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sublime dans son origine, n'aboutirait-elle

à aucun bien réel pour

la société? Hâtonsnous de le dire, et sans crainte d'être démenti, non, mille fois non. Plus que tout autre, au contraire, elle est appelée à servir l'ordre social, plus que tout autre, elle est appelée à montrer que la chaîne puissante dont l'homme reconnaît en lui le premier anneau, n'est point destinée à se briser en sortant de la conscience, mais à se prolonger jusques dans les rapports les plus éloignés du monde extérieur.

Ainsi, disons le sans préambule, elle pourra influer de deux manières sur la société, et si je puis m'exprimer ainsi, par voie de composition, et par voie d'interprétation légale.

En effet, elle enseignera au législateur d'une nation, qu'en quelque matière qu'il procède, il faut qu'il étudie avec exactitude le fond primitif et absolu, sur lequel il travaille

et les modifications selon lesquelles réagissent sur ce fond les influences extérieures et locales; elle lui enseignera encore qu'il ne doit pas négliger l'expérience des siècles passés, comme celle des nations contemporaines répandues sur la terre, qui quoique diverses de mœurs et de civilisation, peuvent offrir à ses méditations d'utiles exemples.

Quant à l'interprète de la loi, elle transmettra à celui qui viendra s'initier à ses leçons, la vraie théorie de l'art qu'il cultive. Ainsi elle lui apprendra d'abord, comme au législateur, que l'histoire et la philosophie sont les bases primitives desquelles il doit partir dans ses travaux exégétiques ; et par là elle le rendra maître de la conception première, qui a présidé à la formation de la loi, et qui est, ou une pensée politique et nationale, par conséquent du domaine historique, ou une de ces idées invariables dans leur abstraction pure, con

séquemment du domaine philosophique. Puis, elle lui livrera ces procédés de détail, qui permettent d'arriver, par voie analytique, à la solution des difficultés spéciales, et de descendre jusques dans les nuances les plus fugitives et les plus délicates du texte.

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C'est, il n'en faut pas douter, à des études conçues sur un pareil plan, que les Jurisconsultes romains durent cette logique puissante, qui faisait dire à Leibnitz, qu'il ne connaissait de comparable à l'art profond et rigoureux de leurs déductions, que la géométrie et les mathématiques. Car, si un examen approfondi des monuments de leurs travaux juridiques, qui nous restent, ne nous attestaient pas combien la connaissance de la philosophie et des institutions politiques de leur pays leur était familière, combien cette double instruction pénétrait à fond dans leur existence morale, l'histoire nous révélerait encore par quelles fortes et subs

tantielles préparations, par quelles initiations philosophiques, par quelles études de politique et de mœurs nationales ils préludaient aux leçons de la Jurisprudence.

Du monde des idées et d'un exemple choisi dans les actes du passé, venons aux faits contemporains, et voyons où en est, de notre temps, la culture scientifique du droit.

Les hautes études juridiques sont depuis quelques années cultivées avec ardeur et succès en Allemagne.

Deux écoles rivales s'y disputent l'empire. Dans les rangs de l'une se placent M. Hugo, qui, dans son histoire du droit romain, a si heureusement mêlé le récit des événements politiques à l'exposition des textes, M. Eichorn, qui a suivi le même plan dans son histoire du droit Germanique, M. Mittermaier, qui, soit dans ses écrits sur le même sujet, soit dans ses travaux sur le

droit criminel, a fait un si habile usage de la méthode comparative, M. de Savigny, dont l'histoire du droit romain au moyenâge, est le chef-d'œuvre de la méthode analytyque appliquée à l'histoire du droit, M. Nieburh, de qui les recherches sur les antiquités du droit romain ont un si curieux caractère d'originalité, etc., etc. Dans les rangs de l'autre, sont MM. Hegel, Ganz (1), M. de Grolman, qui, cherchant les bases philosophiques du systême pénal, les trouve dans la prévention par la terreur, mais qui regarde celle-ci comme ayant pour objet principal l'individu et secondairement la société; M. de Feuerbach, qui, tout en

(1) Voyez les analyses de leurs systèmes, dans l'ouvrage introduction à l'Histoire du Droit, ouvrage qui m'a été infiniment utile dans le cours de cet écrit, je me plais à le reconnaître. Nous regrettons seulement que son auteur, M. Lerminier, n'ait pas cru devoir parler avec détails, de MM. Eichorn, Mittermaier, Feuerbach, Grolman, Zachariæ.

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