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des maux de la vie? Quand Dieu a diminué nos richesses, a vons-nous songé en même temps à modérer notre luxe? quand la fortune nous a trompés, avons-nous tourné notre cœur aux biens qui ne sont point de son ressort ni de son empire? Au contraire, n'avons-nous pas été de ceux dont il est écrit: Dissipati sunt, nec compuncti1? Nous avons «< été affligés, sans être touchés de componc<< tion; » serviteurs opiniâtres et incorrigibles, qui nous sommes mutinés, même sous la verge: repris et non corrigés, abattus et non humiliés, châtiés sévèrement et non convertis. Après cela si nous osons dire que nous avons connu Jésus-Christ, que nous avons vu le Sauveur que Dieu nous avait promis, le Saint-Esprit nous appellera des menteurs, et nous dira par la bouche de saint la vérité n'est pas en nous.

Jean, que

Craignons donc, chrétiens, craignons de mourir ; car nous n'avons pas vu Jésus-Christ, nous n'avons pas encore tenu le Sauveur entre nos bras, nous n'avons encore embrassé ni sa personne, ni ses préceptes, ni ses vérités, ni les saints enseignements de son Évangile. Malheur à ceux qui mourront avant que Jésus-Christ ait régné sur eux ! O que la mort leur sera fâcheuse! ô que ses approches leur seront terribles! ô que ses suites leur seront funestes et insupportables! En ce jour, toute leur gloire sera dissipée; en ce jour, tous leurs grands projets seront ruinés; « en ce jour, périront, dit le Psalmiste, << toutes leurs hautes pensées : » In allia die, peribunt omnes cogitationes eorum2; en ce jour, commenceront leurs supplices; en ce jour, s'allumeront pour eux des feux éternels; en ce jour, la fureur et le désespoir s'empareront de leur âme et ce ver qui ne meurt point

Ps. XXXIV, 19. - 2 Ps. CXLV, 3.

enfoncera dans leur cœur ses dents dévorantes, venimeuses, sans jamais lâcher prise.

Ah! mes frères, allons au temple avec Siméon, prenons Jésus entre nos bras, donnons-lui un baiser religieux, embrassons-le de tout notre cœur. Un homme de bien ne sera pas étonné dans les approches de la mort : son âme ne tient presque plus à rien; elle est déjà comme détachée de ce corps mortel: autant qu'il a dompté de passions, autant a-t-il rompu de liens : l'usage de la pénitence et de la sainte mortification l'a déjà comme désaccoutumé de son corps et de ses sens; et quand il verra arriver la mort, il lui tendra de bon cœur les bras, il lui montrera lui-même l'endroit où il faut qu'elle frappe son dernier coup. O mort! lui dira-til, je ne te nommerai ni cruelle ni inexorable: tu ne m'ôteras aucun des biens que j'aime, tu me délivreras de ce corps mortel. O mort! je t'en remercie : il y a déjà tant d'années que je travaille moi-même à m'en détacher et à secouer ce fardeau! Tu ne troubles donc pas mes desseins; mais tu les accomplis: tu n'interromps pas mon ouvrage; mais plutôt tu y vas mettre la dernière main. Achève donc, ô mort favorable, et rends-moi bientôt à mon maître: Nunc dimittis! Que ne devonsnous pas faire pour mourir en cette paix! O que nous puissions mourir de la mort des justes, pour y trouver le repos que tous les plaisirs de la vie ne peuvent pas nous donner; et afin que fermant les yeux à tout ce qui se passe nous commencions à les ouvrir à ce qui demeure, et que nous le possédions éternellement avec le Père, le Fils, et le Saint-Esprit !

SERMON

SUR L'HONNEUR DU MONDE.

Quels sont les plus grands ornements du triomphe du Sauveur. Comment la vaine gloire corrompt la vertu en la flattant. Danger des louanges: dans quelles dispositions nous devons être à leur égard. Pourquoi ceux qui sont dominés par l'honneur, sont-ils infailliblement vicieux. Par quels moyens l'honneur met les vices en crédit. De quelle manière il nous fait tout attribuer à nous-mêmes, et nous érige enfin en de petits dieux. Remède à une si grande insolence. Mépris que nous devons faire du jugement des hommes en voyant celui qu'ils ont porté de Jésus-Christ.

Dicite filia Sion: Ecce Rex tuus venit tibi mansuetus.

Dites à la fille de Sion: Voici ton Roi qui fait son entrée, plein de bonté et de douceur.

Paroles du prophète Zacharie, rapportées dans l'évangile de ce jour, en saint Matthieu, chap. XXI, 3.

Parmi toutes les grandeurs du monde, il n'y a rien de si éclatant qu'un jour de triomphe : et j'ai appris de Tertullien, que ces illustres triomphateurs de l'ancienne Rome marchaient au Capitole avec tant de gloire, que, de peur qu'étant éblouis d'une telle magnificence, ils ne s'élevassent enfin au-dessus de la condition humaine, un esclave qui les suivait avait charge de les avertir qu'ils étaient hommes: Respice post te, hominem te memento. Ils ne se fâchaient pas de ce reproche : « C'était là, dit Tertullien ', le plus grand sujet de leur << joie, de se voir environnés de tant de gloire, que l'on << avait sujet de craindre pour eux qu'ils n'oubliassent << qu'ils étaient mortels » Hoc magis gaudet tanta se gloria coruscare, ut illi admonitio conditionis suæ sit necessaria.

Le triomphe de mon Sauveur est bien éloigné de 1 Apolog., no 33.

cette pompe; et quand je vois le pauvre équipage avec lequel il entre dans Jérusalem, au lieu de l'avertir qu'il est homme, je trouverais bien plus à propos, chrétiens, de le faire souvenir qu'il est Dieu : il semble en effet qu'il l'a oublié. Le prophète et l'évangéliste concourent à nous montrer ce Roi d'Israël « monté, disent-ils, sur << une ânesse : >> Sedens super asinam1. Ah! messieurs, qui n'en rougirait? Est-ce là une entrée royale? est-ce là un appareil de triomphe? est-ce ainsi, ô Fils de David, que vous montez au trône de vos ancêtres, et prenez possession de leur royaume?

Toutefois arrêtons, mes frères, et ne précipitons pas notre jugement. Ce Roi, que tout le peuple honore aujourd'hui par ses cris de réjouissance, ne vient pas pour s'élever au-dessus des hommes par l'éclat d'une vaine pompe, mais plutôt pour fouler aux pieds les grandeurs humaines les sceptres rejetés, l'honneur méprisé, toute la gloire du monde anéantie, font le plus grand ornement de son triomphe. Donc, pour admirer cette entrée, accoutumons-nous avant toutes choses à la modestie et aux abaissements glorieux de l'humilité chrétienne, et tâchons de prendre ces sentiments aux pieds de la plus humble des créatures, en disant Ave.

Aujourd'hui que notre monarque fait son entrée dans Jérusalem, au milieu des applaudissements de tout le peuple, et que, parmi cette pompe de peu de durée, l'Église commence à s'occuper dans la pensée de sa passion ignominieuse, je me sens fortement pressé, chrétiens, de mettre aux pieds de notre Sauveur quelqu'un de ses ennemis capitaux, pour honorer tout

Zach., IX, 9. Matth., XXI, 5.

ensemble et son triomphe et sa croix. Je n'ai pas de peine à choisir celui qui doit servir à ce spectacle : et le mystère d'ignominie que nous commençons de célébrer, et cette magnificence d'un jour que nous verrons bientôt changée tout d'un coup en un mépris si outrageux, me persuadent facilement que ce doit être l'honneur du monde.

L'honneur du monde, mes frères, c'est cette grande statue que Nabuchodonosor veut que l'on adore. Elle est d'une hauteur prodigieuse, altitudine cubitorum sexaginta; parce que rien ne paraît plus élevé que l'honneur du monde. «Elle est toute d'or, » dit l'Écriture 1; Fecit statuam auream; parce que rien ne semble ni plus riche ni plus précieux. « Toutes les langues et tous les peuples adorent cette statue : » Omnes tribus et linguæ adoraverunt statuam auream; tout le monde sacrifie à l'honneur: et ces fifres, et ces trompettes, et ces hautbois, et ces tambours qui résonnent autour de la statue, n'est-ce pas le bruit de la renommée ? ne sont-ce pas les applaudissements et les cris de joie qui composent ce que les hommes appellent la gloire? C'est donc, messieurs, cette grande et superbe idole que je veux abattre aujourd'hui aux pieds du Sauveur. Je ne me contente pas, chrétiens, de lui refuser de l'encens avec les trois enfants de Babylone, ni de lui dénier l'adoration que tous les peuples lui rendent; je veux faire tomber sur cette idole le foudre de la vérité évangélique; je veux l'abattre tout de son long devant la croix de mon Sauveur; je veux la briser et la mettre en pièces, et en faire un sacrifice à Jésus-Christ crucifié, avec le secours de sa grâce.

Parais donc ici, & honneur du monde! vain fantôme

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