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faut que les vérités éternelles l'emportent, et qu elles captivent nos entendements.

(Premier Sermon pour le deux. dim. de l'Avent.)

SUR LE PÉCHÉ.

Et ne me demandez pas, chrétiens, de quelle sorte se fera ce grand changement de nos plaisirs en supplices; la chose est prouvée par les Écritures. C'est le véritable qui le dit, c'est le Tout-Puissant qui le fait. Et toutefois, si vous regardez la nature des passions auxquelles vous abandonnez votre cœur, vous comprendrez aisé. ment qu'elles peuvent devenir un supplice intolérable. Elles ont toutes en elles-mêmes des peines cruelles, des dégoûts, des amertumes. Elles ont toutes une infinité qui se fàche de ne pouvoir être assouvie; ce qui mêle dans elles toutes des emportements qui dégénèrent en une espèce de fureur non moins pénible que déraisonnable. L'amour impur, s'il m'est permis de le nommer dans cette chaire, a ses incertitudes, ses agitations violentes, et ses résolutions irrésolues, et l'enfer de ses jalousies: Dura sicut infernus æmulatio1: et le reste que je ne dis pas. L'ambition a ses captivités, ses empressements, ses défiances et ses craintes, dans sa hauteur même, qui est souvent la mesure de son précipice. L'avarice, passion basse, passion odieuse au monde, amasse non-seulement les injustices, mais encore les inquiétudes avec les trésors. Eh! qu'y a-t-il donc de plus aisé que de faire de nos passions une peine insupportable de nos péchés, en leur ôtant, comme il est très-juste, ce peu de douceur par où elles nous séduisent, et leur laissant seulement les inquiétudes cruelles et l'amertume dont

1 Cant., VII, 6.

elles abondent? Nos péchés contre nous, nos péchés sur nous, nos péchés au milieu de nous trait perçant contre notre sein, poids insupportable sur notre tête, poison dévorant dans nos entrailles.

(Sermon pour le troisième dimanche de l'Avent.)

SUR L'HONNEUR.

Je parle ici de l'honneur qui naît de l'estime des hommes; et c'est une certaine considération que l'on a pour nous, pour quelque bien éclatant qu'on y voit ou qu'on y présume. Voilà l'honneur défini; il nous sera aisé de le diviser et je remarque d'abord que nous mettons l'honneur dans des choses vaines, que souvent même nous le mettons dans des choses tout à fait mauvaises, et que nous le mettons aussi dans des choses bonnes. Nous mettons l'honneur dans des choses vaines, dans la pompe, dans la parure, dans cet appareil extérieur, parce que notre jugement est faible. Nous le mettons dans des choses mauvaises : il y a des vices que nous couronnons, parce que notre jugement est corrompu. Et aussi parce que notre jugement n'est ni tout à fait affaibli, ni tout à fait dépravé, nous mettons dans des choses bonnes, par exemple dans la vertu, une grande partie de l'honneur. Mais néanmoins cette faiblesse et cette corruption font que nous tombons dans une autre faute, qui est celle de nous les attribuer, et de ne pas les rapporter à Dieu, qui est l'auteur de tout bien. Il faut donc que nous apprenions aujourd'hui, et, mes frères, que nous l'apprenions par l'exemple de saint Jean-Baptiste, à chercher du prix et de la valeur dans les choses que nous estimons; par là toutes les vanités seront décriées : à y chercher beaucoup davantage la vérité et la droiture; et par là tous les vices perdront leur crédit : enfin, à y chercher l'ordre néces

saire; et par là les biens véritables, c'est-à-dire les vertus seront honorées comme elles doivent être seules, mais d'un honneur rapporté à Dieu, qui est leur premier principe. Et c'est le sujet de ce discours.

(Sermon pour le troisième dimanche de l'Avent.) MANIFESTATION DE LA DIVINITÉ DE JÉSUS-CHRIST.

Puisque mon Sauveur était Dieu, il fallait certainement qu'il fit des miracles: mais puisque mon Sauveur était homme, il ne devait pas avoir honte de montrer de l'infirmité, et l'ouvrage de la puissance ne devait pas renverser le témoignage de la miséricorde. C'est pourquoi, dit saint Augustin, s'il fait de grandes choses, il en fait de basses: mais il modère tellement toute sa conduite, « qu'il relève les choses basses par les extraor<< dinaires, et tempère les extraordinaires par les communes » Ut solita sublimaret insolitis, et insolita solitis temperaret. Confessez que tout cela est bien soutenu : je ne sais si je le fais bien entendre. Il naît, mais il naît d'une vierge; il mange, mais quand il lui plaît; il se passe des nourritures mortelles, et n'a pour tout aliment que la volonté de son Père; il commande aux anges de servir sa table; il dort, mais pendant son sommeil il empêche la barque de couler à fond, d'être renversée il marche, mais quand il l'ordonne l'eau devient ferme sous ses pieds: il meurt, mais en mourant il met en crainte toute la nature. Voyez qu'il tient partout un milieu si juste, qu'où il paraît en homme, il nous sait bien montrer qu'il est Dieu; où il se déclare Dieu, il fait voir aussi qu'il est homme. L'économie est si sage, la dispensation si prudente, c'est-à-dire

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Fp. cxxxvII, no 9, tom. II, col. 405.

toutes choses sont tellement ménagées, que la divinité paraît toute entière, et l'infirmité tout entière: cela est admirable.

(Prem. Serm. sur le myst. de la Nativ. de N. S.)

A CEUX QUI SOUFFRENT.

Consolez-vous, chrétiens, qui languissez parmi les douleurs mon Sauveur n'a épargné à son corps, ni la faim, ni la soif, ni les fatigues, ni les sueurs, ni les infirmités, ni la mort. Il n'a épargné à son âme, ni la tristesse, ni l'inquiétude, ni les longs ennuis, ni les plus cruclles appréhensions. O Dieu! qu'il aura d'inclination de nous soulager, nous qu'il voit, du plus haut des cieux, battus des mêmes orages dont il a été attaqué sur la terre! C'est pourquoi l'Apôtre se glorifie des infirmités de notre pontife. Ah! nous n'avons pas, dit-il, un pontife qui ne sente pas nos infirmités : il les sent, il en est touché, il en a pitié, dit saint Paul. Et pourquoi? « C'est qu'il a passé comme nous, répond-il, par << toutes sortes d'épreuves: » Tentatum per omnia absque peccato. Il a tout pris, à l'exception du péché : « Il a « fallu qu'il fût en tout semblable à ses frères, pour « être touché de compassion, et être un fidèle pontife <«< en ce qui regarde le culte de Dieu » Unde debuit per omnia fratribus similari, ut misericors fieret et fidelis pontifex ad Deum1. Il sait, il sait par expérience combien est grande la faiblesse de notre nature.

Et quoi donc, le Fils de Dieu, direz-vous, qui est la sagesse du Père,ne saurait-il pas nos infirmités, s'il ne les avait expérimentées? Ah! ce n'est pas le sens de l'Apôtre, vous ne prenez pas sa pensée : entendons cette doctrine tout apostolique. Je l'avoue, cette société de

I Hebr., XI, 17.

CHEFS-D'OEUV. DE BOSS.-T. II.

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malheurs ne lui ajoute rien pour la connaissance, mais elle ajoute beaucoup pour la tendresse. Car Jésus n'a pas oublié ni les longs travaux, ni les autres difficultés de son pénible pèlerinage; cela est encore présent à son esprit: de sorte qu'il ne nous plaint pas seulement comme ceux qui sont dans le port plaignent les autres qu'ils voient sur la mer, agités d'une furieuse tempête; mais il nous plaint à peu près comme ceux qui courent le même péril se plaignent les uns les autres, par une expérience sensible de leurs communes disgrâces. Il nous plaint, si je l'ose dire, comme ses compagnons de fortune, comme ayant eu à passer par les mêmes misères que nous, ayant eu tout ainsi que nous une chair sensible aux douleurs et un sang capable de s'altérer, et une température de corps sujette, comme la nôtre, à toutes les incommodités de la vie et à la nécessité de la mort. Quiconque, après cela, cherche d'autres joies et d'autres consolations que Jésus, il ne mérite ni joie ni consolation. Qui peut douter, fidèles, de la guérison de nos maladies, après ce signe que l'on nous donne? Car, pour recueillir mon raisonnement, la compassion du Sauveur n'est pas une affection inutile; si elle émeut le cœur, elle sollicite le bras. Ce médecin est tout-puissant tout ce qui lui fait pitié, il le sauve; tout ce qu'il plaint, il le guérit.

(Prem. Serm. sur le myst. de la Nativité de N.-S.)

HUMILITÉ DE JESUS-CHRIST.

Mais voulez-vous que je vous dise au contraire ce que je trouve de grand, d'admirable, ce qui me paraît digne véritablement d'un Dieu conversant avec les hommes? C'est qu'il semble n'être paru sur la terre que pour fouler aux pieds toute cette vaine pompe, et braver,

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