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BX 2183 •N 93

1637 Vile

L'HOMME D'ORAISON,

SES

SEPT RETRAITES

ANNUELLES.

SUITE DE LA

RETRAITE

POUR SE PRÉPARER A LA MORT.

TROISIÈME JOUR.

L'EMPLOI DE CE JOUR EST D'APPRENDRE COMMENT IL FAUT RECEVOIR DE LA MAIN DE DIEU LES MALADIES ET LA MORT.

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JÉSUS PRÉSENTE LE CALICE DE SES SOUFFRANCES ET DE SA MORT AUX ENFANTS DE ZÉBÉDÉE.

Les saintes affections avec lesquelles tous les chrétiens doivent recevoir de la main de Dieu les maladies et la mort.

Potestis bibere calicem quem ego bibiturus sum, aut baptismo quo ego baptizor, baptizari? Marc., 10.

Pouvez-vous boire le calice que je boirai, et être baptisés du baptême dont je suis baptisé ?

LORSQUE

REMARQUE.

LORSQUE Notre-Seigneur allait à Jérusalem, et qu'il entretenait ses disciples de sa passion, sain'

Jean et saint Jacques s'adressèrent à lui par l'entremise de leur mère, pour obtenir les premières places dans son royaume. On ne sait pas au vrai s'ils parlaient du royaume du ciel, ou seulement d'un royaume temporel; mais comme leur demande ne venait que d'un désir déréglé qui les portait trop haut, et qui se proposait une fin sans penser aux moyens, le Fils de Dieu les blâma, et leur dit: Vous ne savez ce que vous demandez; avez-vous assez de mérite pour être assis l'un à ma droite et l'autre à ma gauche ? Pourrez-vous bien boire le calice que je dois boire? Nous le pouvons, lui dirent-ils, nous sommes prêts de vous suivre partout, et d'exposer notre vie pour votre service. Alors Jésus leur repartit: Il est vrai que vous boirez le calice que je boirai, et que vous serez baptisés du baptême dont je serai baptisé ; mais pour ce qui est d'être assis à ma droite ou à ma gauche, c'est à moi à le donner, non pas à vous, mais à ceux à qui mon Père l'a préparé. Remarquez qu'il appelle sa passion du nom de baptême, parce qu'il devait être plongé dans son sang; et du nom de calice, à cause de l'amertume qu'elle lui devait causer, et du salut qu'elle devait apporter aux hommes. Or, comme il a bu ce calice, quelque amer qu'il fût, pour l'amour de nous, et qu'il l'a reçu de la main de son Père avec une parfaite résignation, un invincible courage et une admirable joie, nous le devons aussi prendre de sa main avec les mêmes affections, ainsi que nous verrons dans cette méditation.

PREMIER POINT.

La première chose que doit faire un chrétien, sitôt qu'il est attaqué de maladie, est de recevoir ce calice de la main de Dieu avec une parfaite résignation, et

de s'offrir à la mort si c'est sa sainte volonté, quelque répugnance qu'il sente dans la nature. Il ne lui faut point d'autre raison pour s'y résoudre que l'exemple de Jésus-Christ: Mon Père, dit-il sur la montagne, s'il est possible que ce calice passe; něanmoins que votre volonté soit faite et non pas la mienne. Cette parole, dit saint Léon, a instruit tous les fidèles, animé tous les confesseurs, et couronné tous les martyrs (1).

C'est dans cette vue que notre frère Jean Ximène, religieux d'une éminente vertu, étant interrogé, sur la fin de sa vie, s'il n'avait pas un grand désir d'aller au ciel, répondit avec une soumission respectueuse au bon plaisir de Dieu Je ne veux rien, sinon que la très-sainte volonté de Dieu soit parfaitement accomplie en moi, comme je l'ai promis au Seigneur il y a long-temps.

Un autre religieux de notre compagnie (2), peu de temps avant sa mort, prenant le crucifix et jetant un doux regard sur ses plaies sacrées, disait dans ce même sentiment: 0) Dieu, mon cœur est prêt, mon cœur est prêt (3); et l'embrassant amoureusement, il s'écriait : Qu'y a-t-il au ciel ou sur la terre que je désire, sinon vous, ô Dieu de mon cœur, et mon partage pour l'éternité (4); puis le serrant sur son sein, il ajoutait : Mon bien-aimé m'est un faisceau de myrrhe (5): Mon bien-aimé est à moi,

(1) Hæc vox omnes fideles instruxit, omnes confessores accendit, omnes martyres coronavit. S. Leo, feria 5 de Pass. (2) Carolus Cæsarius Boloniensis ; obiit Parmæ, ann. 1606, a april.

(3) Paratum cor meum, Deus, paratum cor meum.

(4) Quid mihi est in cœlo, et à te quid volal super terram, Deus cordis mei, et pars mea, Deus, in æternum ?

(5) Fasciculus myrrhæ dilectus meus mihi.

Je

et moi à lui (1). Ensuite il assura qu'il avait toujours tiré pendant sa vie un grand profit pour son avancement spirituel de la fréquente rénovation de ce bon propos, qu'il avait gravé au fond de son cœur: veux, je veux que la volonté de Dieu soit trèsparfaitement accomplie en moi (2). Il dit encore et le répéta plusieurs fois, qu'il était prêt de souffrir jusqu'à la fin du monde, et même durant toute l'éternité pour faire la volonté de Dieu, et qu'il savait bien ce qu'il disait. O Seigneur, disait saint François d'Assise, bienheureux sont ceux qui à l'heure de la mort se trouvent conformes à votre très-sainte volonté; car la mort seconde, qui est la mort éternelle, ne leur pourra nuire (3). Sainte Gertrude étant toute en sueur, et brûlant d'une fièvre ardente, fut merveilleusement consolée par la présence de Jésus-Christ qui lui apparut, portant la santé dans sa main droite, et la maladie dans l'autre, et lui offrant le choix; mais la sainte se tournant vers le cœur de Jésus, et s'abandonnant totalement à son bon plaisir, lui dit: Mon Seigneur, je désire de tout mon cœur que vous n'ayez jamais d'égard à mon inclination, mais qu'en tout ce qui me concerne vous accomplissiez votre très-louable et très-agréable volonté(4). Ainsi soit-il.

(1) Dilectus meus mihi, et ego illi.

(2) Volo, volo divinam voluntatem semper in me perfeetissimè adimpleri.

(3) Beati illi qui in hora mortis suæ inveniunt se confor→ mes tuæ sanctissimæ voluntati; mors enim secunda non poterit eis nocere. Wagding., an. 1224, n. 34.

(4) Ecce Domine, toto corde desidero, ut nunquam meam respicias, sed tuam in omnibus circa me laudatissimam placentemque perficias voluntatem. Insin., 1. 3, c. 56.

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