entrées jusques dans mon ame. Mais quelques-uns se remuent taschant à se depetrer de ces eaux, et se retirer du peché, desquels on peut dire: Benedicile omnia quæ moventur in aquis Domino, Benissez le Seigneur, vous tous qui vous mouvez dans les eaux: mais ceux qui ne se remuent point ne peuvent pas tenir ce langage De plus cette maladie a une tres-mauvaise condition, c'est qu'elle est presque incurable aussi bien que la paralysie corporelle, non pas que le souverain medecin ne le scache, et ne le puisse faire; mais parce que ceux qui en sont atteints ne sentant pas leur mal, pour la plupart, ils n'ont point de recours au medecin, si quelqu'un ne les y porte, comme vous voyez aujourd'huy; car, comme dit Salomon en ses proverbes, le paresseux s'estime plus sage que sept hommes qui proferent des sentences, Sapientior sibi videtur piger septem viris loquentibus sententias (1). Ils ont les yeux ouverts pour voir des vanités mondaines; ils ont la langue bien desployée, mais c'est pour se repaistre d'un grand parler sans vouloir rien faire ; ils ne veulent recevoir correction de personne, ains censurent tout le monde.

Maintenant pour nous garder de cette maladie et purger cette humeur, si elle estoit par adventure en nous, il faut voir ces causes particulieres, et combien qu'elles soient en grand nombre, si est-ce que celles qui sont les plus convenables au lieu et à l'aage où nous sommes, sont ces deux icy: Une flatteuse et trompeuse excuse qu'on se forge en ses pechés, et une grande lascheté de courage; car les uns se font accroire de n'estre point malades, encore qu'ils se sentent bien detraquez; les autres ayment mieux demeurer malades que de gouster l'amertume de la medecine.

Que pensez-vous que fait l'artisan qui survend sa marchandise, et lequei à tout (1) Prov. vii.

propos jure afin de survendre, et dit que | de leur mariage? C'est pour cela que Nosc'est un gain honneste qu'il fait en homme | tre-Seigneur dit : Non concupisces, Tu ne

le

convoiteras point. C'est pour cela que David a laissé par escrit: Exitus aquarum deduxerunt oculi mei, quia non custodierunt legem tuam; Les eaux ont coulé de mes yeux en abondance, parce qu'ils nont pas gardé vostre loy. Et toutes ces sortes de gens sont paralytiques, ne sentant point leur mal, ils ne s'en confessent | jamais : Bibunt sicut aquam iniquitatem, Ils boivent l'iniquité comme l'eau, ils sont comme Esau, qui se soucioit fort peu d'avoir perdu son droit d'aisnesse, Parvipendans quod primogenituram perdidisset:

se flattant ils sont semblables au Pharisien.

Mais mon intention est de vous descou

de bien? il cherche des excuses pour excuser ses pechez, Ad excusandas excusationes in peccatis. Et c'est pour luy que David a adjousté : Qui jurat proximo suo, etc., Qui jure à son prochain, etc. Et Dieu : Non furtum facies, Tu ne feras point de larcin; neantmoins sous pretexte d'une juste vacation, il pense estre homme de bien. Et le chicanneur qui sur un pied de mouche entretient un procez, qui ruine l'ame, le corps, et la maison de deux miserables parties, il se flatte et s'excuse sur une petite et chetive loy toute deschirée, et par des tergiversations fait perdre le droict à son prochain; et neantmoins c'est bien à luy auquel Nostre-Seigneur a fait vrir principalement l'autre cause de cette dire: Si utique justitiam loquimini, recte paralysie, sçavoir la couardise et lascheté judicate, filii hominum (1); Si certaine- de courage, c'est le vice auquel vous voyez ment vous parlez en verité et justice, jugez tant de gens qui ne se veulent mouvoir au droictement, enfans des hommes. Vavo-bien, ny retirer du mal, pource que cela bis qui dicitis bonum malum, et malum bonum et convertitis in absynthiumjudicium; Mal-heur à vous, qui dites que bien est mal, et que le mal est bien, et qui convertissez la justice en absynthe; car ce qui est estably pour le soulagement, il le rend la ruine du pays: ce juge qui la fait si longue, s'excuse sur dix mille raisons de coustume, de style, de theorie, de practique, et de cautelle. C'est à luy auquel s'adresse la loy Properandum, De judiciis, etc. Beati qui faciunt justitiam in omni tempore, Bien-heureux sont ceux qui rendent la justice en tout temps. L'usurier va-t-il pas se trompant luy-mesme, avec dix mille excuses pour faire mentir "Escriture, qui dit : Que telles sortes de gens n'iront point In tabernaculum Domini, Au tabernacle du Seigneur. Les prestres se flattent-ils pas avec des dispenses, quoy que ce qui est dit en l'Evangile, que personne ne peut servir à deux maistres, Nemo potest duobus dominis servire, soit escrit en grosses lettres? Les dames se flattent-elles pas, lesquelles n'aymant point leurs maris, se plaisent d'estre courtisées, s'excusant qu'elles ne font point d actes contraires à leur honneur? se plaisent-elles point de passionner cettuy-cy, et celuy-là, disant que, nonobstant cela, elles ne voudroient pour rien violer la loy (1) Amos, ▼

leur semble mal-aisé : Dicit piger: Leo est foras, in medio platearum occidendus sum (1); Ils disent ces paroles du pa resseux: Le lion est dans la rue, si je sorsil me devorera au milieu de la place. Ce sont ceux qui ayant esté pescheurs, sont du tout lasches à bien faire, s'il faut se confesser. O que cela est fascheux, ô que c'est une chose difficile ! et ne considerent pas qu'il n'est pas des pechez comme des fruicts qut meurissent sur l'arbre, et puis tombent d'eux-mesmes; mais qu'au contraire, plus les pechez demeurent en l'ame, tant plus mal aisé est-il de les arracher. Escoutez l'Ecclesiaste : Fili, peccasti? non adjicias iterum, sed de pristinis deprecare Dominum (2), Mon fils, si tu as peché, n'y retourne pas derechef, mais prie le Seigneur qu'il te pardonne. Qui ne pleureroit lisant le chapitre 5 du livre 8 des Confessions de S. Augustin, où il se lamente d'avoir procrastiné sa conversion? O Seigneur, comment vous respondois-je? Modo, ecce modo, sine paululum, sed modo, et modo non habebant modum, et sine paululum ibat in longum; Tout maintenant, tout maintenant, attendez encore un peu, ce sera pour tantost, mais ce tout maintenant ne venoit point, et cet attendez encore un peu tiroit en grande longueur.Tempus est nos de somno surgere, Or il est temps de (1) Prov. xxii. (2) Eccles. xxi, 1.

et

nous lever du sommeil. Ne dicas amico | ménage, direz-vous, je ne sçaurois bonnetuo Christo stanti ad ostium et pulsanti: Vade et cras revertere, cùm statim possis; Ne dites donc pas à votre amy JesusChrist, qui attend et qui heurte à la porte de vostre cœur : Allez et revenez demain, puisque vous luy pouvez ouvrir soudainement. O si tu savois combien Nostre-Seigneur t'attend en grande affection! Tobie envoyant en Ragès l'ange à Gabel, luy dit: Scis quoniam numerat pater meus dies, et si tardavero una die plus, contristabitur anima ejus; Tu sçays que mon pere compte tous les jours; si je retarde davantage, j'affligeray son ame.

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ment me tenir sans crier, sans me dis-
traire, je suis homme de conversation,
ne puis que je ne me treuve en des lieux
où il me faut faire le bon compagnon. Mon
bon frere, prends peine à ne point offenser
Dieu, et du reste, vis joyeusement. Ouy,
mais il y a de la peine à se confesser, à se
preparer: certainement la peine est le-
gere; mais si tu ne veux prendre peine
aucune, je te diray: Si quis non vult ope-
rari, non munducet; Que si quelqu'un ne
veut pas travailler, qu'il ne mange point,
ny le pain du corps, ny le pain de l'ame,
comme indigne de vivre, mais asseure-toy
que l'ame effeminée et qui est lasche aura
faim, Anima effeminata esuriel (1); et
David dit: El aruit cor meum, quia
oblitus sum comedere panum meum, Que
son cœur s'est seiché et affoibly, parce qu'il
a oublié de manger son pain. Tellement
que de ces paralytiques spirituels on peut
bien dire Trepidaverunt timore ubi
non erat timor, Qu'ils ont eu de la crainte
où il n'y en avoit point de subjet. Et avec
cette reprehension: Dereliquerunt me
fontem aquæ vivæ, et foderunt sibi cis-
ternas dissipatas, quæ continere non

C'est faire comme l'enfant prodigue : Ire in regionem longinquam, C'est aller en une religion lointaine. Il faut beaucoup de peine pour en revenir, quand une fois on est allé jusque-là. Hé! quelle difficulté y a-t'il tant à se convertir, aussi-tost qu'on se void en peché? Induere fortitudine tua, Sion (4); Sion, reprenez vostre force. Quærite Dominum, dum inveniri potest (2); Cherchez le Seigneur pendant qu'on le peut treuver. Ne faites pas comme l'Espouse és Cantiques, qui treuva des excuses quand son ami vint, disant qu'elle estoit au lict: elle le voulut par apres cher-valent aquas; Qu'ils ont quitté la fontaine cher, et elle ne le retreuva plus. Ne faites plus de vostre ame comme Jonas faisoit de Ninive, qui ne pensoit pas devoir venir que mal-aisement à penitence, et cependant incontinent que cette ville entendit, Adhuc quadraginta dies, et Ninive subvertelur, Encore quarante jours, et Ninive sera renversée; elle se convertit.

Que diray-je, si on parle de frequenter les sacremens? ils confessent que cela est bon, mais ils n'en sçauroient prendre la peine, disent-ils, il faut cecy, il faut cela. Hé, mon frere! je te diray ce qu'il faut faire, il faut purger les affections du cœur, oster ce qui deplaist à Dieu, qui est le peché mortel, puis se preparer avec bonnes intentions, et avoir ferme propos de s'amender. Cela te semble-t'il chose si difficile, qu'il ne la faille faire pour un si grand bien? C'est chose tout arrestée que : Nisi manducaveritis carnem Filii hominis, non habebitis vitam in vobis ; Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, vous n'aurez point la vie en vous mais j'ay

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d'eau vive, et se sont fouy des cisternes rompues, qui ne peuvent contenir les eaux. Voyez-vous les maux que fait cette paralysie, qui nous garde de cheminer à Dieu? vous avez veu ce que c'est.

Maintenant mettons tous la main à la conscience, et demandons à nous-mesmes si nous n'en sommes point detenus; si nous ne voulons pas nous amender, si nous cheminons froidement en la voye spiri tuelle, il y a danger pour nous: que si quelqu'un se doute d'y tomber, comme nous avons tous occasion de la craindre, je vous veux donner un remede, duquel pourront encore user ceux qui sont desjà tombez paralytiques pour se guerir. Ne sçauez-vous pas que le froid est guery et chassé par le chaud? Or toute sorte de chaleur ne guerit pas ce mal. Le feu de genievre est sain au catharre, non pas celuy de chesne. Le feu excité par la meditation de la mort et passion guerit, mais guerit ceux qui sont d'une nature souple, c'est une medecine lenitive. Le feu des tri

(1) Prov. xvii.

bulations guerit, mais il n'est pas propre à tout le monde. Le feu de l'Eucharistie y sert pour consolider et conforter, mais il faut desjà avoir évacué les mauvaises humeurs. Quel feu donc nous guerira de celte paralysie? le feu d'enfer, mes bons freres, la consideration duquel je vous ordonne, et à mon ame propre pour nous guerir, si nous nous en sçavons servir. Il faut descendre en enfer vivans, dit un prophete. Et le bon roy Ezechias, converty et guery, nous apprend comme il le faut appliquer : Ego dixi in medio dierum meorum: Vadam ad portas inferi, J'ai dit au milieu de mes jours : J'iray aux portes d'enfer. Il y a en ces parolles trois conditions: Ego dixi, J'ay dit, car quand Jesus le dira

comme juge, il ne sera plus medeciné, In dimidio dierum meorum, Au milieu de ma vie, en mon printemps, Meorum; car le jour du Seigneur viendra aux portes, Veniet dies Domini ad portas, pour voir ce qui s'y fait. Et voyant les grandes peines qu'on y endure, qui ne s'efforcera de les eviter, qui ne s'evertuera de n'estre point du nombre? O donc, considerez ce que vous faites, et vous acheminez au bien : Contendite intrare per angustam portam, Taschez d'entrer par la porte estroite. Ne vous imaginez pas tant de peines, car Nostre-Seigneur dit : Ego cogito cogitationes pacis, et non afflictionis; J'ay des pensées de paix, et non d'affliction. Amen.

SERMON

POUR LE JOUR DE L'INVENTION DE LA SAINCTE-CROIX (1).

Absit mihi gloriari, nisi in cruce Domini nostri Jesus Christi, per quem mihi mundus crucifixus est, et ego mundo. AD GAL. VI.

Ja n'advienne que je me glorifie, sinon en la croix de Jesus-Christ, par lequel le monde m'est crucifié, et je suis crucifié au monde.

lons donc point d'autre ombre que celle de la croix, ny d'autre festin que celuy qui nous y est preparé; nous y voulons adresser nos pleurs et nos cris, nous ne voulons d'autre nourriture que les fruicts de la croix : Absit mihi gloriari, etc. Jà n'advienne donc que nous glorifiions en aucune autre chose. Et de vray qu'est-ce se glorifier en une chose? C'est se priser, estimer, tenir heureux et grand en icelle : In iis, dit doctement le docteur ange

Si le prophete Jonas se consola tant au lierre que Nostre-Seigneur luy avoit préparé, que l'Escriture dit: Et lætatus est Jonas super hedera, lætitia magna, Que Jonas fut grandement joyeux de ce lierre; quelle doit estre l'allegresse des chrestiens en la saincte croix de NostreSeigneur, sous laquelle ils sont bien plus à l'ombre que Jonas n'estoit sous le lierre? ils sont bien mieux deffendus et contregardez par ce bois sacré que Jonas ne fut par le lierre. Absit mihi, Donc jà n'ad-lique S. Thomas, unusquisque gloriavienne que nous nous glorifiions sinon en la croix. Or disons donc : Que Jonas se resjouisse au lierre; qu'Abraham fasse festin aux anges sous l'arbre (2); qu'Ismaël soit exaucé sous l'arbre au desert (3); qu'Hélie soit nourry sous le genievre en la sclitude (4). Quant à nous, nous ne vou

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tur in quibus se magnum existimat, chacun se glorifie en ce en quoy il s'estime grand.

Or les biens esquels nous nous estimons grands sont de trois sortes; à sçavoir: de l'ame, du corps et de la fortune. Qui se glorifie en son sçavoir; qui en sa santé, force et beauté; qui en sa qualité, degré et richesse. Mais quoy: Vanitas vanitatum

comme l'Ancien Testament fut dedié, il dit que Moyse ayant leu tous les commandemens de la loy, prenant le sang des veaux et des boucs, avec l'eau et la laine pourprine, et l'hysope: Ipsum quoque librum et omnem populum aspersit, Il aspergea le livre et tout le peuple; mais toutes ces choses ne contenoient que la figure de ce qui se devoit faire au Nouveau Testament. Omnia in figuris contingebant illis. Or où est le livre que NostreSeigneur a aspergé de son sang au Nouveau Testament! sinon la croix en laquelle ayant leu tous les commandemens de la loy qui n'est autre sinon : Diliges Dominum, etc., Tu aymeras le Seigneur ton Dieu, etc. Mandatum novum do vobis, ut diligatis vos invicem; Je vous donne un nouveau commandement, qui est que vous vous aymiez les uns les autres, il crie à haute voix Pater, ignosce illis; Mon Pere, pardonnez-leur. In manus tuas, etc., Je remets mon esprit entre vos mains. Enfin il asperge tout le monde de son sang par l'institution des saincts sacremens, particulierement de celuy de l'autel.

et omnia vanitas (1), Vanitez des vanitez, | tament. S. Paul racontant aux Hebreux toutes ces choses sont vanitez. In imagine pertransit homo, L'homme passe comme une ombre. Quant au sçavoir: Comparatus est jumentis insipientibus, Il est comparé au cheval qui est sans entendement. Quant au corps: Pulvis est, Il n'est que poudre. Quant aux richesses et aux biens de fortune : Mondus transit et concupiscentia ejus, Le monde et sa convoitise passe. Jà n'advienne donc qu'on s'y glorifie, et qu'on s'estime grand pour si peu do chose. Mais en la croix de Nostre Seigneur, à quelle gloire! si celuy-là qui estoit si grand qu'il estoit Dieu, y constitue son exaltation, sa glorification, s'il l'appelle la porte de sa gloire; que vous reste-t'il à faire, et que me reste-t'il à dire, sinon que vous ayez le mesme sentiment en vous par imitation, qui a esté en JesusChrist? lequel combien qu'il fust Dieu, et qu'il n'aye point estimé faire tort à son Pere éternel de s'esgaler à luy, il s'est neantmoins aneanty luy-mesme, et pour ce Dien l'a exalté, etc. Hoc sentite in vobis quod el in Christo Jesu qui, cùm in forma Dei esset, non rapinam arbitratus est se esse æqualem Deo, sed semetipsum exinanivit propter quod, etc. (2).

Mais voyons un peu quelle sorte de gloire Nostre-Seigneur a prise par la croix. Lisez de grace en cette croix, et vous y apprendrez la gloire que Nostre-Seigneur a prise en icelle, et ne treuvez pas estrange que je vous renvoye à ce livre pour y apprendre vostre leçon; car c'est le plus excellent livre de tous ceux qui jamais furent composez et partant, qui desire la gloire de la science, qu'il s'approche avec une saincte pensée, et qu'il lise ce sainct livre, il y apprendra la plus profonde doctrine qui fut oncques; car que diray-je jamais de plus admirable que ce que je vais dire, que Nostre-Seigneur mesme a appris en ce livre une chose qu'il n'avoit jamais sceue par experience, une leçon qu'il n'avoit jamais apprise en toute son eternité! et c'est cette leçon dont parle l'apostre S. Paul aux Hebreux Didicit ex iis, quæ passus est, obedientiam, Qu'il a appris l'obeyssance par les tourmens qu'il a endurez. Si donc on se veut glorifier en sçavoir, que ce soit en la science de ce livre du Nouveau Tes(1) Eccles. 1. - (2) Philipp. 11.

La croix est le vray livre du chrestien, et je vous prends à tesmoin, ô glorieux S. Bernard, tres-doux et devost docteur; car où avez-vous repu vostre entendement de la tres-douce et tres-souëfve doctrine dont vous nous avez laissé les sainctes instructions? sinon en ce livre, quand vous disiez : Fasciculus myrrhæ dilectus meus mihi, Mon bien-aymé m'est un faisceau de myrrhe? Je vous appelle à garant, ô grand S. Augustin, qui constitué entre les deux mysteres de la nativité et de la passion, pouvez dire: D'un costé le sein de la mere m'offre son laict pour m'abreuver; de l'a1tre les playes salutaires m'offrent du sang pour me nourrir; Hinc lactor ab ubere, hinc pascor à vulnere. Je vous prends à garant, ô seraphique S. François, si jamais vous avez appris les saincts et admirables traicts de vos sermons et conversations, sinon en ce sainct livre. Je m'en remets à vostre tesmoignage, ô angelique S. Tho mas, qui n'escrivistes jamais qu'après avoir eu recours au crucifix; et vous, mon très-sainct et seraphique docteur Bonaventure, qui me semblez n'avoir eu nu

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