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ment unis par la forme de l'expression, comme ils l'étoient par la nature des choses. La liberté des transpositions, presqu'illimitée dans ces langues, exigeoit peut-être aussi qu'on suivit cette méthode; car lorsque les mots, qui avoient ensemble un rapport direct, se trouvoient placés aux deux extrémités d'une phrase, et par conséquent éloignés l'un de l'autre, il falloit bien que quelque forme ou terminaison indiquât la relation de l'adjectifavec son substantif. Lorsque je dis en anglais the beautiful wife of a brave man, ou en français la belle épouse d'un brave homme, la position des mots suffit pour éviter toute espèce d'ambiguité, mais lorsque je dis en latin formosa fortis viri uxor, c'est uniquement la concordance en genre, nombre et cas, de l'adjectif formosa, placé au commencement de la phrase avec le substantif uxor, placé à la fin, qui le rend intelligible (1).

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(1) Dans la langue française les adjectifs s'accordent avec leurs substantifs en genre et en nombre; mais en Anglais les adjectifs n'ont ni genre ni nombre ; ils sont absolument aussi indéclinables, ou aussi immuables, si on peut se servir de cette expression, que nos adverbes. Par exemple, dans la phrase que le

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docteur Blair vient de citer, on pourroit, en transposant les mots, faire rapporter l'adjectif du mari à la femme, et celui de la femme au mari , sans changer une seule lettre.

The beautiful wife of a brave man, la belle épouse d'un homme courageux.

The brave wife of a beautiful man, la courageuse époused'un bel bomme.

Il est évident que la langue anglaise est moins susceptible de transposition que la française; car, de quelque manière qu'on range ces mots écrits correctement, la belle épouse d'un homme courageux, le sens restera toujours, quelque ridicule que puisse être la transposition, parce que belle ne peut se rapporter qu'à épouse, et courageux ne peut se rapporter qu'à homme.

NEUVIÈME LEÇON.

Structure ou composition des langues.
Langue anglaise (1).

LES plus complexes de tous les mots qu'on

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nomme attributifs ou même de toutes les parties du discours, sont sans contredit les verbes. C'est principalement dans cette partie que la subtile et profonde métaphysique du

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(1) J'ai laissé la fin de ce chapitre, en faveur de ceux qui savent ou qui étudient la langue anglaise. J'aurois pu le supprimer sans faire le moindre tort à l'ouvrage; car c'est beaucoup moins les détails minutieux ou les applications scholastiques, que les règles générales, les principes de goût et de raisonnement qui donnent au Traité du docteur Blair sa grande supériorité sur tous les Traités du même genre ; et comme il le dit lui-même, le principal mérite de son livre consiste dans les efforts qu'il a fait avec succès pour substituer les principes de la philosophie et de la raison aux principes artificiels de la rhétorique scholastique. Il en résulte que son Traité convient mieux à des hommes faits qu'à des enfans, et au moins autant aux instituteurs qu'à leurs disciples.

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langage se fait sentir. L'examen de la nature des verbes et de leurs différentes variations pourroit par conséquent donner lieu à une discussion très-étendue; mais étant convaincu qu'en poussant trop loin ces sortes de discussions grammaticales, on ne réussit qu'à les compliquer et à les obscurcir, je me bornerai, sur ce sujet, aux observations nécessaires.

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Le verbe tient de la nature de l'adjectif, en ✔ce qu'ils expriment l'un et l'autre un attribut ou une qualité d'une personne ou d'un autre objet quelconque. Mais le verbe fait plus; car, dans toutes les langues, les verbes comprennent à la fois trois choses; l'attribut d'un substantif, une affirmation relative à cet attribut, et le temps. Ainsi, lorsque je dis the sun shineth le soleil brille, brillant est l'attribut donné au soleil. Le temps présent est marqué, et il y a affirmation que le soleil a pour ce moment la propriété de briller. Le participe shining ou brillant, est simplement un adjectif qui indique un attribut ou propriété, et qui exprime le temps, mais sans affirmation. Le mœuf de l'infinitif to shine, briller, peut être considéré comme le nom du verbe. Il n'exprime ni temps ni affirmation, mais simplement l'attribut, l'action ou l'état des choses

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qui doivent être le sujet des autres mœufs,
et des temps du verbe. Il en résulte que l'infi-
nitif présente souvent la ressemblance d'un
nom substantif, et qu'il en tient quelquefois la
place dans les langues anglaise et latine (1),
comme, scire tuum nihil est, dulce et decorum
est pro patria mori; et en anglais, to write
well is difficult, to speak eloquently is still
more difficult.
De bien écrire est diffi-
cile, de parler éloquemment, l'est encore
plus. Mais comme tous les autres temps et
mœufs comprennent l'affirmation, et qu'elle
leur est essentielle, The sun shineth, le soleil
brille; was shining, étoit brillant; shone,
brilla; will shine, brillera; would have shone,
auroit brillé, il semble que c'est principale-
ment l'affirmation qui distingue le verbe des
autres parties du discours, et lui donne sa plus
grande force. Il en sésulte que dans toute
espèce de sentence ou proposition complète,

(1) L'infinitif des verbes tient, non-seulement en Français, souvent la place d'un substantif, comme dans les exemples cités par le docteur Blair, que j'ai traduit littéralement en Français, mais nous formons même des noms substantifs avec l'infinitif des verbes; c'est ainsi qu'on dit le parler, le dire, le rire, etc.

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