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conscience: Adeo nostram quoque conscientiam ludimus, dit le grave Tertullien 1.

Dieu est lumière, Dieu est vérité, Dieu est justice. Sous l'empire de Dieu, ce ne sera jamais par de faux prétextes, mais par une humble reconnaissance de ses péchés, qu'on évitera la honte éternelle qui en est le juste salaire. Tout sera manifesté devant le tribunal de Jésus-Christ. Une lumière très-claire de justice et de vérité sortira du trône, dans laquelle les pécheurs verront qu'il n'y a point d'excuse valable pour colorer leur rébellion; mais que le comble du crime, c'est l'audace de l'excuser et la présomption de le défendre.

Car il faut, messicurs, remarquer ici une doctrine importante c'est qu'au lieu que dans cette vie notre raison vacillante se met souvent du parti de notre cœur dépravé, dans les malheureux réprouvés il y aura une éternelle contrariété entre leur esprit et leur cœur. L'amour de la vérité et de la justice sera éteint pour jamais dans la volonté de ces misérables; et toutefois, à leur honte, toujours la connaissance en sera très-claire dans leur esprit. C'est ce qui fait dire à Tertullien cette parole mémorable dans le livre du Témoignage de l'âme Merito omnis anima et rea et testis est 2: « Toute << âme pécheresse, dit ce grand homme, est tout ensem«ble et la criminelle et le témoin. » Criminelle par la corruption de sa volonté, témoin par la lumière de sa raison : criminelle par la haine de la justice, témoin par la connaissance certaine de ses lois sacrées : criminelle, parce qu'elle est toujours obstinée au mal; témoin, parce qu'elle condamne toujours son obstination. Effroyable contrariété et supplice insupportable! C'est donc cette connaissance de la vérité qui sera la source

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Ad Nat., lib. I, no 16. -2 De Testimon. anim., sub fin., no 6.

immortelle d'une confusion infinie. C'est ce qui fait dire au Prophète : Alii evigilabunt in opprobrium, ut videant semper1 « Plusieurs s'éveilleront à leur honte, « pour voir toujours. » Ceux qui s'étaient appuyés sur des conseils accommodants et sur des condescendances flatteuses, qui pensaient avoir échappé la honte, et s'étaient endormis dans leurs péchés à l'abri de leurs excuses vainement plausibles, « s'éveilleront tout à coup << à leur honte, pour voir toujours : » evigilabunt, ut videant semper. Et qu'est-ce qu'ils verront toujours? Cette vérité qui les confond, cette vérité qui les juge. Alors ils rougiront doublement et de leurs crimes et de leurs excuses. La force de la vérité manifeste renversera leurs faibles défenses, et, leur ôtant à jamais tous les vains prétextes dont ils avaient pensé pallier leurs crimes, elle ne leur laissera que leur péché et leur honte. Dieu s'en glorifie en ces mots par la bouche de Jérémie : Discooperui Esau; j'ai dépouillé le pécheur, j'ai dissipé les fausses couleurs par lesquelles il avait voulu pallier ses crimes; j'ai manifesté ses mauvais desseins si subtilement déguisés, et il ne peut plus se couvrir par aucun prétexte : Discooperui Esau, revelavi abscondita ejus, et celari non poterit 2.

Mais réveillez vos attentions pour entendre ce qui servira davantage à la conviction et à la confusion des impies les justes qu'on leur produira, les gens de bien qui leur seront confrontés. C'est ici que ces péchés trop communs, hélas! trop aisément commis, trop promptement excusés; péchés qui précipitent tant d'âmes, et qui causent dans le genre humain des ruines si épouvantables; péchés qu'on se pardonne toujours si facilement, et qu'on croit avoir assez excusés, quand on les

I Dan., XII, 2.- 2 Jerem., XLIX, 10.

appelle péchés de fragilité : ah! ces péchés désormais ne trouveront plus aucune défense. Car il y aura le troupeau d'élite, petit à la vérité à comparaison des impies, grand néanmoins et nombreux en soi, dans lequel il paraîtra des âmes fidèles, qui dans la même chair et dans les mêmes tentations ont néanmoins conservé sans tache, ceux-là la fleur sacrée de la pureté, et ceux-ci l'honnêteté du lit nuptial. D'autres aussi vous seront produits. Ceux-là sont, à la vérité, tombés par faiblesse; mais s'étant aussi relevés, ils porteront contre vous ce témoignage fidèle, que malgré la fragilité ils ont toujours triomphé autant de fois qu'ils ont voulu combattre; et, comme dit Julien Pomère, « ils mon<< treront par ce qu'ils ont fait ce que vous pouviez faire « à leur exemple aussi bien qu'eux : » Cum fragilitate carnis in carne viventes, fragilitatem carnis in carne vincentes, quod fecerunt, utique fieri posse docuerunt1.

Pensez ici, chrétiens, ce que vous pourrez répondre; pensez-y pendant qu'il est temps, et que la pensée en peut être utile. N'alléguez plus vos faiblesses, ne mettez plus votre appui en votre fragilité. La nature était faible; la grâce était forte. Vous aviez une chair qui convoitait contre l'esprit; vous aviez un esprit qui convoitait contre la chair. Vous aviez des maladies; vous aviez aussi des remèdes dans les sacrements. Vous aviez un tentateur; mais vous aviez un sauveur. Les tentations étaient fréquentes; les inspirations ne l'étaient pas moins. Les objets étaient toujours présents, et la grâce était toujours prête; et vous pouviez du moins fuir ce que vous ne pouviez pas vaincre. Enfin, de quelque côté que vous vous tourniez, il ne vous reste plus aucune défaite, aucun subterfuge, ni aucun moyen

1 De Vit. Contempl., lib. III, cap. xi.

o confunditur fur, quando deprehenditur1: << Comme voleur est confus quand il est surpris dans son 1. » Il ne peut pas nier le fait, il ne peut pas l'excuil ne peut ni se défendre par la raison, ni s'épper par la fuite. «< Ainsi, dit le saint prophète, sent étonnés, confus, interdits, les ingrats enfants Israël : » Sic confusi sunt domus Israël. Nul n'échapa cette honte. Car écoutez le prophète : Tous, dit-il, nt confus, « eux et leurs rois et leurs princes, leurs prêtres et leurs prophètes : » Ipsi et reges um, principes et sacerdotes et prophetæ eorum 2. Leurs , car ils trouveront un plus grand roi et une plus te majesté leurs princes, car ils perdront leur dans cette assemblée, et ils seront pêle-mêle avec euple leurs prêtres, car leur sacré caractère et sainte onction les condamnera: leurs prophètes, es prédicateurs, ceux qui leur ont porté les divins cles, car la parole qu'ils ont annoncée sera en tégnage contre eux. « L'homme paraîtra, dit Tertulen, devant le trône de Dieu, n'ayant rien à dire. » stabit ante aulas Dei, nihil habens dicere. Nous resons interdits et si puissamment convaincus, que même s n'aurons pas cette misérable consolation de pounous plaindre: Sic confusi erunt domus Israël, ipsi eges, etc.

Mais, messieurs, quand j'appellerais à mon secours expressions les plus fortes et les figures les plus viotes de la rhétorique, je ne puis assez expliquer quelle

Jerem., II, 26. - 2 lbid. 3. De Testim. anim., no 6.

sera la confusion de ceux dont les crimes scandaleux ont déshonoré le ciel et la terre.

Vous voyez que je suis entré dans ma troisième partie, que je veux conclure en peu de paroles, mais par des raisons convaincantes. Pour en poser les fondements, je remarquerai, messieurs, que cette honte que Dieu réserve aux pécheurs en son jugement, a plusieurs degrés et nous est différemment exprimée dans son Écriture. Elle nous dit très-souvent, et nous en avons déjà cité les passages, qu'il confondra ses ennemis, qu'il les couvrira d'ignominie. C'est ce qui sera commun à tous les pécheurs. Mais nous lisons aussi, dans les saints prophètes, que Dieu et ses serviteurs se riront d'eux, qu'il leur insultera par des reproches mêlés de dérision et de raillerie, et que non content de les découvrir et de les convaincre, comme nous avons déjà dit, il les immolera à la risée de tout l'univers.

Je pense pour moi, messieurs, que cette dérision est le propre et véritable partage des pécheurs publics et scandaleux. Tous les pécheurs transgressent la loi; tous aussi méritent d'être confondus: mais tous n'insultent pas publiquement à la sainteté de la loi. Ceux-là s'en moquent, ceux-là lui insultent, qui font trophée de leurs crimes, et les font éclater sans crainte à la face du ciel et de la terre. A ces pécheurs insolents, s'ils ne s'humilient bientôt par la pénitence, est réservée dans le jugement cette dérision, cette moquerie terrible, et cette juste et inévitable insulte d'un Dieu outragé. Car qu'y a-t-il de plus indigne? Nous les voyons tous les jours dans le monde, ces pécheurs superbes, qui, avec la face et le front d'une femme débauchée, osent, je ne dis plus excuser, mais encore soutenir leurs crimes. Ils ne trouveraient pas assez d'agrément dans leur intempérance, s'ils ne s'en vantaient publiquement, « s'ils

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