Obrazy na stronie
PDF
ePub

des constitutions de Clarendon : « Pendant que vaqueront les archevêchés, évêchés, abbayes et prieurés du domaine du roi, ils seront en sa main, et il en percevra tous les revenus comme domaniaux ?. »

L'histoire rapporte, de la façon la plus claire et la plus authentique, l'origine et l'accroissement graduel des biens d'église dans la Grande-Bretagne. On sait que le moine Augustin, envoyé par le pape saint Grégoire à la conquête spirituelle de l'Angleterre (année 596), aborda sur la plage orientale du pays de Kent. Le roi de la contrée se noinmait Ethelbert. Il était devenu le plus puissant des princes anglo-saxons; tous les royaumes situés au midi de l'Humber avaient fini par reconnaître son autorité. A l'éclat de ses victoires, il venait d'ajouter le prestige d'une alliance illustre, en épousant Berthe, fille de Caribert, roi de Paris. Mais Berthe était catholique, et elle n'avait donné sa main à un prince idolâtre qu'en se réservant la libre pratique de sa religion. Du reste, la pureté de ses croyances avait été mise sous la garde de l'évêque Luidhard, qui suivit la princesse en Angleterre. Les conseils et les prières de Berthe, les discours et la vie de Luidhard avaient déjà, sans doute, incliné vers la foi l'âme loyale d'Éthelbert?. Quoi qu'il en soit, il accueil

1. Quum vacaverit archiepiscopatus, vel episcopatus, vel abbatia, vel prioratus de dominio regis, debet esse in manu ejus, et inde percipiet omnes reditus et exitus sicut dominicos. Consuetud, Clarendon., apud Herb. Boseh., t. II, p. 204, ed. Giles.

2. Willel. Malmesb., de Gest. Regum angl., lib. 1, p. 10, ed, Savile.

[ocr errors]

.

lit Augustin et ses compagnons avec bienveillance et générosité.

L'ne maison fut préparée à Cantorbéry pour les missionnaires; on pourvut à leur subsistance; ils eurent toute liberté d'annoncer l'Évangile. Le spectacle de leurs vertus toucha vivement la foule idolatre. Celuilà acheva l'euvre , qui marque son heure pour faire lever le soleil de la vérité sur l'horizon des empires. Il y eut bientôt de nombreuses conversions. Le roi luimême se laissa gagner à la foi nouvelle par la vie pure, les douces exhortations et les miracles des apôtres qu'il avait d'abord redoutés comme des enchanteurs; il reçut le baptême. Bien qu'il donnat des preuves de sympathie affectueuse à ceux qui devenaient chrétiens comme lui, cependant il ne contraignit personne; car, dit un ancien auteur, il avait appris de ses maîtres dans la religion que le service de Dieu doit être volontaire, et non pas forcé.

En signe de conviction sincère et de dévouement à PÉglise, le royal prosélyte se montra magnifique envers les apôtres de la foi. II alla fixer sa résidence à Reculver, abandonnant aux moines italiens son palais de Cantorbéry, ainsi que des possessions considérables. Il affecta plusieurs temples païens, avec leurs dépen, dances, au service du culte catholique. Il bâtit, près de la ville, à l'orient, le monastère de Saint-Pierre et Saint-Paul, qui porta plus tard le nom de Saint-Au

a

1. Didicerat enim a doctoribus auctoribusque salutis suæ sere vitium Christi voluntarium, non coactitium esse debere. Ven. Bed., Eccles. hist., lib. 1, cap. 27.

[ocr errors]

gustin; il l'enrichit de dotations et de diverses immu, nités'. En outre, il fonda les sièges de Londres et de Rochester, leur assignant , de concert avec son neveu, le roi d'Est-Sex, récemment converti, un vaste territoire pour

l'entretien honorable de leurs évêques et de leur clergé ?

Cet exemple fut imité par les autres princes et par. les thanes ou seigneurs saxons, à mesure qu'ils arri, vaient à la foi chrétienne. Un roi de West-Sex donne la ville de Dorchester à l'évêque envoyé par le pape Honorius pour évangéliser la contrée; son fils et son successeur bâtit une église et un couvent à Winchester avec une magnificence incomparable, et met l'évêché en possesion de toutes les terres qui environ naient la cité jusqu'à une distance de sept milles ?. Edilwach concède à saint Wilfrid, évêque exilé d’York, l'île entière de Selsey, avec deux cent cinquante esclaves, de l'un et de l'autre sexe, que le missionnaire affranchit à la fois de la servitude et de l'erreur. Cod

[ocr errors]
[ocr errors]

1. Edilbert ecclesiam B. apostolorum Petri et Pauli a fundamentis construxit ac diversis donis dotavit. Ven. Bed., Eccles. hist. , lib. I, cap. 33. Henr, Huntid., Hist., lib. ii, p. 321, ed. Sa vile. Monast. angl., 1, p. 23.

2. (Edilbertus) episcopis utriusque hujus ecclesiæ (London. et Rhofscestr.) dona multa, sicut et Dorovernensis, obtulit, sed et territoria et possessiones in usum eorum qui erant cum episcopis adjecit. Ven. Bed., Eccles. hist., lib. 11, cap. 3.- Henr. Huntid., Hist., lib. II, p. 324 seqq., ed. Savile.

[ocr errors]
[ocr errors]

3. Ven. Bed., Eccl. hist., lib. III, cap. 7. Huptind., Hist., lib. I, p. 331, ed. Savile.

4. Ven. Bed., Eccl. hist., lib. iv, cap. 13. Monast. angl.,

1, P. 153.

valla offre au même évêque le quart de l'île de Wight, afin qu'il en tire parti pour la gloire de Dieu'; c'était vers l'an 680.

La libéralité des nouveaux chrétiens prit le même essor que l'Évangile et se déploya de siècle en siècle. Elle créa d'abord des monastères. Les annalistes versés dans la connaissance des antiquités ecclésiastiques distinguent le couvent épiscopal où le clergé résidait sous la surveillance et la direction de l'évêque, et le couvent monastique où l'on pratiquait plus strictement une règle déterminée, sous le gouvernement d'un prieur ou d'un abbé. L'Angleterre posséda certainement alors des institutions de cette double espèce. Au reste, que ce fussent des cleres ou des moines, leur église était la paroisse de toute la contrée; on y venait chercher l'instruction religieuse et participer à la prière publique. Voilà pourquoi les æuvres extérieures de piété, à cette époque, consistent généralement à bâtir et à doter des monastères.

Ainsi, vers l'an 640, saint Aidan, apôtre des Northumbres, obtint du roi Oswald l’ile de Lindisfarne, où il s'établit avec une colonie de moines écossais, ses compatriotes 8. Egfrid, un des successeurs d'Oswald, fit présent à Benoît Biscop de vastes terrains sur les rives de la Were et de la Tyne, pour y bâtir les abbayes

1. Quartanı insulæ partem pro Domino utendam obtulit. Ven. Bed., Eccl. hist., lib. iv, cap. 16.

2. Lingard, Antiq. de l'Église anglo-saxonne. 3. Ven. Bed., Eccl. hist. , lib. III, cap. 3 seqq.

3

Maluesb., de Gest. Reg., lib. I, cap. 3.

[ocr errors]

de Weremouth et de Jarrow!, vers 675. Hereten, ou l'ile du cerf, possédait un couvent gouverné d'abord par l'abbesse Heiü, la première femme saxonne qui prit l'habit de religieuse; puis par Hilda, princesse du sang royal, que distingua surtout sa piété savante; car les rois et les clercs l'écoutaient avec respect, et sa mémoire est restée en vénération. Avec ses biens et les dons de ses parents, elle éleva dans la même contrée, à Whitby, un autre monastère qui fut renommé du vivant même de la fondatrice Ebba, seur d'Oswald et tante d'Egfrid, échangea de même la vie facile du monde contre les sévérités de la discipline monastique; elle bâtit à Coldingham, près de Berwick, un couvent qu'elle illustra par sa sainteté. L'abbaye de Ripon fut richement dotée par les rois northumbres; en outre, leur munificence, jointe au zèle des particuliers, permit à saint Wilfrid d'ériger de nombreuses et splendides églises dans son diocèse d'York; car l'infatigable apôtre était aussi un habile architecte .. En un mot, cent ans après que les envoyés de saint Grégoire eurent touché à l'une des pointes méridionales de la Grande-Bretagne, toute la région située au

.

C

1. Ven. Bed., Eccl. hist., lib. iv, c. 18; lib. v, c. 22. Monast. angl., 1, p. 39 et 46.

2. Ven. Bed., Eccl. hist., lib. II, c. 24, et, lib. iv, c. 23. Malmesb., Gest. Reg., lib. I, c. 3. 3. Ven. Bed., Eccl. hist., lib. iv, c. 25.

4. Dotaverunt illi (reges) locum ingentibus prædiis... harum eventu victoriarum multiplicata Wilfrido prædia... monasteria sua quæ in illa regione plurima per indulgentiam regum institucrat, Malmesb., Gest. Pontif., lib. ill, p. 261 seql., ed. Savile.

« PoprzedniaDalej »