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13. Et, quittant la ville de Nazareth, il vint demeurer à Capharnaum, ville maritime sur les confins de Zabulon et Nephthali,

14. Afin que cette parole du prophète Isaïe fût accomplie:

15. Le pays de Zabulon, et le pays de Nephthali, qui est le chemin pour aller vers la mer au delà du Jourdain, la Galilée des nations;

16. Ce peuple, qui était assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière, et la lumière s'est levée sur ceux qui étaient assis dans la région de l'ombre de la mort (e).

17. Depuis ce temps-là, Jésus commença à prêcher, en disant : Faites pénitence, parce que le royaume des cieux est proche (f).

18. Or, Jésus, marchant le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer, car ils étaient pêcheurs;

19. Et il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes.

20. Aussitôt ils quittèrent leurs filets, et ils le suivirent.

21. De là s'avançant, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui étaient dans une barque avec Zébédée, leur père, et qui raccommodaient leurs filets, et il les appela (g).

nistes, on le conçoit, n'avaient garde de se produire en Galilée; on aurait dit d'eux, comme de Jésus, qu'ils étaient Samaritains, possédés du diable. (Cf., ci-dessous, 15, 16.)

(e) VERSETS 15-16. - Rapprochement absurde, mais imaginé pour expliquer le lieu de la prédication de Jésus; comme le rapprochement du verset 23, chap. II, a été imaginé pour expliquer le séjour de Jésus à Nazareth.

Comme Jean: appropinquavit regnum cælorum, la venue du Messie, ou mieux la révolution sociale.

(9) VERSETS 18-21.-Apôtres galiléens comme leur maître ou rabbi, Jésus. De plus en plus l'origine galiléenne du Christ se décèle; Jésus est allé prendre le mot d'ordre auprès de Jean; il s'est fait donner, pour ainsi dire, par lui des lettres de créance; puis il remonte en Galilée pour sa propre prédication. On dirait qu'ils s'étaient partagé le pays à l'un la Judée, à l'autre la Galilée. (Cf. ci-dessus, 12.)

22. En même temps, ils quittèrent leurs filets et leur père, et ils le suivirent.

23. Et Jésus allait par toute la Galilée (h), enseignant dans leurs synagogues, prêchant l'évangile du royaume, et guérissant toutes les langueurs et toutes les maladies parmi le peuple.

24. Sa réputation s'étant répandue par toute la Syrie (i), ils lui présentaient tous ceux qui étaient malades, et diversement affligés de maux et de douleurs, les possédés, les lunatiques, les paralytiques, et il les guérissait.

25. Et une grande multitude de peuple le suivit de Galilée, de la Décapole, de Jérusalem (j), de Judée, et de delà le Jourdain.

CHAPITRE V (a).

Sermon de Jésus-Christ.

1. Jésus, voyant tout ce peuple, monta sur une montagne, où, s'étant assis, ses disciples s'approchèrent de lui;

(h) Galilæam, théâtre le plus ordinaire de la prédication de Jésus, aux environs du lac de Tibériade, dans un rayon de douze à quinze lieues de Capharnaum.

(i) Syriam, cf. ci-dessus, versets 18, 21 et 23.

(j) Jerosolymis, c'est dit pour faire nombre; il est possible cependant qu'il en vînt des curieux.

(a) L'Évangile de Matthieu est le plus riche en paraboles, allégories, discours de morale, etc. C'est là que se trouvent, comme des blocs entassés pêle-mêle, conservés sans ordre et probablement presque mot pour mot, la doctrine et les exhortations de Jésus. C'est de toute sa vie, de son apostolat, la partie qu'a le moins atteinte la légende.

Au reste, quand on examine attentivement les discours de Jésus, qu'on analyse ses pensées, sa morale, son style même, et qu'on se reporte au temps où il a vécu, on ne peut s'empêcher de reconnaître en lui un homme extraordinaire, un philosophe égal au moins à Socrate, je dirai même un grand écrivain; son style est quelque chose de mi-partie entre la

2. Et, ouvrant sa bouche, il les enseignait, en disant:

prose et le vers, coulé en bronze, et parfois ciselé avec une délicatesse infinie; cela est d'une rhétorique inconnue aux Grecs et aux Latins: ni chevilles, ni remplissages, ni phrases; c'est l'idée pure, faite parole et image.

Au surplus, il ne faut point oublier que les discours de Jésus sont rapportés par l'évangéliste comme une collection de proverbes ou de courtes leçons amassés au hasard. On dirait une alluvion de préceptes, de formules, de paraboles, d'idées jaculatoires, arrachée par feuillets et lambeaux à la vie et aux écrits d'un homme, ou, pour mieux dire, d'une école.

Tout le chapitre v est d'un pur moraliste, d'un véritable sage, qui ne s'occupe ni de messianisme, ni de réformes théologiques, ni de politique, ni de propagande. Dans tout ceci, Jésus-Christ nous apparaît simplement comme un réformateur des mœurs; les exemples qu'il paraît suivre sont ceux de Jérémie, d'Isaïe et des anciens prophètes.

Ainsi débute le Nazaréen; il ne paraît pas avoir jamais aspiré à autre chose. Tout le surplus, la messianité, la formation d'une Eglise, la conversion des Gentils, l'abrogation du mosaïsme, la réprobation du peuple juif, l'opinion de la fin du monde, etc., etc., lui a été attribué après coup, sous la pression d'événements dont il était l'un des premiers termes, mais qu'il n'avait certes pas prévus. Jésus est le noyau de cette immense boule de neige qui, à force de rouler, est devenue ce que l'on sait aujourd'hui.

En deux mots, Jésus ne me paraît s'être arrogé ni une messianité temporelle, ni une spirituelle; il interprétait allégoriquement la tradition messiaque, l'entendant d'une simple réforme morale et sociale, à la façon des anciens prophètes. La même indifférence qu'il professait pour le sabbat et les cérémonies, il la témoignait, quoique avec plus de réserve et pour ne pas froisser l'opinion, à l'égard de l'idée messiaque.

3. Bienheureux les pauvres d'esprit (b), parce que le royaume des cieux est à eux.

4. Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils posséderont la

terre.

5. Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés. 6. Bienheureux ceux qui sont affamés et altérés de la justice ( parce qu'ils seront rassasiés.

7. Bienheureux ceux qui sont miséricordieux, parce qu'ils obtiendront eux-mêmes miséricorde.

8. Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu.

9. Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu.

10. Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume des cieux est à eux.

11. Vous êtes heureux, lorsque les hommes vous chargeront de malédictions, et qu'ils vous persécuteront, et qu'ils diront faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

12. Réjouissez-vous alors, et tressaillez de joie, parce qu'une grande récompense vous est réservée dans les cieux. Car c'est ainsi qu'ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous (c).

C'est de là que viennent ses réponses ambiguës et ses hésitations perpétuelles sur le propre rôle qu'il s'arrogeait. (Cf. Luc, 11, 52, et Jean, 1.)

(b) Pauperes spiritu, c'est-à-dire les affligés dans l'âme, superlatif de l'affliction. (Cf. Eccles., afflictio spiritûs; Jerem., Lament. III: Ego vir videns paupertatem meam, et (?): Ego sum pauper et dolens.

(c) VERSETS 3-12. Il s'en faut que les béatitudes soient aussi spiritualistes qu'on l'a cru; ce ne sont guère que des promesses relatives au temps présent, imitées de celles que Jéhovah, le Dieu positif par excellence, faisait à ses adorateurs. Le royaume des cieux, garanti par la première et la huitième béatitude, n'est autre chose que la réformation évangélique; la possession de la terre est une réminiscence des psaumes xxxvi, xxxv11; la vision de Dieu est une expression métaphorique, ou plutôt mythologique, par laquelle, sous forme de visions, on promet aux purs des délectations surnaturelles. Être appelé Fils de Dieu, c'est avoir la considéra

13. Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa orce, avec quoi salera-t-on? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors, et à être foulé aux pieds par les hommes.

14. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ;

15. Et on n'allume point une lampe pour la mettre sous le boisseau; mais on la met sur un chandelier, afin qu'elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.

16. Ainsi que votre lumière luise devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre Père, qui est dans les cieux.

17. Ne pensez pas que je sois venu détruire la loi ou les prophètes je ne suis pas venu les détruire, mais les accomplir (d).

tion et l'amour des hommes. Quant aux trois autres béatitudes, elles ne sont pas autre chose que l'annonce des consolations et récompenses qui attendent, sous le régime évangélique, les malheureux de toute espèce.

Le verset 12 parle ensuite de la récompense des cieux; mais on ne sait pas si, par ce mot, il s'agit de la vie éternelle; ou bien seulement des biens que le ciel tient en réserve pour les distribuer à ses amis pendant qu'ils souffrent ici-bas.

(d) Jésus n'est point venu changer la loi, mais la perfectionner. Cela signifie-t-il qu'après lui il ne restera rien à perfectionner? Qui oserait le dire? Tout le monde sent aujourd'hui que l'Évangile, s'il n'a pas menti, n'a pas tout dit, et qu'il reste bien des points à éclaircir dans la loi. Il ne faut pas prendre le bien d'autrui, voilà ce qu'a dit Moïse; JésusChrist ajoute qu'il faut aimer jusqu'à ses ennemis et vivre dans le détachement; mais enfin, il a laissé intactes, quant à la démonstration, toutes les grandes questions sociales; il reste à les résoudre scientifiquement. Jésus-Christ a affirmé; il faut prouver maintenant et vérifier la légitimité de ses affirmations. Or une loi est-elle parfaite tant que sa philosophie n'existe pas? La raison, la morale ont-elles dit leur dernier mot? Non, assurément. Il reste donc à faire quelque chose après Jésus-Christ. Mais ce qui inquiète les théolo

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