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aissé de sa substance; les puissances l'ont comblé de rs bienfaits, et il suçait de son côté le sang du peu. C'est pourquoi il s'est élevé, superbe en sa haur, beau en sa verdure, étendu en ses branches, feren ses rejetons : les oiseaux faisaient leurs nids sur branches; les familles de ses domestiques, les peus se mettaient à couvert sous son ombre; un grand nbre de créatures, et les grands et les petits, étaient achés à sa fortune: ni les cèdres ni les pins, c'est-àe les plus grands de la cour, ne l'égalaient pas : etes non adæquaverunt summitalem ejus... æmulata t eum omnia ligna voluptatis quæ erant in paradiso 2. Autant que ce grand arbre s'était poussé en haut, ant semblait-il avoir jeté en bas de fortes et profonracines.

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Foilà une grande fortune, un siècle n'en voit pas ucoup de semblables; mais voyez sa ruine et sa déence! « Parce qu'il s'est élevé superbement, et qu'il porté son fàlte jusqu'aux nues, et que son cœur c'est aflé dans sa hauteur: pour cela, dit le Seigneur, le couperai par la racine; je l'abattrai d'un grand pup et le porterai par terre : il viendra une disgrâce, - il ne pourra plus se soutenir; il tombera d'une rande chute. Tous ceux qui se reposaient sous son nbre se retireront de lui, de peur d'être accablés sous - ruine : » Recedent de umbraculo ejus omnes populi æ, et relinquent eum. « Cependant on le verra couché -ut de son long sur la montagne, fardeau inutile de la rre » Projicient eum super montes 3, ou, s'il se sou

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tient durant sa vie, il mourra au milieu de ses grands desseins, et laissera à des mineurs des affaires embrouillées qui ruineront sa famille; ou Dieu frappera son fils unique, et le fruit de son travail passera en des mains étrangères; ou Dieului fera succéder un dissipateur qui, , se trouvant tout d'un coup dans de si grands biens dont l'amas ne lui a coûté aucunes peines, se jouera des sueurs d'un homme insensé qui se sera perdu pour le laisser riche et devant la troisième génération, le mauvais ménage et les dettes auront consumé tous ses héritages. <<< Les branches de ce grand arbre se verront rompues << dans toutes les vallées : » In cunctis convallibus corruent rami ejus1, je veux dire, ces terres et ces seigneuries qu'il avait ramassées comme une province, avec tant de soin et de travail, se partageront en plusieurs mains, et tous ceux qui verront ce grand changement diront, en levant les épaules et regardant avec étonnement les restes de cette fortune ruinée: Est-ce là que devait aboutir toute cette grandeur formidable au monde? est-ce là ce grand arbre dont l'ombre couvrait toute la terre? il n'en reste plus qu'un tronc inutile: est-ce là ce fleuve impétueux qui semblait devoir inonder toute la terre? je n'aperçois plus qu'un peu d'écume. O homme! que penses-tu faire? et pourquoi te travailles-tu vainement?

Mais je saurai bien m'affermir et profiter de l'exemple des autres; j'étudierai le défaut de leur politique et le faible de leur conduite, et c'est là que j'apporterai le remède. Folle précaution; car ceux-là ont-ils profité de l'exemple de ceux qui les précèdent? O homme! ne te trompe pas, l'avenir a des événements trop bizarres; et les pertes et les ruines entrent par trop d'endroits dans la fortune des hommes pour pouvoir être arrêtées de

1 Ezech., XXXI, 12.

toutes parts. Tu arrêtes cette eau d'un côté, elle pénètre de l'autre; elle bouillonne même par-dessous la terre. Vous croyez être bien muni aux environs, le fondement manque par en bas, un coup de foudre [frappe] par en haut. Mais je jouirai de mon travail. Eh quoi! pour dix ans de vie! Mais je regarde ma postérité et mon nom. Mais peut-être que ta postérité n'en jouira pas. Mais peut-être aussi qu'elle en jouira. Et tant de sueurs, et tant de travaux, et tant de crimes, et tant d'injustices, sans pouvoir jamais arracher de la fortune, à laquelle tu te dévoues, qu'un misérable peut-être ! Regarde qu'il n'y a rien d'assuré pour toi, non pas même un tombeau pour graver dessus tes titres superbes, seuls restes de ta grandeur abattue. L'avarice ou la négligence de tes héritiers le refuseront peut-être à ta mémoire; tant on pensera peu à toi quelques années après ta mort! Ce qu'il y a d'assuré, c'est la peine de tes rapines, la vengeance éternelle de tes concussions et de ton ambition infinie. O les dignes restes de ta grandeur! ô les belles suites de ta fortune! ô folie! ô illusion! ô étrange aveuglement des enfants des hommes!

Chrétiens, méditez ces choses; chrétiens, qui que vous soyez, qui croyez vous affermir sur la terre, servez-vous de cette pensée pour chercher le solide et la consistance. Oui, l'homme doit s'affermir; il ne doit pas borner ses desseins dans des limites si resserrées que celles de cette vie : qu'il pense hardiment à l'éternité. En effet, il tâche, autant qu'il peut, que le fruit de son travail n'ait point de fin; il ne peut pas toujours vivre, mais il souhaite que son ouvrage subsiste toujours: son ouvrage, c'est sa fortune, qu'il tâche, autant qu'il est possible, de faire voir aux siècles futurs telle qu'il l'a faite. Il y a dans l'esprit de l'homme un désir avide de l'éternité; si on le sait appliquer, c'est notre salut. Mais

donc en elle-même, et ne crois pas pouvoir appliqu sa consistance inébranlable à cette eau qui passe et à sable mouvant. O éternité, tu n'es qu'en Dieu, m plutôt, ô éternité, tu es Dieu même; c'est là que je ve chercher mon appui, mon établissement, ma fortun mon repos assuré en cette vie et en l'autre. Amen.

SERMON

POUR LE VENDREDI

DE LA QUATRIÈME SEMAINE DE CARÊME,

PRÊCHÉ DEVANT LE ROI,

SUR LA MORT.

Combien les hommes sont peu soigneux de conserver le souvenir de la mort. Comment elle nous convainc de notre bassesse, et nous fait connaître la dignité de notre nature.

Domine, veni, et vide.
Seigneur, venez, et voyez

Joann., XI, 34.

Me sera-t-il permis aujourd'hui d'ouvrir un tombeau devant la cour, et des yeux si délicats ne seront-ils point offensés par un objet si funèbre? Je ne pense pas, messieurs, que des chrétiens doivent refuser d'assister à ce spectacle avec Jésus-Christ. C'est à lui que l'on dit dans notre évangile Seigneur, venez, et voyez où l'on a déposé le corps du Lazare; c'est lui qui ordonne qu'on lève la pierre, et qui semble nous dire à son tour: Venez, et voyez vous-mêmes. Jésus ne refuse pas de voir ce corps mort, comme un objet de pitié et un sujet de miracle; mais c'est nous, mortels misérables, [qui refusons] de voir ce triste spectacle, comme la conviction de nos erreurs. Allons et voyons avec Jésus-Christ, et désabusons-nous éternellement de tous les biens que la mort enlève.

C'est une étrange faiblesse de l'esprit humain que jamais la mort ne lui soit présente, quoiqu'elle se mette en vue de tous côtés, et en mille formes diverses. On n'entend dans les funérailles que des paroles d'étonne

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