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de la composition a eue dans tous les temps. Les sciences cultivées avec ardeur, ont fait des progrès rapides. Les arts libéraux ont sérieusement fixé l'attention. On s'est particulièrement occupé des beautés du langage, des grâces et des embellissemens de toutes les sortes de compositions. Les oreilles ont acquis une délicatesse qui supporte difficilement l'incorrection et la négligence; et l'auteur qui ne joint pas le mérite de l'expression à celui de la pensée, ne doit se flatter d'obtenir aujourd'hui qu'un très-foible degré de considération.

On pourroit peut-être observer avec raison que nos contemporains ont porté un peu trop loin, dans leurs compositions, le goût des faux ornemens et d'une élégance minutieuse. J'avouerai même que je suis porté à croire que nous tendons à cet égard vers l'extrême, et que quelques auteurs semblent s'être plus attachés à polir leur diction qu'à présenter des idées. Mais il en résulte un nouveau motif de se livrer à l'étude de la bonne composition; car si le manque d'élégance ou d'ornemens est un défaut qu'on doit éviter dans un temps où le goût général les exige, il est sans contredit plus indispensable d'acquérir un degré de discernement capable de distinguer les faux ornemens

des véritables, et de résister au torrent du mauvais goût, qui entraîne presque inévitablement les ignorans et les novices. Ceux qui n'ont étudié ni les principes de l'éloquence, ni les beautés des auteurs classiques, sont sujets à se laisser éblouir par le faux éclat du clinquant, et n'ont, pour se former à composer des écrits* ou à parler en public, d'autre règle que la mode ou la fantaisie régnante, quelque fausse ou absurde qu'elle puisse être.

Mais comme le plus grand nombre des hommes ne se proposent ni de publier leurs écrits, ni de parler en public, il convient de considérer quelle sorte d'avantage ils pourront tirer des études qui font le sujet de ces leçons. La rhétorique est moins pour eux une science de pratique que de théorie. L'instruction dont les autres se serviront pour composer, aidera ceux-ci à discerner et goûter les beautés des compositions. Tout ce qui est capable de bien conduire l'exécution du génie, peut aussi servir de guide sûr au goût et à la critique.

En nommant la critique, je pourrois, peutêtre exciter ici les mêmes préventions dont j'ai déjà parlé relativement à la rhétorique. De même que celle-ci a été quelquefois considérée comme le nom d'une étude qui ne consiste que

dans un arrangement de mots, de phrases et de figures, la critique a aussi passé dans l'opipinion d'un grand nombre, pour l'art de trouver des défauts, en pratiquant l'insignifiante application de quelques termes techniques, au moyen desquels on apprend à chicaner et *pointiller d'une maniere scientifique. Mais cette espèce de critique n'est en usage que parmi les pédans. La véritable critique est un art libéral et indulgent. Elle est la fille du bon goût et du bon sens ; elle tend à évaluer judicieusement le mérite réel des auteurs. Elle nous fait sentir vivement leurs beautés, et nous garantit en même temps de l'absurde prévention qui confond trop souvent leurs défauts et leurs beautés dans son estime. Elle nous enseigne enfin à n'admirer ou blâmer qu'après un examen réfléchi, et à ne pas suivre machinalement la foule.

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Dans un siècle où les œuvres de littérature et du génie servent si fréquemment de texte à la conversation, où chacun s'érige en juge, et où on peut à peine se trouver une fois dans la bonne société sans être presque contraint de prendre quelque part à ces discussions ce genre d'étude paroîtra sans contredit redevable d'une partie de son importance aux maté

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riaux, qu'il peut fournir pour converser avec les hommes instruits, et jouir parmi eux de quelque considération.

Il seroit toutefois fâcheux qu'on ne pût pas fonder le mérite de cette étude sur une utilité plus réelle et plus directe. Mais rien n'est trèscertainement plus propre à perfectionner l'esprit que l'exercice du goût et de la saine critique. L'application des principes du bon sens aux écrits et aux discours, l'examen raisonné de leurs beautés et de ce qui les constitue telles, la distinction entre le spécieux et le solide, entre le naturel et l'affectation, doivent nécessairement nous familiariser avec la branche la plus importante de la philosophie, c'està-dire, la philosophie de la nature humaine; car ces sortes de discussions sont intimement liées avec la connoissance de nous-mêmes. En nous forçant à méditer sur les mouvemens du cœur et les opérations de l'esprit, elles augmentent l'action de nos plus délicates sensations et nous les font mieux connoître.

Les discussions de la logique et de la morale sont d'un genre plus élevé et plus grave. Elles traitent des succès de l'esprit dans la recherche des connoissances. Elles indiquent à l'homme les progrès de sa nature comme

créature intelligente, et les devoirs que la morale lui impose. Les lettres et la critique le considèrent principalement comme un être doué des pouvoirs du goût et de l'imagination, qui tendent à orner son esprit et à lui procurer des plaisirs raisonnables et utiles. Elles ouvrent une vaste carrière de recherches, analogues à elles-mêmes. Tout ce qui concerne la beauté, la justesse, la grandeur et l'élégance; tout ce qui peut flatter l'esprit, satisfaire l'imagination, ou émouvoir les affections de l'ame, est de leur dépendance. Elles présentent la nature humaine sous un aspect différent de celui sous lequel les autres sciences la considèrent. Elles font distinguer les ressorts de l'action qu'on n'auroit point observés sans leur secours, et dont la nature, quoique délicate, ne laisse pas d'exercer fréquemment une influence trèspuissante.

Ces études ont aussi l'avantage de donner à la raison de l'exercice sans fatigues. Elles conduisent à des discussions subtiles mais point pénibles, profondes, mais point abstraites. Elles parsèment de fleurs les sentiers de la science; et quoiqu'elles entretiennent à un certain point l'attention et l'activité de l'esprit, elles le délivrent de la contention plus vio

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