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plus écouté, ou il est écouté si négligemment, qu'on donnerait plus d'attention aux discours les plus inutiles. Sa parole cherche partout des âmes qui la reçoivent; et partout la dureté invincible des cœurs préoccupés lui ferme l'entrée. Ce n'est pas qu'on n'assiste aux discours sacrés. La presse est dans les églises durant cette sainte quarantaine; plusieurs prêtent l'oreille attentivement : mais ce n'est ni l'oreille ni l'esprit que Jésus demande. « Mes frères, dit saint Augustin, la prédication est un « grand mystère : magnum sacramentum, fratres. Le son << de la parole frappe au dehors, le maître est au de« dans : » la véritable prédication se fait dans le cœur: Sonus verborum aures percutit, magister intus est1. C'est pourquoi ce maître céleste a dit tant de fois en prêchant : « Qui a des oreilles pour ouïr, qu'il écoute 2. » Certainement, chrétiens, il ne parlait pas à des sourds; mais il savait, ce divin docteur, qu'il y en a « qui en voyant << ne voient pas, et qui en écoutant n'écoutent pas3. >> Il savait qu'il y a en nous un endroit profond où la voix humaine ne pénètre point, où lui seul a droit de se faire entendre: « Qu'elle est secrète, dit saint Augustin; << qu'elle est éloignée des sens de la chair, cette retraite « où Jésus-Christ fait leçon, cette école où Dieu est le << maitre ! » Valde remota est a sensibus carnis hæc schola". Pour rencontrer cette école et pour écouter cette leçon, il faut se retirer au plus grand secret et dans le centre. du cœur. Pour entendre prêcher Jésus-Christ, il ne faut pas ramasser son attention au lieu où se mesurent les périodes, mais au lieu où se règlent les mœurs; il ne faut pas se recueillir au lieu où se goûtent les belles pensées, mais au lieu où se produisent les bons désirs :

In Epist. Joan., tract. III, no 13. 4 De Præd. SS., cap. vii, no 13.

1

2 Matth., XIII,

9.

.3 Ibid., 13.

ce n'est pas même assez de se retirer au lieu où se forment les jugements, il faut aller à celui où se prennent les résolutions. Enfin s'il y a quelque endroit encore plus profond et plus retiré, où se tienne le conseil du cœur, où se déterminent tous ses desseins, où l'on donne le branle à ses mouvements; c'est là qué, sans s'arrêter à la chaire matérielle, il faut dresser à ce maître invisible une chaire invisible et intérieure, où il prononce ses oracles avec empire. Là, quiconque écoute obéit, quiconque prête l'oreille a le cœur touché. C'est là que la parole divine doit faire un ravage salutaire, en brisant toutes les idoles, en renversant tous les autels où la créature est adorée, en répandant tout l'encens qu'on leur présente, en chassant toutes les victimes qu'on leur immole; et sur ce débris ériger le trône de Jésus-Christ victorieux: autrement. on n'écoute pas Jésus-Christ qui prêche.

S'il est ainsi, chrétiens, hélas ! que Jésus-Christ a peu d'auditeurs, et que dans la foule des assistants il se trouve peu de disciples! Où sont-elles ces âmes soumises que l'Évangile attendrit, que la parole de vérité touche jusqu'au cœur? En effet, ou nous écoutons froidement, ou il s'élève seulement en nous des affections languissantes, faibles imitations des sentiments véritables; désirs toujours stériles et infructueux, qui demeurent toujours désirs, et qui ne se tournent jamais en résolutions; flamme errante et volage, qui ne prend pas à sa matière; mais qui court légèrement par-dessus, et que le moindre souffle éteint tellement, que tout s'en perd en un instant, jusqu'au souvenir: Filii Ephrem, intendentes et mittentes arcum, conversi sunt in die belli1: « Les enfants d'Éphrem, dit David, préparaient leurs

1 Ps. LXXVII, 12.

coup quand il a fallu venir aux mains : Filii Ephrem, intendentes et mittentes arcum, conversi sunt in die belli.

Dirai-je ici ce que je pense? De telles émotions, faibles, imparfaites, et qui se dissipent en un moment, sont dignes d'être formées devant un théâtre, où l'on ne joue que des choses feintes, et non devant les chaires évangéliques, où la sainte vérité de Dieu paraît dans sa pureté. Car à qui est-ce qu'il appartient de toucher les cœurs, sinon à la vérité? C'est elle qui apparaîtra à tous les cœurs rebelles au dernier jour; et alors on connaîtra combien la vérité est touchante. « En la voyant, dit le « Sage, ils seront troublés d'une crainte horrible: » Videntes turbabuntur timore horribili: ils seront agités et angoissés; eux-mêmes se voudront cacher dans l'abîme. Pourquoi cette agitation, messieurs? c'est que la vérité leur parle. Pourquoi cette angoisse? c'est que la vérité les presse. Pourquoi cette fuite précipitée? c'est que la vérité les poursuit. Ah! te trouverons-nous toujours partout, vérité persécutante? Oui, jusqu'au fond de l'abîme, ils la trouveront: spectacle horrible à leurs yeux, poids insupportable sur leurs consciences, flamme toujours dévorante dans leurs entrailles. Qui nous donnera, chrétiens, que nous soyons touchés de la vérité,

1 Sap., V, 2.

moi des paroles efficaces, puissantes; donnez-moi udence; donnez-moi la force; donnez-moi la cirpection; donnez-moi la simplicité. Vous savez, Ο vivant, que le zèle ardent qui m'anime pour le ce de mon roi, me fait tenir à bonheur d'annoncer e Évangile à ce grand monarque, grand véritaent, et digne par la grandeur de son âme de n'enre que de grandes choses, qu'on ne lui inspire que rands desseins pour son salut; digne, par l'amour a pour la vérité, de n'être jamais déçu. Sire, c'est - qui doit parler dans cette chaire : qu'il fasse donc son Saint-Esprit, car c'est lui seul qui peut faire un and ouvrage, que l'homme n'y paraisse pas; afin Dieu, y parlant tout seul par la pureté de son Évan, il fasse dieux tous ceux qui l'écoutent, et partièrement Votre Majesté, qui, ayant déjà l'honneur de eprésenter sur la terre, doit aspirer à celui d'être blable à lui dans l'éternité, en le voyant face à face, qu'il est, et selon l'immensité de sa gloire, que je 5 souhaite, au nom du Père, et du Fils, et du Saintrit. Amen.

SERMON

SUR LA PÉNITENCE.

Trois motifs pressants qui doivent exciter les hommes à la pénitence. Vaines idoles que le pécheur se fait de la miséricorde et de la justice assurance de la rémission pour ceux qui retournent à Dieu. Difficulté de la conversion : puissance de Dieu pour l'opérer. Caractères de la vraie pénitence et ses effets. Prix du temps que Dieu nous accorde: pourquoi les hommes le perdent si aisément : illusions qu'il leur fait. Nécessité d'une pénitence qui ne connaisse point de délais.

Adjuvantes autem exhortamur ne in vacuum gratiam Dei recipiatis.

Nous vous exhortons, en vous aidant, que vous ne receviez point en vain la grâce de Dieu. II. Cor., VI, 1.

C'est avec raison, chrétiens, que nous reprochons aux pécheurs que leur infidélité est inexcusable : car il n'y a grâce, il n'y a remède, il n'y a sorte de secours qu'ils puissent demander à Dieu pour se retirer de l'a-bime, qui ne leur soit tous les jours offert par cette miséricorde infinie qui ne veut pas leur mort, mais leur conversion. Pour nous en convaincre, mes frères, examinons, je vous prie, attentivement ce que peut désirer un homme que le remords de sa conscience presse de retourner à la droite voie. La première pensée qui lui vient est celle de ses péchés, dont l'horreur et la multitude le font douter du pardon. Sur cela nous lui annonçons de la part de Dieu et de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est notre propitiateur par son sang; nous, dis-je, dans lesquels il a plu à Dieu de mettre le ministère de paix et de réconciliation, nous lui an

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