CROYANCES POPULAIRES TOUCHANT LE BAPTÊME. : II y a ici trois personnages qui doivent nous intéresser la mère, le parrain, l'enfant. Je raconterai dans trois articles différents ce qui concerne chacun d'eux. SAINT ÉLEUTHÉRIOS. - Au mois d'avril 1870, à Athènes, en pratiquant des fouilles au céramique à l'entrée de la ville, on a découvert un bas-relief" représentant les parties sexuelles de la femme avec cette inscription: « Eiλɛíðuα, » en latin Lucine, déesse des femmes en couches, dont elle aidait la déli 1. Ce bas-relief, placé en ce lieu, était certainement sacré. Les femmes enceintes, au terme de leur grossesse, y venaient sans doute implorer la déesse << Eileithyia. vrance. « Lucina, quòd parturientibus opituletur, ut fœtus in lucem veniat. Lucine, parce qu'elle aide celles qui enfantent, afin que le fœtus vienne à la lumière. » En grec, c'est peut-être la même idée, Eiλɛítva, déesse de la venue, de eu, venir. Il est, en effet, incontestable que les femmes, dans l'antiquité, offraient à Lucine, qui était Junon, c'està-dire "Hpa, ou à Diane (Aprεμs), des prières et des ex-voto dans le but d'obtenir une heureuse déli vrance. Aujourd'hui, en Grèce, presque rien n'est changé. On offre, il est vrai, dans ces circonstances, de l'huile, des cierges; mais ces offrandes s'adressent à un saint, que les orthodoxes appellent Éleuthère (EXOsprog). A Athènes, près de la métropole, et à Patissia1, petit village voisin de la capitale, les fidèles ont bâti des églises en son honneur. Les femmes enceintes s'y rendent et assistent à une liturgie à leur intention; ou bien, ne pouvant s'y transporter, elles font dire des prières ou même encore une messe. C'est dans ces deux sanctuaires que les Athéniennes invoquent le saint qui délivre, et ce n'est que là, diton, que le saint veut être invoqué. LES MIROIRS. La jeune femme devient donc 1. Patissia: selon les uns, villa du pacha (padischa), selon les autres, paradisia, lieux plantés d'arbres, jardins. Cet endroit est en effet remarquable par la verdure de ses jardins et de ses vergers; une route plantée d'arbres y conduit. mère. Elle a la fièvre du lait. Son imagination est MAUVAIS SORT SUR LA MÈRE. Si vous faites visite à l'accouchée, gardez-vous de lui faire compliment sur son état, de trouver satisfaisant son regard, son teint. Elle serait persuadée que vous lui jetez un mauvais sort. Et ce sort, on ne peut le conjurer, comme celui de l'enfant, en crachant trois fois sur 9 elle. (Voir art. 3.) Dites plutôt : « O ma chère, quel visage abattu, comme vous voilà changée! Vous semblez avoir souffert? » Ainsi vous serez bien accueillie d'elle; vous l'aurez tranquillisée. Cette superstition doit probablement s'expliquer par la croyance à la némésis, c'est-à-dire au partage des biens et des maux dans la vie, croyance qui règne encore chez le peuple grec. LES QUARANTE JOURS DE RETRAITE. D'après le texte de la loi religieuse, la femme qui vient d'être mère doit rester quarante jours sans user des droits du mariage. L'Église orthodoxe, par cette prescription, s'est montrée pleine de sollicitude pour la santé de la mère et la bonne conformation des enfants à venir. La coutume qui s'est fondée sur ce précepte s'est généralement observée. Il n'y a de visites d'apparat ni reçues ni rendues. Ce laps de temps écoulé, l'accouchée se rend aux bains turcs (il n'y en a pas d'autres pour le peuple), où elle se lave et se purifie dans son corps. Le lendemain, elle va à l'église paroissiale là elle se purifie dans son âme. C'est, à quelque chose près, les relevailles des femmes catholiques. Si la mère se présente à l'église après une séquestration de quarante jours pour se purifier, c'est qu'elle se considérait comme impure. Elle se met à genoux à la porte de l'église; dans cette posture d'humiliation, TαTEívwois, elle attend que le prêtre la relève et lui permette d'entrer dans le lieu saint et de se présenter à l'assemblée des fidèles. L'homme, au contraire, n'est déclaré ni impur, ni coupable, ni souillé. L'usage des relevailles nous vient du mosaïsme, et l'Orient indien l'a également suivi. La sainte Vierge elle-même, devenue mère par une œuvre divine, fut obligée d'aller au temple quarante jours après son enfantement afin de se purifier. « Ingredere in templum Dei, » dit le prêtre à l'accouchée, <<< adora filium beatæ Mariæ Virginis, qui tibi fœcunditatem tribuit prolis. Entre dans le temple de Dieu, adore le Fils de l'heureuse vierge Marie, lequel t'a accordé la fécondité de la race. » Ainsi la conception d'un être humain est considérée, fait important pour l'histoire des idées religieuses, comme l'œuvre du fils de Dieu et en même temps comme impure. LA VAISSELLE BRISÉE, LE VINAIGRI. Si la nouvelle accouchée n'observe pas la retraite absolue des quarante jours, si elle sort de chez elle avant cette époque, elle viole la loi et tombe dans le péché. Les conséquences de sa sortie prématurée sont également funestes pour autrui. Est-elle rencontrée par une de ses amies, il surviendra quelque accident fâcheux à celle-ci, qui ne manquera pas de dire qu'elle a vu une nouvelle accouchée dans la rue, — διότι εἶδα ἔξω μίαν λεχῶνα. » Entre-t-elle dans une maison pour faire une visite, une espèce de danse saisit follement la vaisselle; tout ce qui est fragile se |