lement, pour ses menus plaisirs (je copie textuellement), 35 mille livres; la reine avait de même 35 mille livres et monseigneur le duc de Savoie 6 mille!! O tempora! o mores! Et pourtant moins de cent trente ans nous séparent de cet âge d'or! Qui connaissait, à cette époque de finances mythologiques, l'art de grouper les chiffres si secourable à nos financiers modernes, et comment avec un budget de quatre pages et demie pouvoir disposer si ingénieusement ses chapitres, sous-chapitres, articles et articles additionnels, de tant de façons diverses que le budget soit comme un thermomètre qui dans la main de l'un marque la chaleur de la vie et de la richesse, pendant que dans la main d'un autre il marque la froide misère et la menace des calamités publiques.

<< Les documents que j'ai l'honneur de vous présenter aujourd'hui sont au nombre de trois. L'un remonte à l'année 1393. C'est le compte général des recettes et des dépenses de la châtellenie de Rumilly en Albanais, rendu par Jean de Mionnaz, damoiseau, à la comtesse de Genevois, haute et puissante dame Marguerite de Joinville, fille d'Henri, sire de Joinville, comte de Vaudémont, et de Marie de Luxembourg. Elle avait épousé, le 2 mai 1374, Pierre, comte de Genevois, qui régna de l'année 1370 jusqu'au mois de mars 1394. Le compte dont il s'agit est rendu entre les mains de la comtesse, bien que son époux fût vivant alors, soit parce qu'en ce moment il était engagé dans quelque expédition de guerre, soit parce que la ville de Rumilly faisait partie du domaine particulier de la comtesse, ainsi que nous l'apprennent les historiens. Le premier article du compte est le froment. A cette époque de l'enfance de la science de la comptabilité, le receveur, soit le châtelain de Rumilly, recevait du froment; il livrait

du froment en quantité égale; il recevait de l'avoine, il livrait de même de l'avoine. Aussi les articles de recette sont-ils suivis immédiatement de l'article de dépense qui leur est correspondant. Dans notre compte figurent d'abord le revenu et l'emploi du froment et de l'avoine, qui s'élèvent, pour le premier, au chiffre de 356 coupes, et à celui de 144 coupes pour l'avoine. Viennent ensuite les tourtes, puis les poules et poulets, puis la cire dont une partie a été livrée pour l'hôtel de la comtesse, l'autre pour sa chapelle; le chanvre, les deniers de cense, les tailles, les fermes, les revenus provenant des droits de toisage (theysia), de garde, d'introge; les bans concordés (article spécialement intéressant pour la pénalité et les mœurs de l'époque), les bans de la champerie (le champier dépendait du châtelain), les échutes, les plaicts, les objets légués, les objets trouvés, les lauds et ventes. En dernier lieu, viennent certaines dépenses spéciales, les réparations au château, à divers bâtiments; enfin, les sommes livrées pour l'hôtel de la comtesse, puis le salaire du châtelain.

<< Ce compte est écrit sur un rouleau de parchemin composé de plusieurs peaux.

<< Le second de ces documents est un aperçu sommaire des revenus du duché de Savoie, dressé par ordre et pour compte de la cour de France, selon toute apparence, à l'époque du ministère du cardinal de Richelieu.

<< Le troisième, qui est beaucoup plus détaillé et beaucoup plus intéressant, est intitulé: Sommaire calcul de la trésorerie générale de Savoye tant des restants que des quartiers de mars et juin 1659.

<< Ce compte, présenté le sixième septembre 1659, est signé Métral. Il s'agit de noble Jacques Métral, conseiller de S. A. R. et son trésorier général deçà les monts. On y

trouve une infinité de détails très instructifs. La première chose qui frappe à la lecture de ce compte, c'est qu'à cette époque de décentralisation, chaque province de l'État se suffisait à elle-même et pourvoyait par ses seuls revenus à ses propres charges. On y voit que l'entretien de la maison de la duchesse régente était à la charge de la Savoye pendant le temps seulement que la cour y faisait séjour. Les articles de recette sont:

<< La taille ordinaire et extraordinaire avec les uttencilles; «La ferme de Genevois, Faucigny et Beaufort;

<< Les deniers de beaux à ferme, comprenant les greffes, péages, pontenages, ports, etc.;

<< Les deniers de la gabelle; cet article est en même temps article de recette et de dépense; il est considérable; il répond à nos contributions indirectes ;

<< Les droits d'assentoz;

<«< Enfin, les deniers extraordinaires, qui comprennent les droits de tot quot sur les affranchissements faits par la noblesse; les amendes.

<< La despence comprend :

« 1° Les aumosnes ;

<< 2o La maison de S. A. R.;

<< 3o Les assignations ordinaires, soit ce qui est dû à Madame Royale pour son entretien de gouvernante de Savoie ;

«Les gages du Sénat et de la Chambre ;

«< 5° Les commandes (commanderies);

« 6o Les mandats de S. A. R. (dépenses à la charge de l'État);

«<7° Les mandats du premier président, alors gouverneur du duché ;

<< 8° Les mandats du Sénat ;

<< 9° Les mandats de la Chambre des comptes; cet article est important; les attributions diverses de la Chambre étaient nombreuses ;

<< 40° Les mandats spéciaux acquittés du fonds des ordinaires de Faucigny, Genevois et fermes;

<< 11° Les gages des trésoriers;

<< 12° Les gages des officiers des guerres;

<< 13o Les dépenses des garnisons de Montmélian, château de Chambéry, Charbonnières, Miolans, les Allinges et Grésin;

<< 14° Les gages divers;

<< 45° Enfin, les pensions. Là nous trouvons celle de l'historiographe Guichenon, qui touchait, par quartier, 503 liv. 2 s. 6 den., soit par an 2,042 livres 10 sols. Nous trouvons aussi la somme allouée pour l'entretien de douze estudiants à Paris. >>

OUVRAGES REÇUS DEPUIS LA DERNIÈRE SÉANCE.

Memorie della R. Accademia delle scienze di Torino, 2 vol. in-4°, 1865.

Atti della R. Accademia delle scienze di Torino, 1re année, nos 3, 4, 5, 6, 7, et 2e année, nos 1, 2, 3, in-8°, 4866-67. Annuaire de la Société libre d'émulation de Liége, année 1867; br. in-8°, 1867.

Annuaire de l'Institut des provinces, des Sociétés savantes et des Congrès scientifiques, 2° série, vol. XIX, année 1867; Paris-Caën, br. in-8°.

Mémoires de l'Académie du Gard, novembre 1864, août 1865; br. in-8°, Nîmes, 1866.

Note sur le terrain triasique de la Savoie, par Alphonse Favre, suivie d'une lettre de M. Ch. Lory sur le même sujet; br. in-8° de 11 pages.

Cenni storico-statistici intorno all'ospedale della pia opera di S. Luigi Gonzaga, par le docteur Trompeo; Turin, 1866.

Notice abrégée sur la vie d'Anne-Jacqueline Corte, première tourière de la Visitation d'Annecy, par M. le chanoine Charles d'Aulnois; br. in-8° de 87 pages.

Notizie storiche e biografiche intorno al conte Gioan. Franc. Fiochetto, par le docteur Trompeo, proto-médecin général; br. in-8° de 30 pages.

Recherches historiques et archéologiques sur les anciennes exploitations de fer du mont Salève, par Albert Naville; br. in-8° de 33 pages. (Extrait des Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève.)

Notice historique sur l'abbaye des Ayes près Grenoble, de l'ordre de Citeaux, par Edm. Maignien; br. in-8° de 38 pages et 2 pl. lithog. (Extrait du Bulletin de l'Académie delphinale.)

La Prime d'honneur de l'Ain en 1867. Exposé lu en séance publique, le 2 juin 1867, par M. Pierre Tochon; br. in-8° de 80 pages.

Journal des connaissances médicales pratiques et de pharmacologie, XXXIVe année, 1867, nos 16, 17 et 18. Revue des Sociétés savantes des départements, 4a série, t. V, avril 1867.

La Situation, journal quotidien, sept numéros; Paris. L'Écho du Salève, journal hebdomadaire, deux numéros ; Saint-Julien.

L'Esprit nouveau, journal hebdomadaire, un numéro ; Paris.

Revue savoisienne, 8° année, no 6.