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VIERG IERGE fidèle, ô Geneviève! nous vous rendons gloire pour les mérites que le divin Enfant s'est plu à réunir en vous. Vous avez apparu sur notre patrie comme un Ange tutélaire; vos prières ont été longtemps l'objet de la confiance des Français; et vous vous êtes fait gloire, au ciel et sur la terre, de protéger la capitale du royaume de Clovis, de Charlemagne et de saint Louis. Des temps dignes d'exécration sont venus, durant lesquels votre culte a été sacrilègement abrogé, vos temples fermés, vos précieuses reliques profanées. Cependant, vous ne nous avez pas abandonnés ; vous avez imploré pour nous des jours meilleurs; et nous pouvons reprendre quelque confiance, quand nous voyons votre culte refleurir parmi nous, malgré des profanations plus récentes ajoutées aux anciennes.

En cette époque de l'année qu'embellit et consacre votre nom, bénissez le peuple chrétien. Ouvrez nos cœurs à l'intelligence du mystère de la Crèche. Retrempez cette nation qui vous est toujours chère aux pures sources de la foi, et obtenez de l'Emmanuel que sa Naissance, renouvelée chaque année, devienne enfin une époque de salut et de vraie régénération. Nous sommes malades, nous périssons, parce que les vérités sont diminuées chez nous, selon la parole de David; et la vérité s'est obscurcie, parce que l'orgueil a pris la place de la foi, l'indifférence celle de l'amour. Jésus connu et aimé dans le mystère de son ineffable Incarnation peut seul nous rendre la vie et la lumière. Vous qui l'avez reçu, qui l'avez aimé, durant votre longue vie si pure, menez-nous à son berceau.

Veillez, ô puissante bergère, sur la ville qui

vous est confiée. Gardez-la des excès qui semblent quelquefois la rendre semblable à une grande cité païenne. Dissipez les tempêtes qui se forment dans son sein; d'apôtre de l'erreur, qu'elle consente enfin à devenir disciple de la vérité. Nourrissez encore son peuple qui meurt de faim; mais soulagez surtout ses misères morales. Calmez ces fièvres ardentes qui brûlent les âmes, et sont plus terribles encore que ce mal dévorant qui ne brûlait que les corps. Près de votre sépulcre vide, du haut de la Montagne que domine le vaste temple qui s'élève sous votre nom et reste vôtre de par l'Eglise et nos pères, en dépit des entreprises répétées de la force brutale, veillez sur cette jeunesse de France qui se presse autour des chaires de la science humaine, jeunesse si souvent trahie par les enseignements mêmes qui devraient la diriger, et assurer à la patrie des générations chrétiennes. La croix brille toujours, malgré l'enfer, sur la coupole de votre sanctuaire profané; ne permettez pas qu'elle en soit descendue. Que bientôt cette croix immortelle règne de nouveau pleinement sur nous ; qu'elle plane du sommet de votre temple sur toutes les habitations de la cité maîtresse, rendue à son antique foi, à votre culte, à votre ancienne protection.

IV JANVIER.

L'OCTAVE DES SAINTS INNOCENTS.

N

us terminons aujourd'hui les huit jours consacrés à honorer la mémoire des bienheureux Enfants de Bethlehem. Grâces soient rendues à Dieu, qui nous les a donnés pour intercesseurs et pour modèles ! Leur nom ne paraîtra plus sur le Cycle, jusqu'au retour des solennités de la Naissance de l'Emmanuel rendons-leur donc aujourd'hui un dernier hommage.

leur fête, a couleur de de Rachel,

La sainte Eglise, qui, au jour de revêtu dans ses habits sacrés une deuil, par égard pour les douleurs reprend, dans ce jour de l'Octave, la pourpre des Martyrs, dont elle veut honorer ceux qui ont la gloire d'en être comme les prémices. Mais l'Eglise ne cesse pas pour cela de s'attendrir sur la désolation des mères qui ont vu égorger entre leurs bras les enfants qu'elles allaitaient. A l'Office des Matines, elle lit ce passage si dramatique d'un ancien Sermon attribué autrefois à saint Augustin:

« A peine le Seigneur est-il né, qu'un deuil <«< commence, non au ciel, mais sur la terre. Les << mères se lamentent, les Anges triomphent, les << enfants sont enlevés. Un Dieu est né il faut << des victimes innocentes à Celui qui vient con<< damner la malice du monde. Il faut immoler

« des agneaux, puisque l'Agneau est venu qui <<ôte le péché et qui doit être crucifié. Mais les «<brebis, leurs mères, poussent de grands cris; <«< car elles perdent leurs agneaux, avant même qu'ils puissent faire entendre le bêlement. << Cruel martyre! le glaive est tiré, et sans motif; <«< la jalousie seule est en fureur, et Celui qui est << né ne fait violence à personne.

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« Mais considérons les mères se lamentant sur <«<leurs agneaux. Une voix a retenti dans Rama, « des pleurs et des hurlements: c'est qu'on leur « enlève un dépôt qu'elles n'ont pas seulement <«< reçu, mais enfanté. La nature, qui se refusait << à leur martyre, en face même du tyran, attestait << assez sa puissance. La mère souillait et arra<«< chait les cheveux de sa tête, parce qu'elle en << avait perdu l'ornement dans son fils! Que d'ef<< forts pour cacher cet enfant ! et l'enfant lui« même se trahissait. N'ayant pas encore appris « à craindre, il ne savait pas retenir sa voix. La « mère et le bourreau luttaient ensemble: celui«< ci arrachait l'enfant, celle-là le retenait. La « mère criait au bourreau: « Pourquoi sépares<«<tu de moi celui qui est sorti de moi? Mon sein «<l'a enfanté: aura-t-il donc en vain sucé mon <«< lait? Je le portais avec tant de précautions, <«< celui que ta main cruelle enlève avec tant de << violence! A peine mes entrailles l'ont-elles pro<< duit, que tu l'écrases contre terre. »

<< Une autre mère s'écriait, parce que le soldat << se refusait à l'immoler avec son fils: « Pourquoi me laisses-tu privée de mon enfant? Si un <«< crime a été commis, c'est moi qui en suis cou

pable fais-moi mourir aussi, et délivre une « pauvre mère. » Une autre disait : « Qui cher<«< chez-vous? Vous n'en voulez qu'à un seul, et

<«< vous en tuez un grand nombre, sans pouvoir << atteindre le seul que vous cherchez. » Une autre << s'écriait: «Venez, oh! venez, Sauveur du monde : << jusqu'à quand vous laisserez-vous chercher ? « Vous ne craignez personne que le soldat vous « voie, et qu'il laisse la vie à nos enfants. » Ainsi << se mêlaient les lamentations des mères; et le << sacrifice des enfants montait jusqu'au ciel. »

Parmi les enfants si cruellement immolés depuis l'âge de deux ans et au-dessous, quelquesuns durent appartenir aux bergers de Bethlehem qui étaient venus, à la voix de l'Ange, reconnaître et adorer le nouveau-né dans la crèche. Ces premiers adorateurs du Verbe incarné, après Marie et Joseph, offrirent ainsi le sacrifice de ce qu'ils avaient de plus cher au Seigneur qui les avait choisis. Ils savaient à quel Enfant leurs enfants étaient sacrifiés, et ils étaient saintement fiers de cette nouvelle distinction qui venait les chercher au milieu de leur peuple.

Cependant, Hérode, comme tous les politiques qui font la guerre au Christ et à son Eglise, était déçu dans ses projets. Son édit de carnage embrassait Bethlehem et tous ses alentours; il enveloppait tous les enfants de cette contrée, depuis la naissance jusqu'à l'âge de deux ans ; et malgré cette atroce précaution, l'Enfant tant recherché échappait au glaive et fuyait en Egypte. Le coup était donc manqué comme toujours; et de plus, contre le gré du tyran, l'Eglise du ciel ne tarderait pas à recevoir avec triomphe de nouveaux protecteurs pour celle de la terre.

Ce Roi des Juifs nouveau-né, que la jalousie d'Hérode poursuivait, n'était qu'un Enfant sans armées et sans soldats; Hérode cependant tremblait devant lui. Un secret instinct lui révélait,

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