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ANALYSE DU CHAPITRE

Intitulé:

DE L'ADMINISTRATION DE LA JUSTICE.

M. Salvador a traité avec un soin particulier ce qui regarde l'administration de la justice chez le peuple juif : nous nous arrêterons à ce chapitre, qui doit, sans contredit, le plus vivement intéresser nos lecteurs 1.

Judicare et judicari, juger et être jugé. Ces mots expriment le droit de tout citoyen hébreu; c'est-à-dire que personne ne pouvait être condamné sans

1. N'oublions pas que cette analyse a paru d'abord dans la Gazette des Tribunaux.

jugement, et que chacun arrivait à son tour à juger les autres. Quelques exceptions à ce principe sont expliquées, et ne changent rien à la règle. Dans les affaires d'intérêt, chaque partie choisissait un juge, et ces deux juges choisissaient une troisième personne. Dès qu'il s'agissait de discussions sur l'interprétation de la loi, on les portait au petit conseil des anciens, et de là au grand conseil de Jérusalem. Toute ville dont la population excédait cent vingt familles devait former son petit Conseil composé de vingttrois membres : ils jugeaient en matière criminelle.

Les expressions, si souvent employées dans la loi mosaïque, il mourra, il sera retranché du peuple, renferment trois significations très-différentes, et qu'on

a coutume de confondre. Elles marquent la mort pénale, la mort civile et la mort prématurée, dont est naturellement menacé celui qui s'écarte des règles utiles au peuple et à lui-même. La mort civile est le dernier degré de la séparation ou de l'excommunication. Elle est prononcée comme peine judiciaire par l'assemblée des juges. On distinguait trois sortes de séparation, que M. Salvador compare aux trois degrés d'excommunication civile que renferme le Code pénal français, et qui frappent les condamnés aux travaux forcés à temps, ou à certaines peines correctionnelles. Mais l'excommunication hébraïque avait cet avantage, que jamais on ne perdait toute espérance de recouvrer sa position première.

Les jurisconsultes hébreux ont émis, sur l'application de la peine de mort, des opinions qui méritent d'être citées : « Un tribunal qui condamne à mort une fois en sept ans peut être appelé sanguinaire.»-«Il mérite cette qualification, dit le docteur Éliézer, quand il prononce une pareille sentence une fois dans soixante-dix ans. >> « Si nous eussions été membres de la haute cour, ajoutent les docteurs Tyrphon et Akiba, nous n'eussions jamais condamné un homme à mort. » — Siméon, fils de Gamaliel, leur objecta: «Ne serait-ce pas un abus? N'auriez-vous pas craint de multiplier les crimes en Israël ?» — «Non, sans doute, répond M. Salvador, loin d'en affaiblir le nombre, la rigueur de cette peine les accroît en donnant un carac

tère plus résolu aux hommes capables de la braver; et que de bons esprits se rangent aujourd'hui de l'avis d'Akiba et de Tyrphon! que de consciences se refusent à participer, de quelque manière que ce soit, à la mort d'un homme ! Ce sang qui coule, cette multitude agitée par une curiosité indécente, cette victime qu'on traîne comme en triomphe sur l'autel le plus horrible, l'impossibilité de réparer une erreur dont n'est jamais exempte la sagesse humaine, l'effroi de voir un jour une ombre douloureuse s'élever de la terre et dire: J'étais innocent! la facilité qu'ont les peuples modernes de rejeter hors de leur sein l'homme qui l'a souillé, l'influence des iniquités générales sur la production des crimes; enfin le contraste

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