que d'imiter ou de décrire, il sera toujours évident que leur faculté de rappeller les impressions des objets réels, est uniquement fondée sur l'acception des mots et sur leur énergie. Puistelle est la source de leur perfection, il faut y remonter avant de pousser plus loin nos recherches. En conséquence, j'examinerai dans ma première leçon l'origine, les progrès et la construction des langues, et je traiterai ce sujet avec quelqu'étendue. jouit de cet avantage, qui lui assure une haute supériorité sur tous les autres arts de l'imitation. SIXIÈME LE CON. Origine et progrès des langues. AYANT terminé, sur les plaisirs du goût, mes observations destinées à servir d'introduction au principal sujet de ces leçons, je commencerai ici mes recherches sur le langage, qu'on doit considérer comme la base de tous les pouvoirs de l'éloquence. Elles m'entraîneront dans une discussion très-longue; mais les belles-lettres comprennent peu de sujets aussi dignes d'une discussion approfondie. Je donnerai d'abord l'histoire de la naissance et des progrès du langage, et je passerai ensuite à la naissance et aux progrès de l'écriture. Elle sera suivie de quelques détails sur la construction des phrases ou sur les principes de la grammaire universelle, et je terminerai mes observations par leur application à la langue anglaise (1). (1) Voyez la dissertation d'Adam Smith sur la formation des langues. Traité sur l'origine et les progrès du langage. - Essai philosophique sur le langage et sur la Grammaire universelle. Essai sur - Le langage signifie dans l'acception générale de ce terme, l'expression de nos idées au moyen de certains sons articulés. Par sons articulés, on entend les modulations de la voix, ou des sons qui sortent du thorax et se forment à l'aide de la bouche et de toutes ses parties c'est-à-dire, des dents, de la langue et du palais. Mes observations feront connoître jusqu'à quel point les sons émis peuvent avoir une relation naturelle avec nos idées. Mais comme cette relation naturelle ne peut, dans aucun systême, influer que très - partiellement sur la composition du langage, on peut considérer, en général, la relation entre les mots et les idées comme arbitraire et purement de convention. La preuve est évidente puisque les différens peuples ont des langues différentes, c'est-à-dire, des sons différemment l'origine des connoissances humaines, par l'abbé de Condillac.-Principes de grammaire par du Marsais. Grammaire générale et raisonnée. — Traité de la formation canique des langages, par le président des Beossas. Discours sur l'inégalité des hommes, par Rousseau. Grammaire générale, par Beauzée. Principes de la traduction, par Batteux. Les vrais principes de la langue française, par l'abbé Girard. V articulés, dont ils sont convenus pour se communiquer leurs idées. Cette méthode d'exprimer la pensée est portée aujourd'hui à son dernier degré de perfection. Le langage exprime avec facilité jusqu'aux plus délicates émotions de l'ame ou de l'esprit. Tous les objets qui nous environnent ont leurs noms; toutes les relations et les différences de ces objets sont minutieusement marquées. Nous exprimons les sentimens invisibles, les notions abstraites, et toutes les idées que la science ou l'imagination ont pu découvrir. Le langage est enfin devenu l'instrument du luxe le plus recherché. La clarté ne nous suffit plus, nous voulons de l'élégance et des ornemens; nous ne nous contentons plus de connoître les pensées des autres, nous exigeons qu'elles nous soient présentées d'une manière qui puisse flater notre imagination, et il est devenu facile de nous satisfaire; telle est aujourd'hui la situation du langage parini nous, et il y a des milliers d'années que plusieurs peuples ont joui du même avantage. Familiarisés par l'habitude avec ce phénomène, nous le contemplons sans surprise, comme le firmamament et les autres grands objets de la nature auxquels notre vue est accoutumée. Mais si nous reportions nos regards vers les premiers essais du langage parmi les hommes si nous réfléchissions à la foiblesse des commencemens, à la lenteur des progrès, aux grands et nombreux obstacles qu'ils ont dû inévitablement rencontrer, nous serions, sans doute, très-surpris de la perfection qu'il a ac quise. Nous admirons quelques inventions de l'art, nous nous pavanons de quelques découvertes modernes qui contribuent aux progrès des sciences et des commodités de la vie, nous les considérons comme le nec plus ultrà de l'humaine raison. Mais l'invention du langage est très-certainement la plus admirable, et nous en sommes évidemment redevables aux siècles de la plus profonde ignorance, en supposant qu'on puisse la considérer comme une invention humaine. Considérons la situation de la race humaine à l'époque de la première formation du langage. Les hommes étoient errans et dispersés. II n'existoit de société que dans les familles, et chez des peuples chasseurs ou pasteurs ; continuellement forcés de se séparer les uns des autres, la société des familles devoit être nécessairement très-imparfaite. Comment purent-ils convenir généralement des sons ou Tome I. i |