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apprenons à nous relâcher de nos intérêts en faveu la charité chrétienne; et quand nous pardonnons injures, ne nous persuadons pas que nous fassions grâce car, si c'est peut-être une grâce à l'égard hommes, c'est toujours une justice à l'égard de Di qui a mérité ce pardon qu'il nous demande pour ennemis, par celui qu'il nous a donné de toutes fautes, et qui, non content de l'avoir si bien ache promet de le récompenser éternellement.

Telle est la première obligation de cette justice te pérée par la bonté : c'est de supporter les faiblesses, de pardonner quelquefois les fautes. La seconde beaucoup plus grande : c'est d'épargner la misère : veux dire que l'homme juste ne doit pas toujours mander, ni ce qu'il peut, ni ce qu'il a droit d'exiger autres. Il y a des temps malheureux où c'est une crua et une espèce de vexation, que d'exiger une dette; la justice veut qu'on ait égard non-seulement à l'ob gation, mais encore à l'état de celui qui doit. Le sa Néhémias avait bien compris cette vérité, lorsque, aya été envoye par le roi Artaxercès pour être gouverneur peuple juif, il se mit à considérer non-seulement que étaient les droits de sa charge, mais encore quell étaient les forces du peuple : «< il vit que les capitain « généraux, qui l'avaient précédé dans cet emplo << avaient trop foulé ce pauvre peuple : » Duces grav verunt populum; « mais surtout, comme il est assez << dinaire, que leurs ministres insolents l'avaient enti

crut obligé en conscience de chercher tous les ns de le soulager; et, bien loin d'imposer de nou5 charges, comme avaient fait les généraux ses préseurs, il crut qu'il devait remettre, comme porte _te sacré2, beaucoup des droits qui lui étaient dus mement et après, plein de confiance en la divine , qui regarde d'un œil paternel ceux qui se plaia imiter ses miséricordes, il lui adresse du fond de œur cette humble prière : « Mon Dieu, souvenezus de moi en bien, à proportion des grands avanes que j'ai causés à ce peuple: » Memento mei, Deus – in bonum, secundum omnia quæ feci populo huic3. l'unique moyen d'approcher de Dieu avec une e confiance. C'est la gloire solide et véritable que pouvons porter hautement jusque devant ses auet ce Dieu si délicat et si jaloux, qui défend à toute de se glorifier devant sa face, a néanmoins agréaque Néhémias et tous ses imitateurs se glorifient à eux du bien qu'ils font à son peuple. N'en disons avantage; et croyons que les princes qui ont le cœur , sont plus pressés par leur gloire, par leur bonté, eur conscience, à soulager les misères publiques rticulières, qu'ils ne peuvent l'être par nos paroles; Dieu seul est tout-puissant pour faire le bien. de cette haute contemplation je commence à jeter eux sur la puissance des hommes, je découvre viment la pauvreté essentielle à la créature, et je vois tout le pouvoir humain je ne sais quoi de très-resen ce que, si grand qu'il soit, il ne peut pas faire

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beaucoup d'heureux, et se croit souvent obligé de faire beaucoup de misérables. Je vois enfin que c'est le malheur et la condition essentielle des choses humaines, qu'il est toujours trop aisé de faire beaucoup de mal, et infiniment difficile de faire beaucoup de bien: car comme nous sommes ici au milieu des maux, il est aisé, chrétiens, de leur donner un grand cours, et de leur faire une ouverture large et spacieuse; mais comme les biens n'abondent pas en ce lieu de pauvreté et de misère, il ne faut pas s'étonner que la source des bienfaits soit sitôt tarie. Aussi le monde, stérile en biens et pauvre en effets, est contraint de débiter beaucoup d'espérances, qui ne laissent pas néanmoins d'amuser les hommes. C'est en quoi nous devons reconnaitre l'indigence inséparable de la créature, et apprendre à ne pas tout exiger des grands de la terre. Les rois même ne peuvent pas faire tout le bien qu'ils veulent : il suffit qu'ils n'ignorent pas qu'ils rendront compte à Dieu de ce qu'ils peuvent. Mais nous, qui voyons ordinairement parmi les hommes et la puissance et la volonté tellement bornées, chrétiens, mettons plus haut notre confiance. « En Dieu seul est la bonté véritable: » Nemo bonus, nisi unus Deus1. En lui seul abonde le bien; lui seul le peut et le veut répandre sans bornes, et s'il retient quelquefois le cours de sa munificence à l'égard de certains biens, c'est qu'il voit que nous ne pouvons pas en porter l'abondance entière. Regardons-le donc comme le seul bon. Ce qui fait que nous n'éprouvons pas sa bonté, c'est que nous ne la mettons pas à des épreuves dignes de lui : nous n'estimons que les biens du monde; nous n'admirons que les grandeurs de la fortune; et nous ne voulons pas entendre que ce qu'il réserve à ses enfants

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est, sans aucune comparaison, plus riche et plus précieux que ce qu'il abandonne à ses ennemis.

Ainsi nous ne devons pas nous persuader que les sceptres mêmes, ni les couronnes soient les plus illustres présents du ciel : car jetez les yeux sur tout l'univers et sur tous les siècles: voyez avec quelle facilité Dieu a prodigué de tels présents indifférement à ses ennemis et à ses amis : regardez les superbes monarchies des Orientaux infidèles : voyez que Jésus-Christ regarde du plus haut des cieux l'ennemi le plus déclaré du christianisme, assis en la place du grand Constantin, d'o il menace si impunément les restes de la chrétienté, qu'il a si cruellement ravagée. Que si Dieu fait si eu d'état de ce que le monde admire le plus, apprenons donc, chrétiens, à ne lui demander rien de mortel : demandons-lui des choses qu'il soit digne de ses enfants de demander à un tel père, et digne d'un tel père de les donner à ses enfants. C'est insulter à la misère que de demander aux petits de grandes choses: c'est ravilir la majesté que de demander au Très-Grand de petites choses. C'est son trône, c'est sa grandeur, c'est sa propre félicité qu'il veut nous donner; et nous soupirons encore après des biens périssables! Non, mes frères, ne demandons à Dieu rien de médiocre, ne lui demandons rien moins que lui-même : nous éprouverons qu'il est bon autant qu'il est juste, et qu'il est infiniment l'un et l'autre.

Mais vous, sire, qui êtes sur la terre l'image vivante de cette Majesté suprême, imitez sa justice et sa bonté, afin que l'univers admire en votre personne sacrée un roi juste et un roi sauveur, à l'exemple de Jésus-Christ : un roi juste qui rétablisse les lois; un roi sauveur qui soulage les misères. C'est ce que je souhaite à Votre Majesté, avec la grâce du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

PREMIER SERMON

POUR

LE JOUR DE LA PENTECOTE.

Combien depuis le péché nous sommes naturellement portés au mal, et combien la vertu nous est difficile. Impuissance de la loi pour nous soulager dans nos infirmités; comment n'est-elle propre qu'à augmenter le crime et qu'à nous donner la mort. De quelle manière elle nous fait sentir, notre impuissance et le besoin que nous avons de la grâce. Chaste délectation, esprit vivifiant, caractère distinctif de la nouvelle alliance. Pourquoi la crainte ne peut-elle changer les cœurs? Amour que nous devons à Dieu; excès de notre ingratitude.

Littera occidit; Spiritus autem civificat.
La lettre tue; mais l'Esprit vivifie.

II. Cor., 111, 6.

A la vérité, le sang du Sauveur nous avait réconciliés à notre grand Dieu par une alliance perpétuelle; mais il ne suffisait pas pour notre salut que cette alliance eût été conclue, si ensuite elle n'eût été publiée. C'est pourquoi Dieu a choisi ce jour, où les Israélites étaient assemblés par une solennelle convocation, pour y faire publier hautement le traité de la nouvelle alliance qu'il lui plaît contracter avec nous; et c'est ce que nous montrent ces langues de feu qui tombent d'en haut sur les saints apôtres car d'autant que la nouvelle alliance, selon les oracles des prophéties, devait être solennellement publiée par le ministère de la prédication; le Saint-Esprit descend en forme de langues, pour nous faire entendre par cette figure: qu'il donne de nouvelles langues aux saints apôtres; et qu'autant qu'il remplit de personnes, il établit autant de hérauts qui publieront les articles de l'alliance et les commandements de

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