Obrazy na stronie
PDF
ePub

posant sur un lit de roses! S'il faut admirer ceux qui ne cèdent à aucune épreuve, il faut savoir compatir à ceux qu'elles entraînent.

Dans cette occasion il ne s'agissait point du passé, auquel des hommes haîneux ou bornés veulent toujours remonter, mais de la tranquillité du présent et de l'avenir. C'est à ce but si désirable que le pape concourut avec une facilité qui honore autant son discernement que sa charité. Les foudres de Rome auraient trouvé des rebelles, et troublé la France; son indulgence n'y trouva que des enfans soumis et reconnaissans et donna la paix.

2

De son côté, le clergé constitutionnel n'opposa aucune résistance à cette invitatation, et ne défendit pas un seul instant le terrain qu'il occupait. Peu de jours après on aurait cherché ses traces, elles avaient disparu. Il faut le louer de cette promptitude dans la résignation, surtout lorsque l'on se rappelle ce qu'en d'autres temps et d'autres pays, il en a coûté pour dompter, pour étouffer, ou pour réduire au silence la secte la plus mince, car rien ne s'extirpe plus difficilement: et non-seulement la réu

nion fut prompte, mais encore elle fut sincére: car on n'a pas vu un seul des membres de ce clergé se détacher de ses nouveaux collègues, pendant que trop souvent on a vu d'autres prêtres, animés d'un zèle plus ardent que charitable, s'éloigner également des deux clergés réunis, comme si leur présence souillait la pureté de l'air qu'ils respiraient. Chose singulière, et contre nature, c'est le très-petit nombre que l'on a toujours vu s'éloigner de celui qui, moins cette fraction, formait la totalité. En toute autre chose c'est le contraire qui a lieu.

Le premier consul, décidé à intervenir légalement dans la restauration du culte interrompu depuis dix ans, dut en chercher les moyens. Ils étaient de deux espèces : les hommes et les choses.

1o. Il lui fallait des hommes dont les connaissances dans ces matières pussent suppléer à celles qui ne pouvaient pas se trouver chez lui.

2o. Il lui fallait arrêter un mode pour ce rétablissement. Tout était détruit dans l'ordre religieux, par conséquent tout était à refaire, et pour cela l'intervention du pape devenait

indispensable. On a beaucoup écrit pour montrer qu'alors la pragmatique sanction. devait étre rétablie, et qu'il fallait réintégrer les anciennes libertés avec l'ordre qui en suivait. Ces pensées, louables dans leur principe, pèchent par le fondement. Il ne s'agissait point de savoir si la pragmatique était une bonne chose, si cet ordre appartenait à l'ancienne discipline, avait été statué par le concile de Nicée; tout cela pouvait être très-bon en soi-même, mais ne cadrait en aucune manière avec les circonstances, parce qu'on ouvrait un champ illimité aux disputes, et qu'au contraire c'était la fin des disputes que l'on voulait : on ne sentait qu'un seul besoin, celui d'un ordre fixe, généralement reconnu de tous, propre à donner la paix, et à mettre fin aux discussions. Les érudits en théologie sont de terribles gens, et bien éminemment impropres aux affaires. Ils ne voient jamais que leurs livres, et ce qu'il y a dedans: on dirait qu'avec eux le monde est fait pour les livres, et non pas les livres pour le monde. C'est ce qui donna au premier consul un si grand avantage sur M. Grégoire, dans la conversation que celui-ci

eut à ce sujet avec le premier consul, et qu'il rapporte dans son ouvrage. C'est un monument curieux qui constate la supériorité de l'homme d'Etat sur l'homme de la théologie: celui-ci fait un grand étalage d'érudition ancienne et moderne, là où son interlocuteur ne fait, comme il était dans son rôle, que de la politique. Le consul ne demandait pas ce qu'on avait fait au temps passé, et dans d'autres climats, mais ce que l'on pouvait faire utilement en France, et dans son temps.

la

Le premier Consul ayant pour la première fois de sa vie à traiter d'affaires religieuses, et cela avec des hommes habiles tels que cour de Rome est dans l'usage d'en employer, crut devoir s'appuyer d'hommes qu'il supposait versés dans ces matières. Il donna pour chef à la négociation son frère Joseph son choix tomba ensuite sur M. Crétet, conseiller-d'état, et sur M. l'abbé Bernier, plus connu par le rôle qu'il avait joué dans la guerre de la Vendée, que que par sa qualité de professeur de théologie d'Angers. On a de ceux-ci tant que l'on veut, au lieu qu'un aumônier général de la Vendée est une chose fort rare. Cette dernière qualité en fai

sait un homme à part dans le clergé, ce fut la vraie cause de sa nomination : la politique la dicta: on voulut, en choisissant le chef religieux de la Vendée, donner un gage de ses dispositions personnelles, et des garanties à tout le monde. Cela était fort bien calculé. Le vulgaire voyait le docteur en théologie, l'homme d'Etat apercevait la branche d'olivier offerte à tous les partis.

Les négociateurs de Rome furent les cardinaux Consalvi, Spina et Cazelli. Rome l'Italie, la chrétienté entière connaissent et honorent l'administration du premier. Les hommes exagérés que la libéralité de ses principes contrarie, disent dans leur dépit, qu'il est à Rome ce que M. de Cazes est à Paris. Le cardinal Spina avait été le confesseur de Pie VI. Le cardinal Cazelli est un des plus savans hommes du clergé catholique. Les négociateurs apportèrent dans la confection de l'acte préparatoire de la restauration religieuse, les dispositions les plus conformes aux sentimens qui avaient porté leurs comettans à les réunir. Bientôt tout fut conclu, et l'on eut en France un concordat et un légat a latere. C'était un spectacle fort nou

« PoprzedniaDalej »