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Les tragédies de Lée et de Dryden en sont remplies.

Je terminerai ici mes observations sur le sublime, dont j'ai traité amplement, par deux raisons. Premièrement, parce qu'il constitue le plus haut degré d'excellence des écrits et des discours; et secondement, parce qu'il me semble que les meilleurs critiques n'en ont point encore donné des idées assez précises.

Avant de terminer cette leçon, je placerai ici une observation dont je serois fâché qu'on ne se souvînt pas. Elle est relative aux défauts, ou plutôt aux imperfections que j'ai relevées dans les ouvrages de quelques auteurs justement célèbres. Comme je me propose de continuer à me servir, dans l'occasion, de ces exemples, je dois déclarer, une fois pour toutes, que je suis loin de vouloir flétrir leur gloire ou leur réputation. Je trouverai l'occasion de rendre justice à leurs beautés, et je la saisirai avec grand plaisir. Comme il n'y a rien eu de parfait dans ce monde, on peut, sans offenser les écrivains célèbres, trouver quelques défauts dans leurs compositions. Il me seroit beaucoup plus facile d'en trouver chez les mauvais auteurs; mais ils feroient peu d'impression si je les tirois des livres qu'on ne lit jamais. Il me

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QUATRIÈME
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LEÇON.

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semble aussi que ma méthode doit contribuer à faire lire les bons auteurs avec plus de plaisir; on distinguera mieux leurs beautés de leurs défauts; les premières obtiendront l'admiration qu'elles méritent, et seront les seules que l'imitation prendra pour modèles.

CINQUIÈME

LEÇON.

De la Beauté, et autres plaisirs du goût.

COMME le sublime constitue un genre particulier de composition, et le plus haut degré de perfection de la poësie et de l'éloquence, il convenoit d'en traiter à fond. Parmi les autres plaisirs qui naissent du goût, quelques-uns ont moins de relation avec notre sujet principal, et n'exigent point généralement une discussion aussi étendue. Je ferai sur la beauté quelques observations qui pourront contribuer à perfectionner le goût et à indiquer en quoi consistent les grâces des descriptions et de la poësie (1).

Après le sublime, le beau est, sans contredit, ce qui plaît le plus à l'imagination; l'émotion qu'il excite est très-facile à distinguer de celle

(1) Voyez les Recherches de Hutchinson sur la beauté et sur la vertu. Gérard, sur le goût, chap. III. Recherches sur l'origine des idées du sublime et du beau.-Élémens de critique, chap. III. -Spectateur, vol. VI. vol. VI. — Essai sur les plaisirs du goût.

que le sublime fait naître ; elle est d'un genre plus doux ; elle élève moins l'esprit, mais elle produit une sorte de sérénité très-satisfaisante. J'ai déjà observé que le sublime fait une impression trop vive pour être durable. Celle du beau se soutient plus long-temps. Il s'étend aussi à plus d'objets que le sublime, et il en comprend même une si grande variété, que les sensations produites par le beau sont trèsdifférentes l'une de l'autre, non-seulement par rapport au degré, mais même pour le genre ou l'espèce. Il n'y a point de terme dont on se serve plus vaguement que de celui de beauté. On l'applique indistinctement à presque tous les objets extérieurs qui flattent l'œil ou l'oreille, à toutes les grâces des compositions, à un grand nombre des dispositions de l'esprit, et même â plusieurs objets des sciences abstraites. Il est, d'usage de dire également, la beauté d'un arbre, d'une fleur, d'un poëme, d'un caractère et d'un théorême de mathématique.

On concevra facilement qu'il doit être trèsdifficile ou plutôt impossible de découvrir dans une si grande variété d'objets, la qualité inhérente ou commune à tous, qui leur fait produire une sensation agréable. Les objets qu'on nomme beaux sont si différens que leur

don de plaire n'est point fondé sur une qualité commune à tous, mais sur différens principes de la nature humaine. La douce émotion qu'ils excitent tous, est un je ne sais quoi de même nature, et on lui donne aussi indistinctement le nom de beauté, quoi qu'elle soit souvent produite par des causes très-différentes.

On a toutefois imaginé des hypothèses très-ingénieuses pour expliquer l'essence fondamentale de la beauté dans tous les objets, et quelques-uns ont prétendu avoir trouvé cette essence ou qualité fondamentale dans l'uniformité qui subsiste à travers toutes les variétés. J'avoue que ceci peut expliquer suffisamment la beauté d'un grand nombre de figures; mais si nous appliquons ce principe à des beaux objets d'un autre genre, comme à la couleur ou au mouvement, nous appercevrons facilement qu'il ne peut pas y convenir. Il n'est pas même vrai que la beauté des objets extérieurs qui ont une figure, soit en proportion de leur mélange de variété et d'uniformité; car quelques-uns nous paroissent très-beaux, sans aucune espèce de variété, et d'autres nous flattent également, quoiqu'excessivement variés. En conséquence, sans adopter aucun systême à cet égard, je me bornerai à l'examen

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