marchant dans les mêmes voies, soutient au contraire, qu'elle a pour seul et unique objet la société, parce qu'on ne peut avoir le droit d'infliger une peine, sur cela que le coupable pourrait commettre une seconde faute; enfin, M. Zachariæ, qui rejette la prévention par la terreur, et appuye la loi pénale sur le sentiment moral, cherchant à inspirer non la crainte, mais l'horreur pour le crime, etc., etc. Voilà, dans une courte esquisse, ou en est l'Allemagne. La France serait-elle moins favorisée qu'elle ? Il faut le dire, depuis la révolution et jusqu'à ce dernier temps, le droit n'avait guère été qu'un objet de pratique et d'affaire soit qu'une espèce de fatigue ou de méfiance des théories eut été engendrée par les souvenirs d'un passé sanglant, dont on faisait peser sur elles toute la responsabilité, soit que le régime impérial nous eut habitués à ne voir dans le droit qu'une pure source à règlements, à laquelle puisait le pou. voir au gré de ses besoins ou de ses caprices. Tout est déjà bien changé depuis quelque temps, non sans doute que nous puissions lutter avec avantage contre ces Jurisconsultes Allemands, dont l'érudition est si vaste, les spéculations si puissantes, non que le goût de la science soit universellement répandu dans les rangs du Palais et de l'école, mais du-moins se manifeste une tendance qui mérite une sérieuse attention par la vive sympathie qu'elle inspire et les ré sultats qu'elle fait espérer. C'est ainsi que nous avons vu naître cette publication si intéressante de la Thémis, où l'histoire du droit, et une théorie philosophique fort contestable, mais enfin une théorie philosophique ont trouvé d'habiles interprètes. C'est ainsi qu'un savant auteur écrivant pour les praticiens, M. Toullier n'a pas craint de rechercher les fondements nécessaires des matières juridiques qu'il traite, et n'a pas, dans cette partie de son travail, dédaigné l'autorité d'un disciple de Leibnitz. C'est ainsi qu'un professeur de la faculté de Poitiers, par une innovation très-heureuse, a conçu le plan, comme on l'a remarqué avant nous, non d'un traité à la manière de Pigeau, mais d'une théorie de la procédure, et a consacré à son introduction tout un volume, pensant, avec juste raison, que c'était là la pierre de fondement de son œuvre future. Toujours dans le même sens, mais avec un caractère plus large et plus décidément scientifique, ont paru l'introduction à l'histoire du droit de M. Lerminier, ouvrage où sous une forme rapide et dramatique, la théorie la plus complète s'allie à l'exposition des destinées successives du droit b depuis la renovation des études juridiques jusques à nos jours; le traité de droit pénal de M. Rossi, où les principes d'une si importante matière sont rigoureseument déduits des lois de la nature morale. Nous mettrons encore sur la même ligne, l'article si vrai et si profond de M. le duc de Broglie, sur le systême pénal, article inséré dans le premier meilleur de nos recueils périodiques, la Revue française. Enfin, quelques traductions d'ouvrages appartenant à l'école historique Allemande, secondent déjà ou vont bientôt seconder les brillantes tentatives que nous venons d'énumérer. Ainsi, l'histoire du droit romain d'Hugo, a été traduite; l'histoire romaine de M. Nieburh l'est en partie, et la traduction de l'histoire du droit romain au moyenáge de M. de Savigny, est promise à la France. Espérons que le dix-neuvième siècle, dont les débuts sont si brillants, verra s'achever parmi nous, l'œuvre de régénération des études juridiques; espérons que la science du droit, dont les destins sont loin d'être fixés malgré de grands et imposants.travaux, devra à notre pays la gloire de son avenir. Pourrions nous ne pas l'attendre, alors que la philosophie semble prendre sa forme complète et définitive à la voix d'un éloquent professeur, alors que les études historiques paraissent se retremper aux investigations savantes, à l'analyse si profonde et si exacte d'un écrivain assez illustre pour n'avoir pas besoin d'être nommé. Mais ce n'est pas lorsque commence une ère nouvelle pour le droit, qu'on peut sur le champ réclamer les avantages sociaux qui doivent résulter de ce changement. Il faut une suite de travaux conçus et entrepris dans le même but, et une pratique scientifique, qu'on ne peut d'ailleurs atten |