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faire connaître; ils s'ajouteront à ce que l'on a recueilli sur l'industrie et l'alimentation des Gaulois, à savoir :

1° Fabrication d'une poterie coloriée;

2o Ornementation d'une branche d'arbre avec son feuillage, tracée à la pointe sur le fond d'une assiette de terre; 3o Décoration de dessins linéaires sur les enduits recouvrant le clayonnage des cabanes;

4o Essai de modelage d'une figurine en terre cuite; 5o Fabrication de fromages dont la forme est donnée par les faisselles où on les faisait égoutter.

Le mémoire sur les habitations lacustres offrait à la Commission un intérêt tout particulier. Le premier en France, M. Laurent Rabut avait ouvert une voie nouvelle à l'archéologie, voie d'autant plus féconde dans l'avenir qu'il n'a pu encore explorer que deux stations lacustres, et qu'au bout de trois ans de recherches, à peine a-t-il effleuré le banc de vase épais qui recouvre ce qui reste encore d'une antiquité si reculée. D'après les résultats obtenus avec des ressources tout à fait insignifiantes, on peut juger de ce qu'il aurait découvert s'il avait eu à sa disposition des moyens d'action plus prompts et plus puissants. Je suppose que M. le Ministre de la maison de l'Empereur et des beaux-arts ait accordé à M. Rabut une subvention assez considérable pour donner une vive impulsion à ses explorations, le Musée du château de Saint-Germain, cette collection unique dans sa spécialité, n'aurait-il pas comblé une lacune importante parmi les plus anciens monuments de notre histoire? Les antiquités lacustres occuperaient dignement leur place à côté des antiquités gauloises que l'Empereur, jaloux de conserver le souvenir de nos origines, a rassemblées avec tant de sollicitude et visite souvent avec un vif intérêt.

Ne serait-ce pas le moment d'en appeler à la bienveillance de M. le Ministre de l'instruction publique? M. Duruy a fait ses preuves dans la recherche et pour la conservation des monuments de notre histoire : prions-le de vouloir bien favoriser la poursuite sérieuse de ces explorations sur les emplacements lacustres si nombreux de la live française du lac Léman et des lacs du Bourget et d'Annecy. M. Rabut n'avait de subvention que deux cents francs donnés par l'Académie impériale de Savoie, et ses ressources personnelles; il serait à désirer que l'État pût intervenir dans ces fouilles, qui, exécutées avec des moyens suffisants, produiront certainement au delà de ce qu'on peut espérer.

La Commission, entre le répertoire archéologique de l'Yonne et les habitations lacustres de la Savoie, se trouvait fort embarrassée; elle avait placé à des titres différents ces deux ouvrages en première ligne, mais elle ne pouvait décerner qu'un seul prix; pour concilier ce double intérêt, elle s'est décidée à partager le prix unique ex æquo, en en attribuant la moitié à la Société de l'Yonne et à M. Max. Quantin, et l'autre moitié à l'Académie impériale de Savoie et à M. Laurent Rabut.

INTRODUCTION

Trois années se sont écoulées depuis l'apparition de mon premier travail sur les habitations lacustres de la Savoie. Les nombreux encouragements que j'ai reçus, la distinction dont a bien voulu m'honorer M. le secrétaire d'État, ministre de l'instruction publique, la mention très honorable accordée à la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, qui avait provoqué les premières recherches faites dans le lac du Bourget, enfin l'aide et l'appui bienveillants des Sociétés savantes de Chambéry, tout m'a décidé à continuer avec persévérance l'étude historique et archéologique des anciennes populations de la Savoie.

L'histoire des populations lacustres ne sera bientôt plus un mystère pour personne. Déjà, dans plusieurs cantons de la Suisse, on enseigne dans les écoles primaires une histoire abrégée de ces populations. Si la tradition a été muette sur leur existence, les vestiges qu'on peut recueillir sont assez nombreux pour faire connaître d'une manière sinon complète, au moins partielle et certaine, leurs mœurs, leurs usages, leurs travaux, leur industrie et leurs relations commerciales avec les peuples étrangers. Peut-être nous sera-t-il permis de pénétrer dans l'intérieur de leurs cabanes, d'en apercevoir le décor et l'ameublement, d'assister aux travaux des jeunes filles et de

leurs mères, et d'y voir rentrer les pêcheurs avec leurs lignes et leurs filets, les cultivateurs avec leurs récoltes et leurs instruments agricoles.

Je dois des remercîments à toutes les personnes qui ont bien voulu m'aider dans mes recherches, ou m'éclairer de leurs observations savantes et désintéressées. Mon ami Alexandre Beauregard n'a pas cessé de me prêter pendant trois années un concours aussi utile qu'expérimenté. MM. Camille de La Borde, le comte Amédée de Foras, Louis Revon, conservateur du Musée d'Annecy, et le comte Josselin Costa, m'ont communiqué avec empressement le résultat de leurs fouilles particulières : qu'ils reçoivent ici l'expression de ma plus vive reconnaissance. Les encouragements, la critique juste et éclairée de plusieurs savants, m'ont été aussi d'un grand secours pour la continuation et le progrès de mes études; je suis heureux d'en témoigner ma gratitude à MM. Frédéric Troyon, Forel père et fils, Desor, Ferdinand Keller, président de la Société des antiquaires de Zurich, Morlot, Gabriel de Mortillet, A. Meillet, l'abbé Cochet, le comte Taillard, le docteur Caffe, Ruck, inspecteur d'académie, Auguste Dufour, général d'artillerie, Joseph Dessaix, l'abbé Vallet, Paul de Costa, lieutenant de vaisseau, Louis Pillet et Desjardins, architecte de la ville de Lyon.

Les Sociétés savantes de Chambéry se sont empressées d'accueillir mes premiers essais et de les favoriser de leur

1 La mort, hélas ! vient de nous ravir l'existence si précieuse de cet homme aussi modeste que savant, au moment où il préparait encore un grand travail sur l'histoire de l'industrie des anciens peuples.

2 M. Ferdinand Keller est l'auteur des premières découvertes lacustres faites en Suisse. Il a déjà publié six rapports remarquables sur les découvertes de cette contrée si riche en vestiges des premiers âges.

appui moral. Les membres de la Société savoisienne d'archéologie1 se sont imposé une cotisation plus élevée que de coutume pour la publication de mon premier album: merci à tous mes bons et honorables confrères pour leur sympathie. Enfin, l'Académie impériale des sciences, lettres et arts de Savoie, vient de mettre récemment à ma disposition une somme de deux cents francs pour faire des explorations pour son compte. Les objets recueillis ont été déposés au Musée départemental de Chambéry. C'est le résultat de ces explorations et de celles faites à mes frais que je me propose de faire connaître.

Il est important, dans l'intérêt de la science, que je revienne ici sur quelques expressions ou observations inexactes qui se sont glissées dans mon premier mémoire. D'un autre côté, je me propose de discuter quelques appréciations qui se sont produites et qui ne sont justifiées par aucun argument sérieux.

Je retire volontiers l'expression de tumuli donnée aux emplacements à pilotis. Quoique employée au figuré, cette expression n'est pas exacte; je me servirai désormais des mots: emplacements à pilotis, cité lacustre, monticule, etc., suivant les localités et suivant l'importance de ces localités.

L'objet que j'ai désigné sous le nom de Fibule, planche XV, figure 72, est un anneau agrafe. Il ne ressemble nullement à une fibule. Rich, dans son Dictionnaire d'antiquités, étend ce nom de fibulé à toutes espèces d'agrafes ayant une pointe ou ardillon. Celui-ci a un caractère tout parti

Les fonds de cette Société ne lui ont pas permis de me venir en aide pour continuer les explorations lacustres. J'ai dû les faire à mes propres frais pendant trois années.

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