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Qu'il nous joint vous et moi, votre fils et ma fille,
Le plaisir qu'avec vous je prends de m'allier
Fait que je veux un peu rire sur mon palier :
Je brûle pour cela que notre troupe vienne.

MADAME BOUVILLON.

Dites que c'est pour voir votre comédienne. LA BAGUENAUDIÈRE.

Qui? l'Étoile? Ah! jalouse.

MADAME BOUVILLON.

Avouez-le entre nous, Cette brillante Étoile est un astre pour vous: Vous l'aimez, et votre ame adore sa puissance. LA BAGUENAUDIÈRE.

Je ne veux pas vous rendre offense pour offense; Mais l'effet de cet astre est sur moi moins certain, Que sur vous l'ascendant de monsieur le Destin. C'est un comédien bien fait, courtois, habile.

MADAME BOUVILLON.

Hé quoi donc sans aimer ne puis-je être civile?
Est-il assez hardi pour présumer de soi...?
LA BAGUENAUDIÈRE.

Non.

MADAME BOUVILLON.

Ce n'est qu'avec vous qu'il est venu chez moi.
LA BAGUENAUDIÈRE.

D'accord, je l'y menai, mais à votre prière;
Et ce soir-là chez vous la chère fut entière;
Rien ne fut épargné. Si par l'extérieur

On peut probablement juger du fond du cœur,
Le vôtre aux clairvoyants fut trop reconnoissable.
Quand de ce qu'on mettoit de meilleur sur la table
Ma main faisoit un choix pour le comédien,
Les vôtres, à l'envi, sans examiner rien,
A l'accabler de tout se montrèrent avides,
Tant qu'en un tournemain tous les plats étant vides,
L'assiette du Destin fut si pleine en effet,
Que chacun s'étonna que le hasard eût fait,
De morceaux entassés avec autant d'emphase,
Un si haut monument sur aussi peu de base
Qu'est le cul d'une assiette.

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LA BAGUENAUdière.

Ragotin! c'est, madame,

Un petit homme veuf d'une petite femme,
Avocat de naissance et de profession,
Qui, dans une petite et proche élection,
Petitement possède une petite charge,
D'esprit assez étroit, de conscience large,
Menteur comme un valet, têtu, présomptueux,
Et vain comme un pédant, sot et fat comme deux,
Poëte à mériter de souffrir un supplice,

Si sur les méchants vers on mettoit la police;
Et c'est, pour au portrait mettre les derniers traits,
Le plus grand petit fou qui se soit vu jamais,
Et qui depuis Roland ait couru la campagne.
Sans doute avec la troupe il vient, il l'accompagne;
Je cours au-devant d'eux.

BLAISE BOUVILLON.

Et moi, j'y vais aussi. SCÈNE III.

MADAME BOUVILLON, ISABELLE.

ISABELLE, entrant sans voir madame Bouvillon.

Allons tôt... que vois-je? ah!

MADAME BOUVILLON.

Que cherchez-vous ici?

ISABELLE.

J'y venois pour apprendre à mon père qu'un homme Arrive dans la cour.

MADAME BOUVILLON.

Comme est-ce qu'on le nomme?

ISABELLE.

Je ne sais. Je l'ai pris pour ce comédien,
Qu'on aime tant, et qui, quand la pièce est finie,
Si jeune, si bien fait, qui déclame si bien,
Vient toujours saluer toute la compagnie,
Et faire un compliment.

MADAME BOUVILLON,

Ne me suivez pas.

C'est le Destin, j'y cours;

SCENE IV.

ISABELLE.

Quoi! des obstacles toujours! Je ne puis satisfaire au penchant de mon ame. N'est-ce point que le ciel désapprouve ma flamme? Que, sans l'aveu d'un père, épousant le Destin...? Mais il a si bon air! Il m'aime, il est certain. Il vient.

SCÈNE V.

LE DESTIN, ISABELLE.

ISABELLE.

Où courez-vous? Par un transport extrême, Madame Bouvillon vous prévient elle-même :

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LE DESTIN, s'embarrassant dans les jupes de madame Bouvillon, tombe.

J'y cours. Ah! j'ai la jambe rompue. MADAME BOUVILLON, ouvrant elle-même, Ragotin pousse la porte rudement contre elle.

Ouvrons nous-même. Ah, ciel! j'ai la tête fendue. RAGOTIN, entrant brusquement, rencontre les pieds du Destin, qui le font tomber

(Il a une grande épée, une bandoulière où pend un mousqueton, et des bottes retroussées jusqu'aux cuisses.)

Et vite où me cacher? Ah! j'ai le nez cassé.

Ah! la tête.

MADAME BOUVILLON.

LE DESTIN.

Je suis brisé.

RAGOTIN, se relevant.

Je suis blessé.

MADAME BOUVILLON.

Quel est ce godenot fagoté de la sorte?

LE DESTIN.

C'est monsieur Ragotin.

Quel coup!

MADAME BOUVILLON.

Que la fièvre l'emporte!

LE DESTIN.

Quelle chute!

SCÈNE IX.

MADAME BOUVILLON, LE DESTIN, RAGOTIN,
LA RANCUNE, UN CHARRETIER.

LE CHARRETIER, à la Rancune.

Vous nous avez reçus bras dessus bras dessous.
Pour jouir en chemin de votre air amiable,
J'ai voulu remonter à cheval, c'est le diable!
Et montant le matin dans ma cour bien et beau,
Je m'étois dextrement aidé d'un escabeau;
Mais, en pleine campagne étant sans avantage,
La pâleur de han han m'est montée au visage.
Toutefois prenant cœur pour cet exploit guerrier,
J'ai vaillamment porté mon pied à l'étrier;
D'une main empoignant le pommeau de la selle,
Pour porter l'autre jambe en l'autre part d'icelle,
Je me guindois en l'air quand la selle a tourné:
Au crin tout aussitôt je me suis cramponné;
Enfin, cabin caha, j'avois monté ma bête.
La chose jusque-là n'avoit rien que d'honnête;
Mais malheureusement ce mandit mousqueton,

Oh! vous m'arrêtez en vain; Ayant entortillé mes jambes de son long,

Laissez, que je l'assomme.

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MADAME BOUVILLON, MONSIEUR DE LA BAGUE

S'est trouvé sur la selle, et juste entre mes fesses.
Pour m'affermir dessus, sensible à ces détresses,
Mes pieds trop courts cherchant mes étriers trop longs,
Ont fait à mon cheval sentir leurs éperons
Dans un endroit douillet où jamais la molette
N'avoit piqué cheval. Il part, marche à courbette,
Plus fort que ne vouloit un quasi Phaeton

Dont le corps ne portoit que sur un mousqueton.
Moi, j'ai soudain serré mes deux jambes de crainte;
L'animal aussitôt, à cette double atteinte,

A levé le derrière, et moi je suis glissé
Aussitôt sur le col où je me suis blessé;
Car le cheval mutin après cette ruade,
A relevé sa tête, et fait une saccade
Qui du col sur la croupe à l'instant m'a placé.
Du maudit mousqueton toujours embarrassé,

NAUDIÈRE, LE DESTIN, LA RANCUNE, L'OLIVE, N'y souffrant rien, il a gambadé de plus belle,

RAGOTIN.

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Mal à propos mon arme a fait la chose,
Mais c'est sans mon aveu, demandez-lui plutôt.
J'étois parti du Mans, monté sur un courtaud,
Comme un petit saint George avec cet équipage,
Sans avoir le dessein de faire aucun dommage,
Foi d'avocat. Ayant joint la troupe au faubourg,
Nous avons pris d'ici le chemin le plus court;
Tantôt caracolant devant, tantôt derrière,
Et tantôt cajolant l'une ou l'autre portière,
Faisant couler le temps, gagnant toujours pays,
En propos gaillardins, réjouissans devis,
Nous nous sommes trouvés proche votre avenue.
D'abord votre présence ayant frappé ma vue,
Pied à terre aussitôt j'ai mis avec eux tous;

panse;

Et m'a fait un piveau du pommeau de la selle.
M'étant saisi du crin, et me tenant serré,
Mon cheval galopoit, quand mon arme a tiré :
Je me suis cru le coup au travers de la
Mon cheval en a craint tout autant, que je pense,
Car il en a du coup si rudement bronché
Que le maudit pommeau qui me tenoit bouché
Juste un certain endroit comme un bouchon de liège,
A mon corps chancelant n'a plus servi de siège.
Suspendu donc en l'air, un pied libre et traînaut,
L'autre pour mon malheur à l'étrier tenant,
Jamais de mon trépas je ne me crus si proche.
Enfin je fais effort, et mon pied se décroche;
Lors on a vu soudain, comme un fardeau de plomb,
Corps, harnois, baudrier, épée, et mousqueton,
Bandoulière, enfin bref tout l'attirail de guerre,
Donner, non sans douleur, de compagnie à terre;
Et tout cela s'est fait, ma foi! sans vanité,
Bien plus adroitement que je n'étois monté.
A peine relevé de cette culebute,

J'avois l'esprit encore étourdi de ma chute,

Quand cet homme à plein poing est venu me charger:
M'étant senti des pieds encor pour déloger,
J'ai promptement cherché du secours dans la fuite;
Mais il s'est jusqu'ici chargé de ma conduite,
Toujours la fourche aux reins.

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