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soit de votre part, ou de celle du chapitre métropolitain de Florence, soit de la part de notre vénérable frère l'évêque de Nancy. Nous avons de vous une si haute idée, que non seulement nous ne craignons pas que vous méprisiez les réglemens des SS. canons, mais au contraire nous sommes très-persuadés, que vous serez toujours prêts à les observer, à les faire connaître et à les défendre malgré les menaces et la flatterie.

C'est pourquoi, en notre nom et par notre ordre, vous ferez part de cette déclaration de nos sentimens à nos chers fils les dignitaires et les chanoines de l'église métropolitaine de Florence; et nous vous donnons à tous, du fond de notre cœur, notre bénédiction apostolique.

Donné à Savone, le 2 décembre 1810, la onzième année de notre pontificat.

PIE VII, pape.

CHAPITRE XXXIII.

Examen de la conduite du pape et de Napoléon.

Je sens que dans une pareille matière beaucoup d'hommes, et surtout parmi les ecclésiastiques, sont encore plus portés à rechercher la pensée personnelle de l'auteur, que le fond même des faits. Il faut avoir du temps de reste pour faire de pareilles demandes; au contraire, il faudrait être persuadé que le public n'en a point à donner à ces petites choses. J'ose croire que la manière dont jusqu'ici j'ai présenté ce débat, ne prête à aucun soupçon de partialité. Que l'on voye les positions. Napoléon est bien loin : le pape est à Rome je n'attends pas plus de l'un que je ne crains de l'autre. Reste donc mon devoir d'historien, et mon indépendance personnelle pour le remplir, attribut précieux, indispensable dans quiconque parle ou agit pour le public.

Toute contestation avec le pape est embarrassante, en raison de son double caractère;

T. II.

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le mélange du spirituel avec le temporel arrive là tout de suite : le mot de religion est aussitôt prononcé, les expressions de paternité se mêlent au débat, il n'y a point comme dans les contestations purement politiques un personnage simple, homogène, et de même nature que la partie adverse. Les augustes fonctions du pape, sa faiblesse même commandent des ménagemens et des égards qui ne sont pas également requis envers des adversaires plus robustes et moins sacrés. Là il n'y a d'atteint que les intéressés ; au contraire, les querelles avec les papes remuent toute la famille catholique, et la font intervenir par un sentiment qui ne peut appartenir de même aux contestations entre des princes qui ne présentent pas le même caractère. Les contestations avec les papes sont donc très embarrassantes par leur nature, et sont destinées à le devenir davantage par les progrès de la civilisation; Rome qui en a tant de frayeur, comme tout le monde aura sa part de ses bienfaits.

De tout temps, la guerre en Italie et surtout au royaume de Naples a compromis les papes et Rome. Voyez l'histoire depuis l'in

vasion de Naples par Charles VII. Ce prince et ses successeurs Louis XII, François Ier. Henri II, avec leurs guerres d Italie se sont trouvés sans cesse vis-à-vis des Jules II, des Alexandre VI, des Léon X et autres. Ces princes n'ont pas mieux traité les papes que ne l'a fait Napoléon, et s'ils ne les ont pas mis en prison, c'est qu'ils ne leur sont pas tombés sous la main. Quand ils se trouvèrent sous celle de Charles-Quint, qu'arriva-t-il ?

La position de Rome au centre de l'Italie supérieure, la séparant de l'Italie inférieure, compromet les papes dès que Naples fait partie de la guerre, comme il arrivait lorsque les monarques d'Espagne ou d'Allemagne occupaient ce trône, lorque les rois de Naples ont pris parti pour ou contre la France. Dans la guerre d'Espagne, l'empereur Joseph I`r. voulant enlever le royaume de Naples au roi d'Espagne Philippe V, traita le pape avec beaucoup de hauteur. Le nom de Joseph dans les empereurs d'Allemagne ne porte pas bonheur aux papes. Louis XIV, dans l'affaire de la garde corse et dans celle des franchises, en usa avec immod ération envers le pape, saisit Avignon; son ambassadur M. de Lavardin

brava le pape et les censures de l'église avec un éclat que les mœurs modernes ne comporteraient point.

Dans l'affaire de Parme en 1768 (1), le pape Clément XIII eut à subir des procédés qui durent lui paraître bien amers, de la part des gouvernemens de Venise, de Portugal, d'Espagne et de France. Louis XV fit saisir Avignon le réquisitoire que publia alors M. de Castillon, avocat-général du parlement d'Aix, ne le cède en virulence à rien de ce qu'a

(1) Ciément XIII en 1768 déclara, un beau jour, que le duché de Parme lui appartenait, cassa les édits du Prince, déclara les ducs usurpateurs des droits de l'Église, et excommunia le duc régnant; on sent le bruit que dut faire cette entreprise, et pour ainsi dire ce réveil des prétentions Romaines.

En 1707 le pape avait fait une déclaration de supériorité sur ce territoire, pour l'opposer aux effets du traité conclu entre le Duc et Joseph Ier. Il avait lancé l'excommunication; l'empereur le maltraita vivement, et, dans une réponse publique, déclara au pape que les excommunications injustes ne sont à craindre que pour ceux qui les prononcent.

On peut appliquer à la cour de Rome ce que Voltaire a dit de l'Autriche : qu'elle n'abandonne jamais entièrement ce qu'elle a possédé une fois.

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