Obrazy na stronie
PDF
ePub

opérer éternellement dans le royaume du mal avec Satan...; les autres pour opérer éternellement dans le royaume du bien avec Dieu.

Si tu demandes, ô homme! où sont toutes ces choses? Elles sont en toi.... Apprends donc à te connoître toi-même ! N'as-tu pas en foi la vue claire du bien et du mal? le libre arbitre qui te laisse le choix entre l'un et l'autre ? et la mort de ton corps qui t'ôte ce libre arbitre sans tuer ton âme immortelle ?.... Et où cst, je te prie, la cause et le modèle de tout cela ?........ Dans le hasard qui t'a créé; et après toi, il n'y a plus rien, dis-tu ?... Et tu n'es qu'un effet! immense, il est vrai, puisque tu es le miroir de ta cause!... mais enfin tu n'es qu'un effet! Que ce regard sur toi-même te serve au moins pour augmenter ta foi, encore qu'il ne te suffise pas pour la fonder!

A l'époque où ces choses se passoient dans le ciel, la terre étoit encore informe et toute nue, les ténèbres couvroient la face de l'abîme, et l'esprit de Dieu étoit porté sur les eaux. Ce fut alors que Dieu résolut la création du monde visible. Et comme il étoit le roi du monde angélique ou invisible, il voulut donner aux créatures du monde visible un roi de leur nature, mais qui lui fût sans doute subordonné dans une proportion infinie; et il créa l'homme à son image et ressemblance. Crois et multiplie, lui dit-il, remplis la terre et te l'assujettis, et domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tous les animaux qui se meuvent sur la terre!

Crois et multiplie ! Voilà l'ordre précis que Dieu donne d'abord à l'homme après l'avoir créé. Et puisqu'il lui est dit en même temps de croître et de multiplier, il n'étoit donc pas plus arrivé à sa vraie grandeur (et ici le mot de grandeur doit être pris dans toute son étendue et surtout dans toute son élévation), qu'il n'étoit arrivé à toute sa multiplication.... Bemplis la terre!... Voilà sa haute mission.... Et te l'assujettis!... Voilà les forces immenses que Dieu même met à sa disposition pour qu'il accomplisse sa volonté. Et afin d'établir quelque degré ou proportion entre la nature de l'homme, et ces forces brutes et inorganiques de la terre qu'il devoit s'assujettir; Dieu ajoute: Domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui se meuvent sur la terre!

Rien, depuis la surface de la terre jusqu'au centre de cette masse pesante et immense, eu égard à l'homme, n'est donc soustrait à son pouvoir: il la remplira, c'est l'ordre de Dieu.... Et pour arriver à cette fin, tous les élémens qui la composent, el toutes les forces qui les agitent; toutes les créatures dont Dieu l'a ornée, lui sont assujettis.... C'est l'homme, l'homme seul qui doit soumettre toutes ces puissances inférieures, et avec un ravissement infini pour elles-mêmes, à ses volontés très - parfaites; comme il est lui-même soumis, avec un ravissement infini, aux volontés très-parfaites de Dieu. Aussi les créatures attendent-elles avec un grand désir la ma

nifestation des enfans de Dieu; parce qu'elles sont assujetties à la vanité, et elles ne le sont pas volontairement, mais à cause de celui qui les y a assujetties; avec espérance d'être délivrées aussi ellesmêmes de cet asservissement à la corruption, pour participer à la glorieuse liberté des enfans de Dieu. (Saint Paul aux Romains, chap. 8, v. 19, 20 et 21.)

Et qu'on ne conçoive pas ici la froide pensée, en s'aidant des laborieux documens d'une science humaine aussi vaine qu'infirme, de confronter l'époque, et de chercher le lieu de ce paradis terrestre où Adam fut placé par Dieu même. Comme Dieu est souverainement juste et parfaitement bon dans toutes ses voies ; et que par sa volonté, Adam et toute sa descendance devoient remplir la terre; le paradis terrestre devoit aussi par le ministère de l'homme, s'étendre successivement pour en couvrir toute la surface; parce qu'il ne convenoit ni à la justice, ni à la bonté de Dieu, que les enfans de celui qu'il avoit voulu rendre parfaitement heureux, ne fussent pas, en tous points, parfaitement heureux comme leur père commun.

Cette œuvre étoit immense sans doute! mais Dieu devoit coopérer avec l'homme fidèle pour l'exécuter.

Telles ont été pendant quelques instans les hautes et éclatantes destinées de notre père commun, de cet agent supérieur du roi de l'univers, de cette image visible du Dieu très-grand! Tout, par lui, devoit être successivement harmonisé par rapport à lui; comme lui-même, par l'impulsion de la volonté divine toujours

agissante en lui, devoit être successivement harmonisé par rapport à Dieu. Rien ne devoit souffrir pour arriver à la soumission, sous sa main douce, habile et trèspuissante. Et de ce grand dessein dont l'exécution lui étoit confiée, résultoit avec certitude le bon emploi de tant de forces qui lui avoient été assujetties.

Mais cet archange impur, ce chef suprême du royaume du mal, ne put voir sans envie tant de grandeur; et dans son odieuse et indomptable malice, il osa concevoir la pensée pleine de superbe, de communiquer à l'homme, comme il l'avoit autrefois communiquée aux légions qui lui étoient subordonnées, sa volonté dépravée. L'homme, cette arche sainte du Dien vivant, fut souillé par ce rebelle du désir d'en faire aussi son agent!.... Dieu permit qu'il y réussît! Adam coupable, et aussitôt reconnu pour tel par celui qu'on ne trompe point; revêtu par son Dieu indigné d'une peau de bête qu'il devoit transmettre à toute sa descendance; honteusement chassé du paradis terrestre, et sans espoir d'y rentrer jamais; vit aussitôt tous les élémens et les lois qui les agitent et les combinent, s'émanciper de son sceptre ... une volonté subséquente de Dieu lui obscurcit la vue de leurs mouvemens et de leurs actions infinies, qu'autrefois il saisissoit avec tant de facilité pour les tourner à son profit : les créatures animées, non moins promptes à obéir à leur créateur, se révoltèrent contre ce roi déchu et humilié; enfin le trouble et la rébellion pénétrèrent partout, et renouvelèrent à l'extérieur l'image du pre

mier chaos, mais leur principal siége étoit pourtant encore dans le cœur royal de l'homme.

Comment peindre ici avec des couleurs assez vives la triste situation de notre premier père ! Désormais incertain dans toutes ses voies, aveugle dans toutes ses prévisions, maladroit à saisir les lois du monde inorganique, et encore plus maladroit à pénétrer les instincts des bêtes; tout lui devint ou un obstacle invincible, ou une base de doctrines absurdes. Les fausses religions et les horribles sacrifices qui en sont les conséquences nécessaires; les vaines sciences dont le cœur de l'homme s'enfle, et qui le précipitent dans tant d'abjection; les travaux pénibles qui ruinent sa santé, et lui font désirer, comme le plus grand des biens, l'oisiveté qui le tue; l'inquiétude sur ses premières nécessités, qui, en se joignant à ses appétits désordonnés, le porte à la fois, et à l'avarice qui lui glace le cœur, et à un travail opiniâtre au-delà de ses forces; la colère contre tout ce qui lui résiste; l'envie contre ce qui le surpasse; le mensonge pour arriver à des fins méchantes, impures et mal déterminées tout enfin, à l'inté rieur et à l'extérieur de ce roi déchu, loin d'être l'expression ou l'image de Dieu, n'étoit plus que l'expression ou l'image de l'enfer.... En effet, que pouvoit-il recevoir du père du mensonge ?... de celui qui vit le mal et l'aima!

Tout lui obéissoit cependant encore; mais avec résistance et douleur, parce que rien n'étoit à sa place lorsqu'il commandoit. Ce n'étoit plus cette main

« PoprzedniaDalej »