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droite à la gauche ; c'est-à-dire, dans un ordre contraire à celui que nous suivons aujourd'hui. Cette manière d'écrire subsista chez les Assyriens, les Phéniciens, les Arabes et les Hébreux; et, d'après des inscriptions très-anciennes, il paroît qu'elle se soutint aussi chez les Grecs. Dans la suite, ils adoptèrent la méthode d'écrire leurs lignes alternativement de droite à gauche, et de gauche à droite. On lui a donné le nom de boustrophedon, ou écriture conforme à la manière des bœufs, lorsqu'ils forment des sillons. Il nous reste encore plusieurs échantillons de ce genre, entre autres, l'inscription sur le fameux monument de Sigée. Cette manière d'écrire continua de prévaloir jusqu'au temps de Solon, le législateur d'Athènes. Le mouvement de gauche à droite ayant enfin paru plus naturel et plus commode, l'usage d'écrire dans ce sens fut adopté par tous les peuples de l'Europe.

L'écriture consista long-temps dans une sorte de gravure; on y employa d'abord des colonnes et des tables de pierre, et ensuite des plaques, des métaux les plus doux, comme le plomb. A mesure que l'usage de l'écriture devint plus fréquent, on se servit de matières moins pesantes et plus portatives. Dans quelques pays,

on fit usage des feuilles et de l'écorce de certains arbres; et dans d'autres, de tablettes de bois, enduites d'une cire douce, sur laquelle on écrivoit avec un stilet de fer. Dans des temps postérieurs, les peaux des animaux, réduites en parchemin poli, furent les matériaux les plus ordinaires. L'invention de notre papier ne remonte qu'au quatorzième siècle.

Telles sont mes observations sur la marche des deux grands arts, du discours et de l'écriture, les seuls moyens qu'aient les hommes pour se communiquer leurs pensées, et la base unique de toutes les connoissances et de tous leurs progrès. Je terminerai, sur ce sujet, par une comparaison concise du discours verbal avec le discours écrit, et nous trouverons, des deux côtés une balance d'avantages et d'inconvéniens.

L'écriture l'emporte sur le discours, parce qu'elle présente un moyen de communication dont les effets sont plus étendus et plus durables. Plus étendus, parce que l'écriture n'est point bornée au cercle étroit de ceux qui nous écoutent. Au moyen des caractères écrits, nous propageons nos pensées et nous les répandons dans tout l'univers. Notre voix se fait entendre aux extrémités de la terre. Ils sont plus durables,

durables , parce que l'écriture fait passer notre voix chez la postérité, et instruit, de nos sentimens, les générations futures. Elle perpétue. le souvenir instructif des événemens passés, et celui qui lit un discours a, sur celui qui l'écoute, l'avantage d'étudier le sens de l'auteur dont il tient l'ouvrage. Il peut suspendre le discours, réfléchir et comparer à loisir les différens passages. Mais la voix est passagère et fugitive. Il faut saisir les mots du discours - prononcé, à mesure que l'orateur les profère, ou le sens en est perdu sans ressource.

Mais quoique le discours écrit ait de si grands avantages sur le discours,verbal, que ce dernier auroit été fort insuffisant pour instruire les hommes sans le secours de l'écriture, il n'est pas moins vrai que le discours prononcé jouit d'une grande supériorité sur le discours écrit, relativement à la force et à l'énergie. La voix d'un orateur frappe bien plus vivement l'esprit que la lecture d'un livre, quel qu'il puisse être. Les modulations de la voix, le regard, le geste, sont des accessoires puissans qui manquent à l'écriture. Habilement ménagés, ils rendent le discours plus clair que l'écrit le plus soigneusement rédigé. Le ton, le geste et les regards sont les interprêtes naturels de la pensée ; ils Tome I.

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lui donnent des couleurs plus prononcées; ils fortifient les impressions et opèrent sur nous, au moyen de la sympathie, le plus puissant de tous les instrumens de la persuasion. Notre sympathie est toujours plus fortement émue, lorsque nous écoutons un orateur, que lorsque nous lisons son ouvrage; et quoique les écrits soient plus propres à l'instruction, le discours verbal est bien plus favorable aux grands efforts de l'éloquence.

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HUITIEME

LEÇON.

Construction des langues.

APRÈS avoir considéré la naissance et suivi les progrès des langues, je passe à leur construction, c'est-à-dire, à la grammaire générale. La construction des langues est une des productions de l'art, où il se fait plus sentir, et il n'existe point de science plus fondée que la grammaire, sur une logique perfectionnée et profonde. Les penseurs superficiels sont sujets à la dédaigner, comme une dépendance des premiers principes qu'on inculque aux écoliers durant la première enfance; mais ce qu'on en a appris avant d'en pouvoir comprendre les principes, indemniseroit amplement des dégoûts de cette première étude, si on la réprenoit à un âge plus mûr. C'est à l'ignorance de cet art qu'on doit imputer le grand nombre de fautes graves dont quelques écrits abondent.

Je n'ai point formé le projet d'établir un systême, ni relativement à la grammaire en général, ni en particulier, pour la grammaire anglaise. La discussion minutieuse des finesses

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