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AVERTISSEMENT

DU TRADUCTEUR.

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L'Ouvrage, dont je présente au public la traduction; est au-dessus des éloges que je pourrois en faire. L'accueil qu'il a reçu en Angleterre, plusieurs édi– tions aussitôt épuisées que publiées suffisent pour constater sa réputation.

Le nom du docteur Blair peut avoir contribué à la première faveur de cet excellent ouvrage, et il est arrivé quelquefois qu'à l'examen, certains ouvrages ont médiocrement justifié la confiance que la célébrité de l'auteur leur avoit obtenue. La lecture des leçons du docteur Blair produit l'effet opposé; elles surpassent l'attente, et on est forcé de convenir que leur mérite est infiniment au-dessus de leur réputation.

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Nous avons, en français, d'excellens ouvrages sur le même sujet; mais, sans faire tort à leurs estimables auteurs, on peut dire qu'aucun d'eux ne l'a traité avec autant de clarté, d'étendue, ou d'une manière si complette. Le docteur Blair n'a rien omis de ce qui concerne l'art de bien parler ou de bien écrire soit en prose ou en vers. On pourroit dire qu'il a épuisé avec concision tous les détails sans oublier le plus indifférent des articles; mais son principal mérite est d'avoir dégagé les règles du pédantisme des rhéteurs. Il les fait toutes connoître; mais il les

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apprécie, et n'insiste que sur celles dont le bon goût et le bon sens ratifient l'importance : « Il est incon» testable, dit le docteur, que la manière dont on » a quelquefois conduit la rhétorique et la critique » a plus contribué à corrompre qu'à perfectionner le » goût et l'éloquence ». Mais il est très-certainement possible d'appliquer les principes de la raison et du bon sens à cet art, comme à tous les autres que les hommes ont inventé; et si le présent traité a quelque mérite, c'est dans l'entreprise de substituer ces principes à l'insignifiante verbosité de la rhétorique scholastique, de bannir les faux ornemens, de diriger moins l'attention vers le clinquant que vers le solide, de présenter le bon sens comme la base fondamentale de toutes les bonnes compositions, et la simplicité comme essentielle à leurs ornemens.

On sera sans doute étonné qu'on ait tardé si longtemps à enrichir notre langue de ces précieux ouvrages; mais il faut considérer que la plupart de ceux qui ont le talent et la volonté de traduire l'anglais manquent des moyens indispensables pour faire les énormes frais de l'impression: ils dépendent des libraires; et ceux-ci, pour avancer leurs fonds, sont forcés de calculer principalement la rapidité de leur rentrée. Un livre savant un livre élémentaire ne convient pas, disent-ils, à tous les lecteurs, et la chance de la vente est fort circonscrite (1). D'ail

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(1) Aussi peu fortuné que mes confrères traducteurs, j'aurois été force d'abandonner cette entreprise, si je n'avois pas été encouragé par le citoyen Gide, Libraire, qui s'est chargé de tous les frais, et de

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leurs le mérite du traité du docteur Blair n'étoit pas connu très-généralement. Il y a, en France, une infinité de personnes qui ont une teinture de la langue anglaise, et c'est ce qu'on appelle ici savoir l'anglais. Ceux qui ont une connoissance réelle de cette langue sont en très-petit nombre. On a jugé, en général, que ce traité n'étoit applicable qu'à la langue dans laquelle il est écrit, tandis que ce qui concerne exclusivement la langue anglaise est si peu de chose qu'on pourroit le supprimer, sans faire le moindre tort à cet ouvrage qu'on peut considérer comme un traité complet des principes ou des préceptes généraux applicables à tous les idiomes.

Le docteur Blair joint à une vaste et rare érudition une impartialité plus rare encore, particulièrement chez les écrivains anglais, relativement à ce qui concerne leur pays.

Il a toutefois entrepris de justifier la langue anglaise d'un reproche général et fondé; du sifflement que produit le son de l's dans un très-grand nombre de ses mots. Ce reproche est, dit-il, injuste; car le son des s finales se convertit le plus sout en z la plus douce de toutes les prononciatio dans les mots thèse, pease, et qui se thèze, peaze. Mais ce n'est pas des s finales qu'il est question, mais des s initiales, comme sad, saib,

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courir tous les risques. C'est donc à lui principalement que ses Concitoyens seront redevables de cette nouvelic et précieuse acquisition; et · dans un temps où l'argent est si rare et l'étude si peu cultivée, son zèle n'est pas médiocrement méritoire.

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soil, sable, saddle, etc. le son de l's est très-
prononcé dans tous ces mots, et il n'y a pas peut-
étre de langue où ils soient aussi multipliés qu'en
anglais. Dans le dictionnaire anglais et français, de
Boyer, cet article comprend 85 pages; et dans le
dictionnaire français et anglais, du même auteur et
format, il n'en comprend que 40, ce qui fait un peu

moins de la moitié.

Quoiqu'il en soit, le docteur Blair rend, à d'autres
égards, justice à sa langue et à la nôtre. Il juge
équitablement les écrivains des deux nations, leurs
théâtres et leurs poésies; et je conviens que je par-
tage son opinion, relativement aux entraves de la
rime, et à la monotonie qui résulte du repos fixe des
vers alexandrins, dans nos compositions drama-
tiques. Mais je ne crois pas, comme lui, que la
rime soit indispensable, en français, pour distinguer
les vers de la prose. Je suis, au contraire, persuadé
que si notre versification étoit un peu dégagée de ses
lourdes
chaînes, notre poésie acquerroit bientôt une
force et une énergie auxquelles ses entraves lui per-
mettent très-rarement d'atteindre. C'est particulière-
ment dans les compositions dramatiques que la rime
et la pause
qui coupent tous les vers en deux hémis-
tiches egates, produisent une géne et une monotonie
insupportables.

Je ne parlerai point de ma traduction; j'ai fait
de mon mieux, c'est au public à juger du succès.
Je me suis attaché à rendre clairement et littéralement
mon auteur; et par-tout où les exemples qu'il joint à
ses préceptes, ont pu s'adapter à la langue française,
je m'en suis servi par préférence. J'ai été quelquefois

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