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pour ainsi dire, par la pauvreté de sa crèche, notre faste ridicule et nos vanités extravagantes. Il a vu, du plus haut des cieux, que les hommes n'étaient touchés que des biens sensibles et des pompes extérieures. Il s'est souvenu, en ses bontés, qu'il les avait créés au commencement pour jouir d'une plus solide félicité. Touché de compassion, il vient en personne les désabuser, non par sa doctrine, mais par ses exemples, de ces opinions non moins fausses et dangereuses qu'elles sont établies et invétérées. Car voyez où va son mépris : non-seulement il ne veut point de grandeurs humaines; mais, pour montrer le peu d'état qu'il en fait, il se jette aux extrémités opposées. Il a peine à trouver un lieu assez bas par où il fasse son entrée au monde : il rencontre une étable à demi ruinée; c'est là qu'il descend. Il prend tout ce que les hommes évitent, tout ce qu'ils craignent, tout ce qu'ils méprisent, tout ce qui fait horreur à leurs sens, pour faire voir combien les grandeurs du siècle lui semblent vaines et imaginaires. Si bien que je me représente sa crèche, non point comme un berceau indigne d'un Dieu, mais comme un char de triomphe, où il traîne après lui le monde vaincu. Là sont les terreurs surmontées, et là les douceurs méprisées; là les plaisirs rejetés, et ici les tourments soufferts rien n'y manque, tout est complet. Et il me semble qu'au milieu d'un si beau triomphe, il nous dit, avec une contenance assurée : « Prenez courage, j'ai << vaincu le monde : » Confidite ego vici mundum1; parce que par la bassesse de sa naissance, par l'obscurité de sa vie, par la cruauté et l'ignominie de sa mort, il a effacé tout ce que les hommes estiment, et désarmé tout ce qu'ils redoutent. Et hoc vobis signum : « Voilà le signe

I Joan., XVI, 33.

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<< que l'on nous donne pour reconnaitre notre Sauveur » Accourez de toutes parts, chrétiens, et venez connaître à ces belles marques le Sauveur qui vous est promis. Oui, mon Dieu, je vous reconnais, vous êtes le libérateur que j'attends. Les Juifs espèrent un autre Messie, qui les comblera de prospérités, qui leur donnera l'empire du monde, qui les rendra contents sur la terre. Ah! combien de Juifs parmi nous! combien de chrétiens qui désireraient un Sauveur qui les enrichit, un Sauveur qui contentât leur ambition, ou qui voulût flatter leur délicatesse! Ce n'est pas là notre Jésus-Christ. A quoi le pourrons-nous reconnaître? Écoutez ; je vous le dirai par de belles paroles d'un ancien Père: Si ignobilis, si inglorius, si inhonorabilis, meus erit Christus1 : << S'il est méprisable, s'il est sans éclat, s'il est bas aux << yeux des mortels, c'est le Jésus-Christ que je cherche. » Il me faut un Sauveur qui fasse honte aux superbes, qui fasse peur aux délicats de la terre, que le monde ne puisse goûter, que la sagesse humaine ne puisse comprendre, qui ne puisse être connu que des humbles de cœur. Il me faut un Sauveur qui brave, pour ainsi dire, par sa généreuse pauvreté nos vanités ridicules, extravagantes; qui m'apprenne par son exemple que tout ce que je vois n'est qu'un songe; que je dois rapporter à un autre et mes craintes et mes espérances; qu'il n'y a rien de grand que de suivre Dieu, et tenir tout le reste au-dessous de nous; qu'il y a d'autres maux que je dois craindre, et d'autres biens que je dois attendre. Le voilà, je l'ai rencontré, je le reconnais à ces signes; vous le voyez aussi, chrétiens. Reste à considérer maintenant si nous le croirons.

(Prem. Sermon sur le myst. de la Nativité de N.-S.)

Tertull., adv. Marcion., lib. 11, no 17.

AMOUR DE LA PAUVRETÉ.

Il y a deux partis formés : le monde d'un côté, JésusChrist de l'autre. On va en foule du côté du monde, on s'y presse, on y court, on croit qu'on n'y sera jamais assez tôt. Jésus est pauvre et abandonné: il a la vérité, l'autre l'apparence : l'un a Dieu pour lui, l'autre a les hommes. Il est bien aisé à choisir. Mais ce monde a de magnifiques promesses: là les délices, les réjouissances, l'applaudissement, la faveur : vous pourrez vous venger de vos ennemis, vous pourrez posséder ce que vous aimez; votre amitié sera recherchée : vous aurez de l'autorité, du crédit; vous trouverez partout un visage gai et un accueil agréable: il n'est rien tel, il faut prendre parti de ce côté-là. D'autre part, Jésus-Christ se montre avec un visage sévère. Mon Sauveur, que ne promettezvous de semblables biens? que vous seriez un grand et aimable Sauveur, si vous vouliez sauver le monde de la pauvreté ! L'un lui dit : Vous seriez mon Sauveur, si vous vouliez me tirer de la pauvreté : Je ne vous le promets pas. Combien lui disent en secret : Que je puisse contenter ma passion : Je ne le veux pas : Que je puisse seulement venger cette injure: Je vous le défends: Le bien de cet homme m'accommoderait; je n'y ai point de droit, mais j'ai du crédit : N'y touchez pas, ou vous êtes perdu. Qui pourrait souffrir un maître si rude? Retirons-nous; on n'y peut pas vivre. Mon Sauveur, que vous êtes rude! Mais du moins que promettez-vous? de grands biens. Oui; mais pour une autre vie! Je le prévois, vous ne gagnerez pas votre cause : le monde emportera le dessus : c'en est fait, je le vois bien, Jésus va être condamné encore une fois. On nous donne un signe pour vous connaître, mais c'est un signe de

contradiction. Il s'en trouvera, même dans l'Église, qui seront assez malheureux de le contredire ouvertement par des paroles et des sentiments infidèles; mais presque tous le contrediront par leurs œuvres. Et ne le condamnons-nous pas tous les jours? Quand nous prenons des routes opposées aux siennes, c'est lui dire secrètement qu'il a tort, et qu'il devait venir comme les Juifs l'attendent encore. S'il est votre Sauveur, de quel mal voulez-vous qu'il vous sauve? Si votre plus grand mal c'est le péché, Jésus-Christ est votre Sauveur mais s'il était ainsi, vous n'y tomberiez pas si facilement. Quel est donc votre plus grand mal? C'est la pauvreté, c'est la misère? Jésus-Christ n'est plus votre Sauveur; il n'est pas venu pour cela. Voilà comme l'on condamne le Sauveur Jésus.

Où irons-nous, mes frères, et où tournerons-nous nos désirs? Jusqu'ici tout favorise le monde, le concours, la commodité, les douceurs présentes. Jésus-Christ va être condamné on ne veut point d'un Sauveur si pauvre et si nu. Irons-nous? prendrons-nous parti? Attendons encore peut-être que le temps changera les choses. Peut-être ! il n'y a point de peut-être; c'est une certitude infaillible. Il viendra, il viendra ce terrible jour, où toute la gloire du monde se dissipera en fumée; et alors on verra paraître dans sa majesté ce Jésus autrefois né dans une crèche, ce Jésus autrefois le mépris des hommes, ce pauvre, ce misérable, cet imposteur, ce Samaritain, ce pendu. La fortune de ce Jésus est changée. Vous l'avez méprisé dans ses disgrâces; vous n'aurez pas de part à sa gloire. Que cet avénement changera les choses! Là ces heureux du siècle n'oseront paraître, parce que se souvenant de la pauvreté passée du Sauveur, et voyant sa grandeur présente, la première sera la conviction de leur folie; et la seconde en sera la

condamnation. Cependant ce même Sauveur, laissant ces heureux et ces fortunés, auxquels on applaudissait sur la terre, dans la foule des malheureux, il tournera sa divine face au petit nombre de ceux qui n'auront pas rougi de sa pauvreté, ni refusé de porter sa croix. Venez, dira-t-il, mes chers compagnons, entrez en la société de ma gloire, jouissez de mon banquet éternel.

Apprenons donc, mes frères, à aimer la pauvreté de Jésus soyons tous pauvres avec Jésus-Christ. Qui est-ce qui n'est pas pauvre en ce monde; l'un en santé, l'autre en biens; l'un en honneur, et l'autre en esprit? Tout le monde est pauvre; aussi n'est-ce pas ici que les biens abondent : c'est pourquoi le monde pauvre en effets ne débite que des espérances; c'est pourquoi tout le monde désire, et tous ceux qui désirent sont pauvres et dans le besoin. Aimez cette partie de la pauvreté qui vous est échue en partage, pour vous rendre semblables à Jésus-Christ; et pour ces richesses que vous possédez, partagez-les avec Jésus-Christ. Compatissez aux pauvres, soulagez les pauvres; et vous participerez aux bénédictions que Jésus a données à la pauvreté.

(Prem. Serm. sur le myst. de la Nativité de N-S.)

LE DÉMON.

De même qu'une vapeur pestilente se coule au milieu des airs, et, imperceptible à nos sens, insinue son venin dans nos cœurs; ainsi cet esprit malin, par une subtile et insensible contagion, corrompt la pureté de nos âmes. Nous ne nous apercevons pas qu'il agisse en nous, parce qu'il suit le courant de nos inclinations. Il nous pousse et il nous précipite du côté qu'il nous voit pencher il ne cesse d'enflammer nos premiers désirs, jusqu'à tant que par ses suggestions il les fasse croître

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